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Maroc (Rif) : Arrestation d’un militant associatif dans la région du Rif

Publie le vendredi 20 février 2009 par Open-Publishing

Un militant associatif rifain (amazigh-berbère) connu pour ses positions contre le Makhzen (le régime monarchique marocain) a été arrêté par la police dans le cadre de l’enquête à Nador (nord-est du Rif) sur le démantèlement d’un important réseau de trafic de drogue à l’échelle mondiale, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.

"Chakib Al Khayari, président de l’Association Rif (région de l’ancienne République rifaine située au nord du Maroc) des droits de l’Homme (ARDH), a été arrêté par les policiers à Casablanca le 17 février", a indiqué l’association américaine de défense des droits de l’Homme, Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué.

L’organisation de défense des droits de l’Homme, Human Rights Watch (HRW) a exhorté jeudi 19 février, les autorités marocaines à révéler l’endroit où est détenu Chakib Al Khyari, président de l’Association Rif des droits de l’Homme (ARDH) selon l’agence d’information « EFE ».

« Les autorités doivent se conformer à la loi marocaine et dire immédiatement son lieu de détention... », a déclaré la directrice pour le Moyen-Orient de HRW, Sarah Leah Whitson dans des propos rapportés par l’agence espagnole « EFE/ efe.com » et le journal El Mundo/ elmundo.es . Et selon le journal El Pais/ elpais.com , Chakib Al Khyari a été arrêté mercredi 18 février au matin à son domicile à Nador. HRW au contraire affirme que le journaliste militant des droits de l’Homme a disparu depuis mardi. Un jour plutôt, il avait reçu une notification pour aller témoigner devant la Brigade nationale de police judiciaire (BNPJ) de Casablanca, sans motif préalable. Le contact avec la police casablancaise a été confirmée par le vice-président de l’ARDH, Mohamed Hammouchi, qui affirme selon « Le Soir Échos » que le disparu a été entendu par la BNPJ en début de semaine.

Le frère de Chakib, Amine Al Khayari, commerçant à Nador, a pour sa part indiqué à l’AFP n’avoir "plus revu (son) frère" depuis que ce dernier lui a fait part, mardi, d’"un voyage à Casablanca pour répondre à une convocation émise par la Brigade nationale de la police judiciaire" (BNPJ), qui siège dans cette ville.

L’organisation HRW informe aussi que 10 agents en civils de la Brigade nationale de police judiciaire (BNPJ) ont appréhendé Al Khyari dans sa famille, confisqué son ordinateur et saisi ses documents personnels sans mandat de perquisition. Et depuis, plus de nouvelles du journaliste et militant des droits de l’Homme.

Ni HRW ni la famille de Chakib El Khiari n’ont précisé les motifs de l’arrestation.

Une source gouvernementale, interrogée par l’AFP, s’est refusée à commenter cette arrestation mais une source sécuritaire, également contactée par l’AFP, l’a confirmée.

Le quotidien Le Soir ( semi-indépendant), qui critique cette arrestation, a estimé jeudi que Al Khayari est un "militant qui dérange".

Selon Le Soir, le président de l’ARDH "avait en effet et en substance affirmé que la (récente) vague des arrestations s’était limité à des "petits poissons" et épargné "les symboles de la corruption politique et les détenteurs de postes sensibles".

Quelque 109 personnes ont été jusqu’ici arrêtées et déférées devant le parquet de Casablanca dans le cadre du démantèlement, le 13 janvier, d’un réseau de trafiquants présumés dans la région de Nador.

Parmi les prévenus, figurent de nombreux fonctionnaires des services de sécurité. Ils sont accusés d’avoir exporté (ou aidé à exporter) plus de 30 tonnes de résine de cannabis vers la Belgique et les Pays-Bas via l’Espagne, avec la complicité présumée de gendarmes et d’éléments de la marine royale.

Chakib Al Khayari est connu aussi pour avoir adressé une lettre en octobre 2006 au Roi Mohammed VI dans laquelle il dénonçait la montée du trafic de drogue dans le Rif. Plusieurs autres actions sont attribuées à Chakib Al Khyari dont la prise de position en faveur de la légalisation du cannabis, la création d’un cadre juridique réglementant l’historique des plantations dans les domaines de la culture comme une solution à la contrebande des réseaux existants, et aux mauvaises conditions de vie des agriculteurs engagés dans cette culture.

Mohamed Hammouchi affirme pour sa part, dans des déclarations reprises par « EFE », que le « manque de démocratie et des droits de l’homme au Maroc sont les causes de telles arrestations ». L’ARDH par la voie d’un communiqué, somme les services de sécurité à indiquer le lieu de détention de son président et réclame sa libération immédiate. L’Association a fait appel en outre à des organisations locales et internationales des droits de l’Homme pour qu’elles interviennent et « mettre fin aux détentions arbitraires . »

http://www.elmundo.es/elmundo/2009/02/19/solidaridad/1235061807.html

http://www.elpais.com/articulo/internacional/Detenido/Marruecos/abanderado/lucha/droga/elpepuint/20090220elpepuint_10/Tes

Rif-Amnistia