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MEDEF : Rions un peu

Publie le jeudi 7 juillet 2005 par Open-Publishing

Laurence Parisot présidente
Laurence Parisot a été élue présidente du Mouvement des entreprises de France mardi 5 juillet, dès le premier tour, lors de l’assemblée générale extraordinaire du MEDEF réunie à Paris. Désignée par 271 voix (150 pour Yvon Jacob et 85 pour Hugues-Arnaud Meyer) et âgée de 46 ans, la patronne de l’institut de sondage Ifop succède à Ernest-Antoine Seillière, qui en avait fait sa favorite.

Si l’on peut se réjouir de l’élection d’une femme dans un monde de bru..., pardon, très masculin, Laurence Parisot sera jugée "comme un homme", a prévenu Marie-George Buffet pour le Parti communiste (source : AP).

D’ailleurs, Parisot en imite déjà certains penchants, comme l’intérêt pour les sports qui font vroum-vroum (moto, ski nautique, grosses bagnoles) et possède même une Maserati héritée de papa (source : AP).

Arrivée à la tête de l’IFOP en 1990, à seulement 31 ans, Laurence Parisot est également patronne de l’entreprise familiale Optimum (portes de placards coulissantes) depuis 2002, membre du conseil de surveillance d’Euro Disney depuis 2000, du Conseil économique et social (CES) et du conseil consultatif du cabinet d’audits financiers Ernst & Young depuis 2004, du conseil de surveillance de Michelin depuis le 20 mai 2005 et du conseil d’administration de Havas depuis le 9 juin. Ah ! On oubliait de préciser... A part tourner la poignée des gaz, Laurence Parisot a deux dadas dans la vie : passer icelle au boulot et jouer au fléchettes sur le Code du travail ("La liberté de penser s’arrête la où commence le Code du travail", affirmait-elle en janvier).

Aussitôt après son élection, Laurence Parisot a d’ailleurs appelé à "une refonte du Code du travail", jugeant celui-ci "kafkaïen, absurde et inadapté" au monde actuel. Mais sans "entamer la protection de l’individu" (source : Reuters et AP). "Il ne s’agit pas de la liberté formelle que bien sûr notre République nous garantit mais de la liberté pratique, la liberté d’exercer intelligemment sa réflexion face en l’occurrence à un droit du travail qui est kafkaïen, qui est par bien des côtés absurde, et qui empêche tout le monde dans l’entreprise de travailler intelligemment", a déclaré Laurence Parisot sur TF1.

"Une politique économique favorable aux entreprises, c’est la condition même du social", estime également Laurence Parisot, note un article du Monde consacré à ses réseaux. "L’Europe sociale ne peut se faire que dans l’Europe libérale." La nouvelle présidente du MEDEF s’en prend aussi aux syndicats. Elle veut "casser un tabou : celui des règles de représentativité syndicale" et de "la présomption de représentativité" accordé depuis 1966 à la CGT, la CFDT, FO,la CGC et la CFTC.

Pas sûr que cela contribue a redorer l’image du MEDEF. Dans un sondage CSA (et pas Ifop !) publié le 5 juillet par L’Humanité, 56% des personnes interrogées se disent "assez" ou "très" mécontentes de l’action du Mouvement des entreprises de France.

Lire aussi le discours de candidature de Laurence Parisot sur le site du MEDEF.
Source des photos : MEDEF.

Code du travail : la méthode Parisot
La Canard Enchaîné du 6 juillet 2005 révèle comment "La patronne du MEDEF s’est déjà affranchie du Code du travail". L’une de ses anciennes employées de maison avait déposé plainte pour rupture abusive de contrat. L’affaire devait être jugée le 5 juillet, précisément le jour de l’élection de Laurence Parisot à la tête du MEDEF.

La plaignante était officiellement "assistante", entre mars 1998 et novembre 2000, mais travaillait en fait comme gouvernante chez Parisot. Surprise, les fiches de paie de l’employée étaient celles d’une filiale de l’Ifop, entreprise que dirige Parisot. "Moralité, sa patronne a fabriqué un faux contrat de travail, de fausses fiches de paie et rédigé une fausse lettre de licenciement. Et utilisé des fonds de l’Ifop a des fins personnelles."

L’audience prévue n’a pourtant pas eu lieu. La plaignante "s’est très spontanément désistée de sa requête et des 20000 euros de dommages et intérêts qu’elle réclamait. A la grande surprise de ses défenseurs (dont la CGT), qui n’en avaient même pas été informés ! Et ces persifleurs d’interpréter son revirement de dernière minute comme la conséquence d’un chèque reçu en dédommagement."

L’hebdomadaire satirique note au passage que l’Ifop est "un intéressant laboratoire" : neuf salariés sur dix y sont en CDD, et révocables à tout moment en vertu du statut de sondeur de terrain, dérogatoire au Code du travail.

Seillière s’occupe de son Ognon
"Si c’était à refaire, je serais acteur comique", assure Ernest-Antoine Seillière dans le magazine Cap Campus. Et il le prouve : le 13 juin, l’encore président du MEDEF reçoit le conseil exécutif de l’organisation dans sa propriété d’Ognon, dans l’Oise. "Ognon rime avec stock-options, sans lesquelles je ne pourrais pas entretenir ma maison", plaisante-t-il (source : Les Echos). Il y n’a que la rime qui n’est pas très riche.

Le baron se dégrossit ensuite le gosier sur une adaptation personnelle du Sirop typhon de Richard Anthony : "Patrons, patrons, patrons / J’ai fini mon boulot / Vive la succession / La suite à Laurence, Mayer ou Jacob / En avant la refondation / En avant le MEDEF, allons, allons..."

Autre anecdote racontée par Seillière. Lorsque le CNPF se transforme en MEDEF, en 1998, "François Michelin trouvait que notre nouveau nom ressemblait à un pneu qui se dégonfle, ça m’a donné un moral d’enfer !" Accordons en effet à Seillière que, durant toutes ses années de présidence, il n’a pas manqué d’air.

Les chômeurs attendront

La délégation patronale menée par Denis Gautier-Sauvagnac, du MEDEF, a refusé la proposition des syndicats de revaloriser de 2% les allocations chômage au 1er juillet (source : Le Monde). La proposition du patronat est beaucoup plus simple : ne pas revaloriser du tout ces allocations en 2005. Moralité, il faudra attendre les "négociations globales sur la nouvelle convention d’assurance chômage qui auront lieu à l’automne", selon Alain Lecanu (CFE-CGC).

Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France

Les chômeurs évoqués ci-dessus se consoleront en pensant au bineheureux Bernard Arnault. Président du groupe LVMH, spécialisé dans le luxe, il serait la plus grosse fortune de France, selon le magazine Challenges, avec 14,342 milliards d’euros, passant devant Liliane Bettencourt et ses petits 11,669 milliards (source : AFP).

Hervé Quinsac

http://fabienma.club.fr/medef/index.htm