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Maroc : le régime chérifien résiste aux tentations démocratiques
Publie le dimanche 9 septembre 2007 par Open-Publishing5 commentaires
Maroc : le régime chérifien résiste aux tentations démocratiques
PESANTEURS.
Ce n’est pas comme le régime chérifien, qui résiste fort bien aux tentations démocratiques. Après les années de plomb du règne d’Hassan II (2), les Marocains étaient en droit d’espérer un régime moins autocratique, sous le sceptre du fiston, Mohammed VI : changement de génération, de mentalité, d’environnement. Le jeune roi n’était-il pas présenté comme un libéral, formé dans les meilleures écoles et même un temps stagiaire à Bruxelles au cabinet de Delors, qui en disait beaucoup de bien ?
Bah, faut croire que les pesanteurs historiques l’emportent sur les meilleures volontés. Ou que Mohammed et sa cour ont bien intégré la leçon de Lampesuda : que tout change pour que rien ne change. Le jeune monarque a bien écarté les proches de son père les plus compromis dans la répression, comme Driss Basri, l’homme fort des trente dernières années du règne d’Hassan (qui vivait en exil à Paris et vient de rendre son âme noire à Allah) (3) ; pour le reste, le makhzen reste le makhzen : « L’armature administrative (makhzen) arrive jusqu’au douar.
La culture marocaine, c’est l’amour du Prophète et de ses enfants. Quand ils prient pour Lui, ils prient aussi pour Mohammed VI. Il y a aussi la culture makhzen : au moins, disent les gens, nous avons un descendant du Prophète ! Avec cette armature administrative et spirituelle, comment voulez-vous entamer un progrès politique ? Na’am Ya sidi ! (“ Oui, Monsieur ”), puis trois génuflexions ! » (4) Ajoutez la corruption, les ravages de l’économie libérale mondialisée (où la classe possédante marocaine se vautre avec délice), le bradage des villes historiques aux riches occidentaux amateurs de ryads (BLH, DSK, pourquoi vous toussez ?), le tourisme de masse qui fait du pays un bronze-culs, voire un haut lieu de la prostitution et du tourisme sexuel (certains comparent le Maroc à la Thaïlande), et vous comprendrez pourquoi le (seul) parti islamiste légal, le PJD (Parti de la justice et du développement) est donné largement favori des élections législatives de ce vendredi 7 septembre.
Composé de tendances plus ou moins radicales, mais soigneusement démarqué des salafistes et des violences qu’on leur attribue (le PJD a condamné les attentats de Casablanca de 2003 et 2007), ce parti est déjà la principale force d’opposition représentée au Parlement et semble s’être implanté de plus en plus solidement dans les classes moyennes et dans une jeunesse durement touchée par le chômage (5).
Alors, une évolution à la turque (qui serait un moindre mal), ou à l’algérienne (comme certains le redoutent) ? Probablement ni l’un ni l’autre, le Palais restant encore maître du jeu dans tous les cas de figure. Du moins dans un proche avenir.
SOLIDARITE.
Mais il existe au Maroc une autre opposition : laïque, démocratique, syndicale, associative, altermondialiste, féministe, non-violente, qui subit de plein fouet la répression.
Lors des défilés pacifiques qui se sont déroulés le 1er mai dernier dans plusieurs villes marocaines (Agadir, Ksar el Kébir, Taza, Séfrou Er-Rachidia, Tiznit …), auraient été proférés des slogans hostiles à la monarchie. Matraquages, tabassages, arrestations. Et condamnations dans la foulée d’une dizaine de militants syndicaux et associatifs.
Plusieurs manifestations et sit-in de protestation et de solidarité qui se sont déroulés dans les semaines suivantes ont subi la même répression et de nouveaux militants, dont des responsables d’Attac-Maroc ou de l’Association marocaine de défense des droits humains, ont été condamnés à de lourdes peines de prison. Répression aussi du mouvement de grève des mineurs de Jbel Awam, menaces, intimidation et destruction de journaux d’opposition, inculpation de journalistes …
C’est pourquoi Attac-Maroc appelle à la constitution urgente d’un Comité international de soutien, dont nous nous faisons volontiers ici le relais (6).
Car si nous avons toutes les raisons de nous inquiéter de l’état de la démocratie française et tous les droits de protester contre sa dégradation, nous avons aussi le devoir de ne pas nous détourner de ceux qui se battent pour la liberté à nos frontières ; d’autant plus quand ces combats sont ceux de peuples dont l’histoire est si intimement liée à la nôtre, hier comme aujourd’hui. La solidarité avec les démocrates marocains relève de l’évidence.
B.L.
(1) Albert Einstein assurait que la disparition des abeilles serait le prélude à l’extinction de l’espèce humaine. Encore un peu de patience, ça vient …
(2) Roi de 1961 à sa mort, en 1999. J’ai toujours plaisir à rappeler le surnom qu’avait donné de Gaulle à Sa Majesté : « Petit trou du cul. »
(3) Lire sa nécro sur Bakchich.info : « Bras droit d’Hassan II et serviteur excessivement zélé du royaume, l’ancien ministre de l’Intérieur et de l’Information est devenu à la mort d’Hassan II, le symbole des années où le pouvoir réprimait à tour de bras : tortures, arrestations arbitraires, disparitions … En y ajoutant une institutionnalisation de la corruption, le bilan de Driss Basri est … mauvais. »
(4) Témoignage de Mohammed Tahiri (ancien agronome, élève de René Dumont, qui fut en charge de l’Office national de l’irrigation sous Mohammed V), cité dans Les trois rois, l’ouvrage de référence d’Ignace Dalle (Fayard-2004).
