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Maroc : « Lèse-Pouvoir »

Publie le mardi 17 juillet 2007 par Open-Publishing
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Le Journal Hebdo N° 308 Du 23 au 29 Juin 2007

www.lejournal-hebdo.com

« Lèse-Pouvoir »

C’est avec sauvagerie que les Forces auxiliaires ont dispersé, vendredi 15 juin, le sit-in organisé devant le Parlement par l’Association marocaine des droits de l’Homme. Un sit-in pour demander la libération des militants de cette organisation poursuivis pour atteinte aux « valeurs sacrées » du pays.

L’intervention barbare contre les militants du 15 juin dernier n’a pas épargné, soit dit en passant, les simples citoyens qui passaient par le boulevard Mohammed V ni ceux qui se trouvaient attablés au café Balima, situé face au Parlement et fréquenté par les étrangers de passage. L’intervention a fait une dizaine de blessés parmi lesquels la présidente de l’AMDH, Khadija Ryadi, ses deux vice-présidents, Abdelhamid Amine et Abdellah Ben Abdesslam ainsi que d’autres dirigeants, militants et militantes de cette organisation qui furent transportés à l’hôpital pour fractures ou évanouissements.

Ces Forces auxiliaires qui ont fait preuve de tant de zèle sont sous le commandement du général Hamidou Laânigri.

C’est dire qu’il n’y a pas lieu d’être surpris, car que pouvait-on attendre d’un tel responsable qui s’est « distingué par ses hauts faits » sous le régime de Hassan II (voir son rôle dans le mouroir de Tazmamart) et par ses “exploits” lorsqu’il était directeur de la DST (cf. le recours à la torture pratiquée au centre de Témara, siège de cette triste Direction, héritière du funeste CAB I).

Aussi sommes-nous en droit de nous demander si nous ne sommes pas devant une affaire de représailles où un responsable sécuritaire utilise un corps de l’Etat pour régler ses comptes et assouvir une vengeance.
Années de plomb

Au demeurant, l’AMDH l’affirme. Et à juste titre. Rappelons que ce général figure sur la liste des 45 tortionnaires publiée par l’AMDH. Mais, il faut aller plus loin.

Lorsque des responsables des organisations de défense des droits de la personne et certains membres influents de la société civile avaient réclamé que les tortionnaires soient traduits en justice, des voix se sont élevées, au sein même de l’IER, pour affirmer qu’il fallait tourner la page, accordant de facto l’impunité à ces criminels. Or, si aujourd’hui des hommes comme Laânigri sévissent encore, c’est parce qu’ils n’ont pas rendu de comptes, forts justement de cette impunité. C’est parce que les tortionnaires de l’ère Hassan II n’ont pas été poursuivis et sanctionnés que d’autres tortionnaires ont vu le jour sous la nouvelle ère et se livrent, en toute quiétude, à la pratique de la torture, aussi bien au centre de Témara que dans certains locaux de la police et de la gendarmerie.

Des pratiques rapportées et dénoncées par des organisations internationales des doits humains telles Amnesty International, Humain Rigths Watch en plus des associations marocaines : AMDH, OMDH et autres.

A cela, il faut ajouter les témoignages “d’islamistes salafistes” arrêtés dans le cadre de la lutte contre le terrorisme qui viennent de publier une étude sur les sévices qu’ils auraient subis, principalement au centre de Témara.

Il en ressort que sur un échantillon de 127 personnes interrogées et qui affirment avoir été torturées, 90 auraient été battues, 86 menacées de viol, 54 menacées de se voir introduire un bâton dans l’anus sans parler du recours aux techniques de “l’avion”, de la “suspension”, “des décharges électriques” et autres “joyeusetés” du genre…(voir Al Massae du 19 juin 2007).

Dire alors que les années de plomb font partie du passé, c’est aller vite en besogne.

En fait, elles perdurent, et de surcroît, au vu et au su de tous les gouvernants et dirigeants des partis politiques, lesquels deviennent, de par leur silence, complices et aussi responsables que les tortionnaires, exécuteurs de basses œuvres.

Que l’Etat lutte contre le terrorisme, l’obscurantisme, l’extrémisme, le fanatisme, c’est son devoir. Mais, il doit le faire avec fermeté et dans le respect le plus total de la loi et des droits de l’Homme, dans le cadre d’une justice indépendante du pouvoir exécutif et de toute influence.

