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MAYOTTE : ATTENTION AU CHANT DES SIRENES

Publie le mardi 22 décembre 2009 par Open-Publishing

Par l’avocat Ali Abdou Elaniou

Le chant des sirènes, c’est ce qu’on peut appeler avec plus de précision « les oraisonnades ! »

Ne cherchez pas dans le dictionnaire ! Le mot n’existe pas ! Je l’ai forgé pour rendre hommage à M. ORAISON, Professeur de droit à l’Université de la Réunion. On le dit spécialiste de la question de Mayotte ; il a écrit dans « Témoignage » une série d’articles dont j’ai déjà dit dans ce blog ce qu’il faut en penser.

Je n’y reviendrai pas, si ce n’est pour observer avec un peu d’étonnement quand même, à quel point en face, le combat est organisé autour d’un argument spécieux qu’on a élevé au rang de dogme et que tous les militants de la départementalisation reprennent en chœur : l’île de Mayotte a choisi d’être française dans tous les referendums qui lui ont été soumis.

Pour bien se rassurer on cite l’art. 53 de la constitution française qui dispose : « nulle cession, nul échange, nulle adjonction de territoire n’est valable sans le consentement des populations intéressées »

Cet article ne vous rappelle rien ? Moi si ! la dernière déclaration de Luc HALLADE (Ambassadeur de France aux Comores moins Mayotte) au journal « ALBALAD »

Le lien est ténu, presque invisible entre ORAISON et HALLADE, mais il est ferme, et certain, il lie tous ceux qui sont décidés à nous ravir Mayotte. Ils savent que leur langage favori, celui de la force brutale ne leur sera d’aucun secours dans ce combat où il ne sert à rien d’avoir un fusil, où la vraie force est celle du droit.

Il faut qu’ils aient le droit avec eux

Il faut qu’ils nous fassent accepter l’inacceptable : « le droit les empêche de faire autre chose que la départementalisation de Mayotte. »

Que le droit qu’ils invoquent ne soit que leur droit interne ne les gêne pas le moins du monde. Ils sont sereins. Ils nous disent comme on dit à un enfant : « dors, oublie ton gros chagrin…Il n’y a rien à faire ! C’est comme ça ! Il n’y a rien à faire ! demain tu n’y penseras plus…. » N’est-ce pas en substance ce que dit HALLADE ?

Imaginez un voleur qui vous prendrait votre portefeuille, qui vous l’agiterait au bout d’un bras impressionnant et qui vous dirait : « Moi je voudrais bien vous remettre votre portefeuille, mais mon bras ne veut pas…désolé ! »

J’ai montré dans l’article « l’oraison funèbre du droit international à Mayotte » l’inanité et le ridicule de « cet argument » qui n’en est pas un, et je prie le lecteur de bien vouloir s’y reporter.

Il importe de ne pas prêter l’oreille à toutes les oraisonnades de cet acabit et qui prennent souvent des couleurs non juridiques : certains disent, avec bonne foi le plus souvent : « il faudra que nous soyons prêts économiquement à recevoir nos frères Maorais. S’ils nous voient prospères, ils reviendront » A quel moment serons-nous économiquement plus prospères que la France ? D’autres renchérissent : « oui ! il nous faudra un peu de démocratie avant que nos frères consentent à négocier leur retour »

Allons ! bon ! La démocratie ne commence-t-elle pas par le « vivre ensemble ? » Et où est la démocratie à Mayotte ? Quel est le Mahorais qui a aujourd’hui une chance sur dix millions de devenir président de la République française ? Où sont les cadres maorais et pourquoi ne peuvent-ils pas travailler dans leur pays ?

Il ne faut pas écouter ces chants de sirènes qui nous endorment et nous persuadent d’attendre que …le droit interne français change, que nous ayons un niveau de vie plus élevé qu’en France, que nous devenions des démocrates modèles etc.

Il faut d’ores et déjà, aujourd’hui, faire ce que nous pouvons, tout ce que nous pouvons…Prendre nos responsabilités !

Mon Dieu ! il n’est pas difficile de dire à la France que tout Anjouanais qui se trouve à Mayotte est bien chez lui, et que nous refusons de l’accueillir comme clandestin ?

Et qu’attendons-nous pour attaquer le visa Balladur et ses conséquences inhumaines devant la CPI ?

La France qui se gargarise de principes et qui en fait n’en respecte pas beaucoup serait bien gênée d’expliquer comment ses gendarmes font mourir des Comoriens au large de Mayotte au seul motif qu’ils tentent d’entrer dans l’île comorienne de Mayotte !

Cette responsabilité là, nous pourrions la prendre, nous devrions la prendre, elle ouvrirait la voie à toutes les autres.

Si nous continuons à nous poser la question de savoir ce que nous y gagnerions en argent, nous sommes perdus, et les chants des sirènes auront encore de beaux jours devant eux !

Publié dans ALBALAD n°127 DU 13.11.09

Source : http://masiwamane.over-blog.com/ avec http://wongo.skyrock.com/