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Manoeuvre ’kurde’ de l’Occident peut-il sauver le CNS ?
par Maxime Azadi
Publie le mardi 12 juin 2012 par Maxime Azadi - Open-PublishingLe Conseil national syrien, soutenu par l’Occident et le duo qataro-turc, a élu à sa tête un kurde, peu connu dans l’opposition et non-connu dans la lutte kurde. L’Occident espère gagner la confiance des kurdes et des autres minorités, tout en refusant de satisfaire les revendications du peuple kurde. Quelles options restent-elles pour la Syrie ?
Formé à Istanbul, soutenu par les pays répressifs comme la Turquie, le Qatar et l’Arabie Saoudite, et instrumentalisé par des pays occidentaux, le CNS a désormais un président kurde, Abdel Basset Sayda, âgé de 55 ans, exilé en Suède depuis près de 20 ans.
Il est présenté par certains médias comme un homme « indépendant », « conciliant » et « honnête ». Il s’agit désormais des qualités au service d’une sale guerre. Indépendant ou non, il ne pourra plus rester « indépendant » puisqu’il est élu à la tête d’un conseil qui n’a jamais été indépendant.
Il n’a aucune influence
L’homme qui a succédé à Burhan Ghalioun n’est pas connu au sein de la communauté kurde qui lutte depuis des dizaines d’années pour leurs droits fondamentaux. Son « indépendance » n’a aucune influence sur la communauté kurde ou les arabes. Pourquoi donc, les kurdes devraient-ils suivre Abdel Basset Sayda ?
Il n’a rien à faire pour les kurdes
Pour Saleh Mohammed Muslim, le chef du Parti de l’union démocratique (PYD) et vice-président du Comité de coordination pour le changement national et démocratique (CCCND), soit l’opposition interne, le nouveau chef du CNS n’a jamais été actif dans la lutte du peuple kurde. Le CCCND est composé des partis arabes, kurdes, assyriens, socialistes et marxistes, ainsi que des personnalités indépendantes.
Le chef du PYD pense que Sayda été choisi par les occidentaux pour mettre au service de leurs intérêts, et il ajoute : « Il n’est pas connu par l’opinion publique kurde et il n’a rien à faire pour eux. »
La Syrie face à deux options
Dans un sens général, le CNS n’a plus de lien avec les peuples de Syrie, dit-il en soulignant : « Tout le monde sait que le CNS est devenu un jouet entre les mains des puissants internationaux »
Selon le vice-président du CCCND, ce kurde à la tète de CNS ne pourra pas avancer les choses et il affirme que l’opinion publique arabe non plus ne connaitra pas le nouveau chef kurde, comme elle n’arrive toujours pas à reconnaitre Jalal Talabani en tant que président de l’Irak.
Sur la situation en Syrie, le chef du PYD dit qu’il n’attend pas pour le moment une intervention militaire, car « la balance internationale des forces ne permet pas. »
Une mission de paix proposée par le CCCND à Annan
« La Syrie ne pourra pas non plus rester en tant que telle » poursuit-il, avant d’ajouter qu’il reste deux options : une guerre civile, ce qui entrainera la destruction de la Syrie, et une mission de paix de l’ONU pour remplacer quelque 300 observateurs sur place.
Le CCCND a proposé cette option pour sauver le plan de Kofi Annan, l’émissaire des Nations unies et de la Ligue arabe, lors d’une rencontre fin mai à Damas, a dit le chef du PYD. Il pense que la Russie, la Chine et les pays européens ne déclineront pas cette proposition.
« C’est la dernière chance. Il ne reste aucune autre solution. Je ne crois que notre proposition est acceptable pour tout le monde, sauf pour la Turquie, le Qatar et l’Arabie saoudite qui veulent garder le contrôle de la situation. Le peuples de la Syrie l’accepteront aussi » affirme-t-il.
La guerre confessionnelle
Enfin pour le chef du PYD, les massacres de ces derniers temps sont les signes d’une guerre civile. Plusieurs massacres comme celui commis à Houla, le 25 mai, n’ont été revendiqué par aucune partie. Saleh Muslim affirme qu’il s’agit d’une guerre confessionnelle entre les sunnites et alaouites.
Rappel : 90 % des électeurs kurdes ont boycotté les élections législatives organisées le 7 mai. Pour les kurdes, les élections n’étaient qu’un simulacre, n’apportant aucune nouveauté.
Sous la menace directe du régime syrien et la Turquie, et face au silence, la complicité et les manipulations de l’Occident, les kurdes poursuivent à construire leur autonomie démocratique, en ouvrant à l’initiative du principal parti kurde PYD des écoles de langue, interdits jusqu’à la révolte lancée en mars 2011, créant des communes, des conseils du peuple et des comités de légitime défense pour protéger la population kurde, estimée entre 2 et 3 millions, soit 15 % de la population du pays.
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