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Marie-George Buffet face à une fronde des orthodoxes
Publie le vendredi 6 janvier 2006 par Open-PublishingEnjeu : la date et les modalités d’une candidature pour 2007.
par Pascal VIROT
Trente-troisième, première : le congrès du PCF est entré hier, dans sa phase active avec le dépôt des textes alternatifs à celui de l’actuelle direction. Lors de cette 33e grand-messe qui se tiendra fin mars au Bourget, en banlieue parisienne, le « projet de base commune » de Marie-George Buffet sera contesté par au moins deux textes présentés par les franges conservatrices du parti. Le premier, baptisé « Colère et espoir », est l’oeuvre du député de la Somme, Maxime Gremetz. Le second, « Fièr (e) s d’être communistes », a été rédigé par André Gerin, député du Rhône, Jean-Claude Danglot, patron du Pas-de-Calais (la première fédération communiste de France) et Jean-Jacques Karman, conseiller général de Seine-Saint-Denis. Points communs de ces textes : rupture avec la mutation du PCF, lancée par Robert Hue au milieu des années 90 et candidature communiste à la présidentielle. Lors du précédent congrès, en 2003, les oppositions à la ligne Buffet avaient recueilli 45 % des voix militantes.
Interrogations. Dans son projet, la direction reste encore très floue sur l’échéance de 2007 : « Nous mettons en débat notre conviction qu’une candidature communiste à l’élection présidentielle sera la plus efficace pour porter (l’)union (avec le mouvement social) en témoignant de sa diversité, de son ancrage populaire, de sa représentativité à gauche et dans le pays. »
Quand la décision de présenter un candidat sera-t-elle formellement prise ? Nul ne le sait. Peut-être au congrès. C’est pour éviter ce trou noir que les deux ailes orthodoxes du PCF exigent un calendrier rapide : « Le principe de la candidature communiste doit être arrêté demain », a martelé hier André Gerin en présentant, place du Colonel-Fabien, son projet alternatif. Sa logique est simple : s’il n’y a pas de candidat communiste pur jus en 2007, cela signifie la disparition à terme du PCF, puisqu’être absent de la principale élection de la Ve République revient à renoncer à influer sur la politique nationale. Et c’est, de facto, se mettre soit dans la roue d’un Parti socialiste hégémonique, soit se retrouver dans un petit cartel de « la gauche de la gauche » avec les trotskistes, souvent honnis.
Ces opposants ne sont pas les seuls à réclamer un candidat pour l’Elysée. Fin septembre, lors des journées parlementaires communistes, Robert Hue avait même intronisé Marie-George Buffet comme « candidate naturelle »... L’intéressée semble plutôt hésitante. D’abord, elle conserve en tête l’expérience des élections régionales de 2004 où elle conduisait en Ile-de-France, une liste composée de militants politiques, syndicaux, altermondialistes et associatifs venus de différents horizons. Une expérience qu’elle voudrait, sous d’autres formes, renouveler en 2007 et 2008.
Craintes. Ensuite, le référendum du 29 mai a montré que le PCF peut jouer un rôle fédérateur de la gauche antilibérale : casser cette coalition en annonçant prématurément une candidature communiste risque de le désigner comme diviseur. Enfin, Marie-George Buffet sait qu’une multitude de candidatures à gauche plombera la sienne, comme en 2002 quand Hue avait obtenu 3,37 %.
« Ce congrès est joué, croit néanmoins savoir un dirigeant. Ni son ordre du jour, ni les textes ne sont passionnants. Si Marie-George n’est pas trop maladroite, elle va le gagner. » Sa victoire sera dans le score que son texte obtiendra. Pas dans la réussite d’une improbable synthèse.