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Ma fête de la Musique derrière les barreaux
Publie le dimanche 22 juin 2008 par Open-Publishing4 commentaires

Il y a des fêtes de la Musique qui ne ressemblent à aucune autre. Quand on nous a proposé de jouer au centre de détention de Loos, nous n’avons pas hésité une seconde. Quel groupe ne rêverait pas de vivre une expérience pareille ? Inoubliable.
On a entassé tout notre matériel dans le monte-charge. Les flight case de batterie, les guitares, les amplis... C’est moi qui monte dedans avec les instruments. Les autres prennent l’escalier.
Arrivé au quatrième étage, plongée directe dans l’univers carcéral. Je me retrouve au milieu des cellules. Impressionnant et beau à la fois. L’endroit regorge de mystère mais surtout d’humanité. Je ne donnerais ma place pour rien au monde.
Le groupe dans lequel je chante, Ace Out, a été choisi par le Grand Mix de Tourcoing pour jouer au centre de détention de Loos dans le cadre de la fête de la Musique, un événement qu’il organise pour la quatrième année consécutive.
« Mets l’feu ! »
Au sortir des balances son, deux, trois détenus m’« interpellent », plutôt convaincus, et promettent d’être là l’après-midi pour le concert. « Mets l’feu ! » Oui, mais n’est pas Johnny qui veut... Les gars de La Jonction arrivent à leur tour. L’année dernière, ils devaient jouer dans la cour de la prison mais le concert a été annulé à cause de la pluie. Dur. Cette année, il aura lieu dans un gymnase aménagé en salle de concert. Et ça le fait. La salle est large et profonde.
Les TGS (détenus qui suivent la formation technique généraliste du spectacle) s’affairent à préparer le plateau. Cette fête de la « zic » est, pour eux, l’occasion de s’entraîner avec des vraies conditions de live. Plus tard, avant que La Jonction n’entame sa prestation, d’autres condamnés monteront, eux aussi, sur scène pour une restitution des ateliers guitare, slam...
Indescriptible
C’est l’heure du « show ». La Jonction demande aux gens de se rapprocher, le public est réceptif... Pour eux comme pour nous, ça se passera bien.
La suite est assez indescriptible. Quand je vois ce détenu originaire des Antilles néerlandaises, black bodybuildé avec desdread-locks, nous dire bon courage alors qu’il regagne sa cellule, j’ai les larmes aux yeux. Un morceau l’a particulièrement marqué. Il s’appelle You don’t know me (en français, « Tu ne me connais pas »), sorte de plaidoyer contre les préjugés. « C’est exactement ça. Tu arrives ici, "you don’t know me", les gens ne savent pas... qui tu es, pourquoi tu es là. C’est ce que je ressens. » Pfff... Là, il m’a touché en plein coeur. Jamais quelqu’un ne s’était identifié à ce point à mes paroles. Je suis content que ce soit lui. Vivian, notre bassiste, lutte contre la fatigue (nous nous sommes levés aux aurores pour respecter un timing hyper précis) mais il jubile : « On n’était pas du tout en terrain conquis, et ils ont participé. » C’est vrai que dans la salle, ils ont tapé dans les mains, repris des refrains en choeur et, honnêtement, on n’en attendait pas tant. Quentin, le guitariste, est tout aussi émerveillé : « J’ai l’impression qu’il y a un "truc" qui se passait. C’est bizarre... on a fait un concert pour les détenus. On a partagé quelque chose ensemble. » Quelque chose d’unique.
La fête de la Musique, c’est toujours sympa. La faire en prison, ça n’a pas de prix
Messages
1. Ma fête de la Musique derrière les barreaux, 22 juin 2008, 20:07
Ce qui est assez drole en quelque sorte c’est que eux dirait que ça n’a pas de prix si il pouvait la faire en dehors des barreaux !!
Vous pouriez presque échangé vos rôles : eux les musiciens et toi un prisonnier !! ne serait ce pas fantastique ??
Johanna
2. Ma fête de la Musique derrière les barreaux, 22 juin 2008, 20:11, par RBBR
Et soudain Guy Debord *me remonte dans la gueule : « Léo, tu t’souviens ? »* :
Oui ! $$...la vie n’est qu’un spectacle !-$$
– 1- Comment –donc- s’en sortir... spectaculairement ?
– 2- Moi !... qui lutte –avec ma voix- pour la bonne place !
– 3- « Une bonne place, ça s’achète...
– 3bis- Oui ou Non ? »
– 4- Alors ? : Que vendre pour l’avoir !?!
– 5- Me vendre ?... Se vendre ?... VENDRE ?
– 6- Si on se vend... donc... on se rachète :
– 6bis- « oui... on s’ rachèt’ comme on peut » !
– 7- C’est ça ?
– 8- $$-C’est ça... OUI !-$$.
RBBR
RoB BespiAIR (Anticapitaliste Internationaliste Révolutionnaire !)
Lequel RBBR *rêve activement* d’une vraie IAM
(Internationale Anticapitaliste Mondialisée)
« Mais... -finalement- ... qu’importe le nom pourvu qu’on ait la chose :
*- cet outil de masse et de classe adéquat !*
*- populaire ... actif... combatif * !- »
3. Ma fête de la Musique derrière les barreaux, 23 juin 2008, 12:56, par rogerv
Vous excitez pas les orthodoxes de la lutte !
Malgres l’angelisme de notre pote, si les detenus ont passé un bon moment c’est le principal...
Je ne vois pas l’interet de citer le guy debord : La societe du spectacle. On va pas chier sur TOUS les spectacles, non ?
Mais si ! RESTONS PURS !
Attention ! Un de ces quatres le fait de s’amuser va faire partie de l’ordre du jour des sceances d’autocritiques !
Froncez pas trop les sourcils les gars, en general on reste coincé ...
Allez bise
1. Ma fête de la Musique derrière les barreaux, 23 juin 2008, 19:47, par RBBR
Moi, tu sais... c’quej’pense c’est une chose...
C’que j’ressens c’est ‘autre chose’...
Je voulais citer seulement ceci :
– « Arrivé au quatrième étage, plongée directe dans l’univers carcéral. Je me retrouve au milieu des cellules.
Impressionnant et beau à la fois.
l’endroit regorge de mystère mais surtout d’humanité.
Je ne donnerais ma place pour rien au monde. »
Rien de plus.
Rien de moins.
RBBR