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MRAP : Tchad : de la violence des idées racistes à la violence de la rue
Publie le mercredi 14 novembre 2007 par Open-PublishingTchad : de la violence des idées racistes à la violence de la rue
Mercredi matin, plusieurs centaines de personnes, jeunes pour la plupart, ont manifesté dans le centre de N’Djamena, devant l’ambassade de France, le palais de justice de la ville et l’école française. Conspuant la France, les manifestants ont lancé des pierres sur des
véhicules dans lesquels se trouvaient des Occidentaux. "A bas Sarkozy", "la traite négrière, c’est fini", "le Tchad est indépendant depuis 1960", ont-ils scandé, en lançant d’autres slogans antifrançais.
Pour le MRAP qui condamne toute violence à l’encontre de civils, la colère de la jeunesse tchadienne est légitime et traduit la gravité de la dégradation des relations entre la France et le Tchad, conséquence de l’attitude arrogante et humiliante du gouvernement français, notamment de Nicolas Sarkozy. Car, c’est bien de mépris qu’il s’agit quand le Président de la République déclare à propos des inculpés de l’Arche de Zoé : " J’irai les chercher quoi qu’ils aient fait ". C’est une attitude digne de la colonisation ! Plusieurs centaines de Français sont emprisonnés à l’extérieur pour divers délits. Jamais un président n’a osé s’adresser ainsi à un Etat et à un peuple souverain.
On peut comprendre que des familles françaises, parce qu’elles voulaient adopter des enfants qu’elles croyaient orphelins, aient pu en toute bonne foi se laisser abuser par l’Arche de Zoé. Mais la double identité - Arche de Zoé en France et Children Rescue au Tchad - apparaît comme un élément accablant pour cette association " humanitaire" : au Tchad les témoignages des parents qui croyaient permettre ainsi à leurs enfants d’aller à l’école éclairent sous un angle différent ce qui s’apparente à une tentative de kidnapping.
L’Assemblée Nationale française exigence le " retour de nos concitoyens " sous le prétexte qu’au " Tchad, il n’ y a pas de justice " oubliant de rappeler que ce sont les mirages de l’armée française qui ont bombardé et chassé en avril 2006 les opposants à la dictature qui étaient entrés dans la capitale tchadienne pour chasser l’autocrate " ami " et pur produit de la françafrique ; elle oublie également de signaler que des milliers de sans papiers tchadiens demandeurs d’asile politique sont déboutés parce que jusqu’ici " le Tchad est un pays démocratique où règne le multipartisme "
Ces événements sont le prolongement de la volonté de valoriser les "bienfaits de la colonisation ". ils sont une réponse à la violence raciste du discours prononcé par le Président Sarkozy à Dakar.
C’est par la reconnaissance de ses erreurs sanglantes et par une rupture totale avec les politiques d’hier que la France pourra aider l’Afrique. Pour sortir l’Afrique de l’oppression et de la misère, il faut défendre les droits fondamentaux des personnes plutôt que de vendre
des armes ou soutenir militairement des dictateurs. Il faut accueillir les réfugiés du Darfour plutôt que d’aller chercher les apprentis humanitaires fourvoyés ; Là serait une vraie rupture attendue aussi bien par les Africains que par les Français.
Paris, le 14 novembre 2007.
http://www.mrap.fr