« L’image » du royaume

Parce que les journaux indépendants ont dénoncé les pratiques de la torture, parce qu’ils rapportent les affres quotidiens que subissent les citoyens au niveau du logement, de la santé, de l’enseignement, de la justice, ils ont été traduits devant des tribunaux, traînés dans la boue, accusés de ternir l’image du Maroc sur la scène internationale (voir la pseudo-indignation des gouvernants et d’un grand nombre de dirigeants de partis politique au sujet de ce citoyen de Salé qui avait “élu” domicile, lui et sa famille, contraints et forcés, dans des toilettes... ).

Mais que dire alors des photos de la présidente de l’AMDH, de ses collègues et des militants de cette association des droits de la personne, gisant sur le sol et grimaçant de douleur suite au tabassage sauvage qui leur a été infligé par les sbires du ministère de l’Intérieur sous le commandement du général Laânigri ?

Des photos qui ont fait le tour du monde, qui circulent sur le Net et qui dévoilent « tout le respect que les gouvernants marocains » témoignent aux droits de la personne et à ceux qui les défendent dans le royaume chérifien. Ces photos de la répression barbare, les témoignages consternants des suppliciés, marocains et étrangers, du centre de Témara ne manqueront pas de “faire briller de mille éclats” l’image du royaume et “renforcer” sa crédibilité à l’échelle internationale…

Des photos scandaleuses, des témoignages accablants qui terniront et décrédibiliseront pendant longtemps encore les tenants de la gouvernance dans ce royaume. Ceux qui ont commis ces forfaitures ne méritent-ils pas d’être poursuivis pour répondre de leur crime de “lèse-pays” ?

Le tabassage des militants des droits de la personne a eu lieu le 15 juin, soit trois jours avant que ne débutent les négociations entre le Polisario et la délégation marocaine, soit dit en passant constituée dans sa quasi totalité par des sécuritaires…

Un tabassage qui s’inscrit dans la foulée de ceux qu’ont subis les diplômés-chômeurs, les diplômés-non-voyants, chômeurs aussi, les instituteurs et autres citoyens et citoyennes de différentes régions du royaume tels ceux et celles de la région de Marrakech. On ne pouvait pas passer message plus rassurant pour les Sahraouis, aussi bien ceux de Tindouf que ceux des provinces du sud, quant à ce qui les attend concernant leurs futurs droits, d’autant que les Marocains, dans leur projet d’autonomie élargie, entendent conserver la haute main… sur la justice et la sécurité.

Plus subtil, plus convaincant, tu meurs ! Nos dirigeants, nos stratèges seraient-ils si ignorants ? On aurait tendance à le croire. Et chacun sait qu’un ignorant peut provoquer beaucoup plus de dégats qu’un être intelligent !

Par Khalid Jamaï

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Le sacre de la castagne

Barbare, le mot utilisé par Khalid Jamaï dans son article (lire pp. 34-35) n’est pas trop fort pour qualifier la terrible répression des Forces auxiliaires contre les militants de l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH).

Le 15 juin, cette association, fer de lance de la défense de la dignité des Marocains, a manifesté pacifiquement pour demander la relaxe de ses militants emprisonnés pour avoir porté atteinte aux « valeurs sacrées du pays ». Les photographies de Khadija Ryadi, nouvelle présidente de l’organisation, affalée sur l’asphalte après avoir été rouée de coups de gourdins par les forces déchaînées du général Hamidou Laânigri ont fait les manchettes des quotidiens à fort tirage mais aussi le tour du monde sur la Toile , jetant de nouveau une ombre sur le régime. Cette dame est loin d’être une délinquante.

Ingénieur de son état, respectée des plus importantes organisations internationales de défense des droits de l’Homme comme Human Rights Watch ou Amnesty International, elle personnifie l’engagement de la vraie société civile, celle qui n’hésite pas à descendre dans la rue pour que les citoyens prennent conscience du caractère féodal de certaines de nos institutions et de l’incurie de notre justice. Elle a été, avec les militants de son association, chargée comme une vulgaire hooligan sur ordre d’un des caciques de l’ancien règne qui jouit toujours d’un pouvoir et d’une impunité sans bornes. Cet énième épisode de la violence de l’Etat contre les porteurs de l’idéal démocratique consacre le règne de la castagne, celui de la pensée unique, celui qui prétend que le Maroc a définitivement tourné la page de la dictature.