(5) « Après un exercice de près de dix ans d’un cabinet de « transition » qui avait soulevé en 1998 beaucoup d’espoir, le pays n’a pas résorbé sa fracture sociale pour cause notamment de crise économique et de mauvaise gouvernance. Il se classe au 125e rang de l’Indicateur du développement humain (2002) des Nations unies. Près de la moitié de sa population âgée de 15 ans et plus est analphabète (49,3%).
Plus du tiers de la population (34,5%) est pauvre, avec 14,3% vivant avec $2 par jour. Les rangs des chômeurs, dont ceux diplômés des cycles supérieurs, ne cessent de se gonfler … » Source : Oumma.com. « Les élections législatives de septembre 2007. L’hypothèse d’un raz-de-marée islamiste au Maroc », par Aziz Enhaili, 4 septembre.
(6) Contact Attac-France, Anne Marchand 06 72 35 77 85.
[Bloc-notes de Politis du 6 septembre ]
Messages
1. Maroc : le régime chérifien résiste aux tentations démocratiques, 9 septembre 2007, 17:37
la caravane avance et ......
1. Maroc : le régime chérifien résiste aux tentations démocratiques, 9 septembre 2007, 22:56
Votre analyse est battue en breche par les dernieres elections qui sont considerées comme transparentes par l’UE et les observateurs internationaux et vos "islamistes" se sont revelés etre des epouvantails .
Non ! messieurs, le fiston n’a rien à voir avec son pere.
2. Maroc : le régime chérifien résiste aux tentations démocratiques, 10 septembre 2007, 14:51
L’UE et les observateurs internationaux ne font pas le poids face au Makhzen. De toute façons, ces élections ne sont faites que pour eux. Le peuple marocain, lui, sait très bien à quoi s’en tenir...
En Europe on dit "dictature = ferme ta gueule" et "démocratie = cause toujours"
Là-bas, on est prié de fermer sa gueule, même en démocratie
2. Maroc : le régime chérifien résiste aux tentations démocratiques, 10 septembre 2007, 13:15
" Ce n’est pas comme le régime chérifien, qui résiste fort bien aux tentations démocratiques. Après les années de plomb du règne d’Hassan II (2), les Marocains étaient en droit d’espérer un régime moins autocratique, sous le sceptre du fiston, Mohammed VI : changement de génération, de mentalité, d’environnement. Le jeune roi n’était-il pas présenté comme un libéral, formé dans les (...) "
Justement , les Marocains n’espéraient apparemment pas un changement puisqu’ils ont laissé couronner le second fils, le plus autocratique, à la place du successeur légitime du descendant du prophète, le fils aîné qui , élevé en France, y exerce la profession de médecin .
Comment avoir imaginé un jour que les deux fils suivants Sidi Mohammed et Sidi Rachid, toujours présentés aux côtés de leur père Hassan II , depuis leur plus jeune âge, dans toutes ses activités officielles, puissent gouverner un jour d’une autre façon que celui qui les a formés à l’absolutisme depuis leur plus tendre enfance ?
Leur frère aîné, né de l’épouse française de Hassan II , élevé en France et qui était ou est toujours médecin, ferait sans doute un meilleur successeur de son père Hassan II pour le peuple marocain car il ne peut qu’être mieux exercé à la démocratie que son jeune frère Mohammed VI .
Apparemment, personne au Maroc ne s’est jamais intéressé au fils aîné de Hassan II qui devrait être, en tant que fils aîné du descendant du prophète, son successeur légitime.
C’est surprenant mais cela ne regarde que le peuple marocain .
3. Maroc : le régime chérifien résiste aux tentations démocratiques, 8 octobre 2007, 04:12
RESPECTEZ L HISTOIRE ET LES MORTS. VOUS DITES N IMPORTE QUOI SUR BASRI.
TOUTE LES PERSONNES QUI VOULAIENT TUER HASSAN2 ETSES ENFANTS POUR EN FINIR AVEC LA MONARCHIE SONT RENTREEZ DANS LE RANG A PARTIR DE 1998. AUJOURDHUI ILS PLUS ROYALISTE QUE LE ROI ! FEU SON EXCELLENCE DRISS BASRI N APAS FAIT QUE GAGNER SUR TOUT
MAIS IL LES A TELLEMENT BIEN RETOURNE QU ILS ONT VENDU LEURS AMES AUX MAKZEN ETLEUR SOIS DISANT IDEAUX ET CONVICTIONS POLITIQUES SONT DEVENUS POUSSIERE. L ARGENT CHANGE MEME LES PLUS GRANDS DEFENSEURS DES DROITS DE L HOMME, IL SONT DEVENUS LES BOUCLIERS DE LA MONARCHIE RESPONSABLE DE TOUT. DRISS DOIT BIEN RIGOLAIT DE LA HAUT.
ET DETROMPEZ VOUS , IL NETAIT PAS APRECIE DE FEU LES GUCHISTES QUI NE SONT RIEN AU MAROC. MAIS ADULE DU PEUPLE MAROCAIN DANS SA MAJORITE , ILS SONT FIER DE LUI CAR IL ETAIT DES LEURS.