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"Marx penseur de la démocratie"

Publie le lundi 9 février 2009 par Open-Publishing
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Un texte épatant, daté de mars 2006, trouvé sur le non moins épatant site (à consulter fréquemment) "SémiMarx"

suivi d’autres textes et réflexions de très grande qualité, par exemple (petite sélection perso) :

STATHIS KOUVELAKIS : "Sur l’histoire de la notion de « dictature du prolétariat » : le débat dans le PCF 1966-1972

Slavoj ZIZEK : "Etat d’urgence et dictature révolutionnaire"

Luciano Canfora, « La parabole de la gauche : la fin de l’utopie

Bon appétit !

 ;-)


Introduction

de Norbert Lenoir

"Pourquoi lire Marx aujourd’hui alors que les classes sociales ont été remplacées par les tribus, les ethnies et autres formes de revendications identitaires ? Ah quoi bon le lire alors que le terme même de prolétariat a disparu des discours y compris au sein du parti communiste ?

Alors, Marx n’est-il pas un signifiant sans signifié, une pensée morte pour notre présent qui ne propose plus d’autre programme aux exclus – ils ont remplacé les exploités et opprimés d’autre fois – que de s’intégrer à une société que l’on n’accuse même plus d’exclure ?

Autre fait d’importance qui semble régler le compte de la pensée de Marx : le tribunal de l’histoire : l’effondrement des régimes communistes de l’Est n’est pas un événement parmi d’autres pour le philosophe. Cet effondrement est l’effondrement à la fois économique et moral d’une pensée qui voyait justement dans l’économie le moteur de
l’histoire humaine et qui a donc était jugée sur le terrain même où Marx souhaitait qu’on le jugeât.

La réalité sociale a refusé de se plier à ce projet du « règne de la liberté » (note 1) De cet échec, qui est à la hauteur de l’utopie brisée, aucun philosophe ne peut entièrement se réjouir.

Car il est aussi l’échec de la philosophie dans sa volonté, souvent affirmée depuis Platon, de transformer le monde.

Tout semble nous dire – l’événement de la faillite communiste dans les ex-pays de l’Est, les médias – que ceux qui continuent à porter un intérêt aux textes de Marx
sont une espèce manifestant les symptômes d’une maladie intellectuelle incurable : fossilisation de l’intellect dans des catégories de pensées illusoires et totalitaires.

Mais précisément, cet échec de la transformation du monde nous impose de réfléchir sur l’interprétation que Marx nous donne de la politique. Cette réflexion sur l’interprétation marxiste de la politique ne se veut surtout pas une énième relecture de toute la pensée de Marx.

Non ! Mais il s’agit bien plus modestement de repérer quelques points conceptuels dans des textes de Marx qui permettent une réflexion intéressante et toujours actuelle sur la nature de la démocratie.

Notre Marx sera ni un doctrinaire qui accouche d’une conception du
monde, ni un messie qui dispense une nouvelle religion à vocation historique, mais un théoricien de la démocratie.

Je suis conscient que ce Marx paraît être surprenant, voire même un Marx frelaté tant il semble évident que chez Marx la politique relève que du jeu de la superstructure et que « l’existence de l’Etat et l’existence de la servitude sont indissociables ».(note 2)

Effectivement, Marx développe un discours négatif à l’égard de l’Etat. Il
n’est « qu’une communauté illusoire », nous dit-il dans L’idéologie Allemande , qui souhaite cacher la domination de la classe économiquement la plus puissante.

Certes, mais est-ce à dire que Marx n’a pas développé de discours positif sur la politique, est-ce signifier que la politique est éternellement vouée à être le masque d’une domination d’origine économique ?

L’affirmation d’un dépérissement de l’Etat n’est ni synonyme de l’éclipse du politique chez Marx, ni le refus de s’interroger sur l’alliance possible de la liberté et de la politique.

Cette alliance existe bel et bien chez Marx. Et cette existence repose sur une critique de la démocratie. Critique non pas au sens d’une dénégation, mais au sens de discernement : discerner dans des formes historiques de la démocratie, les conditions de possibilité de la liberté politique.

Ce discernement marxiste de la démocratie ne s’est pas effondré avec le mur de Berlin, il est pour nous toujours d’actualité. Il nous permettra de nous interroger sur ce paradoxe contemporain : faire du peuple le souverain et lui refuser la participation au pouvoir.

Si la pensée de Marx a peut-être perdu sa vertu de programme pour une révolution mondiale, elle a la vertu de proposer une rectification de nos concepts que nous utilisons pour légitimer notre démocratie.

Ce qui demeure vivant chez Marx, c’est peut-être moins une pensée
économique visant la transformation du monde, qu’une interprétation de la démocratie pouvant nous aider à rectifier certains abus de langage reliés à des tendances oligarchiques de notre présent.

Notre propos aura deux parties et non trois comme le voudrait une pensée marxiste convenue obsédée par la synthèse dialectique :

 La première s’intéressera à la définition critique de la démocratie et à la définition originale de la politique qu’elle engage.

 La seconde tentera de mesurer les effets de cette définition sur notre présent politique.(...)"

La suite ici : (PDF à télé charger)

LENOIR Marx penseur de la democratie

Bio N. Lenoir

"Né à Marseille le 18 septembre 1963, Norbert Lenoir a fait ses études au Lycée Marseilleveyre de Marseille. Par la suite il poursuit des études de Philosophie à l’Université de Provence I qui le conduisent à passer les concours de l’enseignement CAPES et Agrégation de philosophie.

Sa thèse "Domination et légitimité.Deux stratégies d’interrogation du politique chez JJ Rousseau" soutenue en 1998 lui permet d’occuper des fonctions universitaires à Aix-en-Provence.

1989-2007 Professeur de philosophie aux lycées de De Saint-julien en Genvois,de Tournon, de Vitrolles.

1998-2007 Chargé de cours à l’IUFM d’Aix-en Provence

2001-à ce jour Chargé de cours au département de philosophie de l’Université de Provence I

2007 à ce jour Professeur en classes préparatoires au lycée Masséna de Nice. "

http://www.puf.com/wiki/Auteur:Norbert_Lenoir

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