Cela rappelle encore et toujours l’échec patent du processus initié par l’IER, l’instance voulue par le Palais pour que les actes inhumains d’hier ne se reproduisent plus. La photo de Khadija Ryadi malmenée et jetée à terre renvoie immanquablement à celle d’Ahmed Herzenni reçu par le roi lorsqu’il a succédé à feu Driss Benzekri après sa cooptation à la tête du Conseil consultatif des droits de l’Homme. Le silence assourdissant de Herzenni sur ce qu’endurent ses anciens compagnons de lutte au sein de l’AMDH et ailleurs se passe de commentaires. Son “Appel citoyen”, prétexte à sa récupération sans conditions en était le prélude. Nous l’avions dénoncé. Les faits aujourd’hui nous confirment (encore une fois) la justesse de notre position. Cette semaine se déroule à Essaouira un des moments les plus festifs que connaît le Maroc depuis dix ans. Ce festival est sans conteste un des plus populaires du pays. Nous lui consacrons d’ailleurs, comme chaque année une place conséquente dans nos pages (lire pp 54-57). Il représente très certainement aussi une des plus belles vitrines du “nouveau Maroc”.

Dès son bourgeonnement, nous l’avions compris et nous avions eu le privilège d’y être associés à titre de media sponsor, représentant nous-mêmes une presse nouvelle, indépendante et ouverte sur le monde des idées dont le brassage correspondait dans notre esprit à celui véhiculé par cette messe jusqu’au jour où nos positions éditoriales ont fini par irriter ses chaperons, ceux justement qui pensent que tout a changé au Maroc depuis 1999. Et pour cela nous en avons été exclus comme le sont du débat ceux qui expriment des idées contradictoires à celles de nos gouvernants ou ceux qui dénoncent leurs turpitudes. La bastonnade infligée à l’AMDH ou le boycott du “Journal” de ce genre de manifestations sont des illustrations parmi tant d’autres qui renseignent sur l’autre versant du régime et peut-être aussi le plus significatif de son génome. Celui qui n’a pas su se départir de ses démons et qui freine toute une nation sur le chemin de la démocratie et du développement.

Ali Amar

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Messages

  • Ces Arabes ne parlent que d’eux-mêmes. Comme si les droits de l’homme ne concernent qu’eux. A moins qu’ils soient les seuls à être des êtres humains. C’est du moins ce qu’on peut penser de ces papiers.

    Que dire alors de pauvres étudiants amazighs arrêtés injustement par le régime et qui ont eu droit à un viol en règle avec la bouteille de Coca Cola ? Pratique on ne peut plus barbare et terroriste. Est-ce que l’Amdh en a parlée ? Est-ce que l’Amdh l’a dénoncée ? Jamais ô grand jamais. Il ne reste plus qu’à défendre les "sales chleuhs"... En tous les cas, en tant qu’Amazigh, je n’ai rien à foutre de l’Amdh...

    • de calme alsousi
      tu est cahrgé de haine pour rien
      de calme nous somme tous des humains
      fait ton devoir comme un homme pas comme un amazigh ki cherche de guerre pour rien

    • les bras m’en tombent. Je suis Français marié avec une gentille berbère. Elle me dit que les berbères se bouffent le foie entre eux aussi. Ceux de Oujda ne sont pas les mêmes que ceux de Midelt ni ceux d’Agadir !
      Moi j’aime le Maroc, les Marocains, sauf ceux qui servent le pouvoir.
      Quand comprendrez vous que c’est l’unité qui vous débarassera des profiteurs du pouvoir et de leurs sbires.
      Tant que vous vous boufferez le foie entre vous, ils continueront à vous tabasser et à vous piller en rigolant.
      Les lignes que vous écrivez confortent les enfoirés, et à mon sens elles ne rendent pas crédible votre révolte.
      patte

    • Écote alaroubi, puisque nous sommes des êtres humains, pourquoi tes amis de l’Amdh n’ont jamasi parlé les droits de l’homme amazighs ? N’ont jamais dénoncé les multiples violations dont sont victimes les Amazighs ? Pourquoi alors ils aboient pour les terroristes du Polisario et les Arabes du Moyen Orient

      Je n’ai trouvé qu’une explicatin : les Amazighs ne sont pas des êtres humains selon les très intelligents militants de l’AMDH....

    • N’intquiète cher ami, les Amazighs savent se mettre d’accord quand il s’agit de leurs droits...C’est ce qu’ils ont tojours fait jusqu’à maintenant....Et c’est ce qu’ils feront toujours.