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Médecine du Travail : quand un syndicat approuve un « décret MEDEF »

Publie le jeudi 26 août 2004 par Open-Publishing
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Partie intégrante de la « refondation sociale » du MEDEF, la réforme de la médecine du travail reçoit l’aval d’un syndicat de salariés qui y voit Des évolutions positives pour la santé des salariés.

Un décret, publié le 30 juillet au Journal officiel, prévoit notamment
 le plafonnement à 450 du nombre d’établissements par médecin du travail à temps plein (200 à 300 actuellement), à 3.200 du nombre annuel d’examens médicaux, et à 3.300 de l’effectif de salariés placés sous surveillance médicale (2700 actuellement).
 La visite médicale portée à deux ans (1 an actuellement), sauf pour certaines catégories professionnelle « à risque », dont la liste est « à négocier » (sic !)
 L’obligation de complémentarité des médecins du travail avec d’autres professionnels de santé (non protégés, soumis de fait à l’employeur
La CGC, pourtant signataire avec le CFDT et la CFTC de l’accord de 2001 dénonce la prévision de suppression de 1000 postes de médecins du travail !
La CGT dénonce Un décret estival paralysant davantage la médecine du travail.
Même le Conseil de l’Ordre des Médecins le dénonce !

Après les mauvais coups de la réforme de la Sécu par Douste Blazy, globalement approuvée par la CFDT, ce gouvernement à la solde du MEDEF s’attaque à la prévention des maladies professionnelles, déjà largement sous-déclarées !

On assiste à une explosion des maladies professionnelles : cancers, maladies chroniques dues aux toxiques chimiques ou physiques, stress, troubles musculo-squelettiques.

Alors que le risque Amiante a été nié par les employeurs, de même celui des éthers de glycol, on accroît la charge de travail de chaque médecin de 30%, et la médecine du travail, pourtant de la responsabilité de l’Etat, reste entièrement sous la coupe des employeurs (ce que dénoncent les rapports 2003 et 2004 de l’IGAS).
Les quelques strapontins offerts aux syndicats, qui devront « se mettre d’accord pour leur désignation » (sans référence à leur représentativité, la CFTC a donc autant de poids que la CGT) dans les conseils d’administration des Services de Santé au Travail ne peuvent faire illusion : ce sont les délinquants, les patrons, qui sont aux commandes, avec l’aide de certains syndicats (comme à la Sécu, ou à l’UNEDIC et dans tous les organismes paritaires) !

Imagine-t-on un code pénal élaboré par les criminels et les voleurs ? Imagine-t-on la prévention des crimes et délits confiée à ces mêmes criminels et voleurs ? Imagine-t-on de leur confier la reconnaissance du rôle de « victime » ?

Et bien, c’est ce qui se passe pour la Santé au travail : ce sont les patrons qui dictent les règles du jeu, qui battent la cadence des galériens, ...et les ouvriers qui crèvent !
Ce sont les patrons qui peuvent mettre en concurrence les Services de Santé au Travail, licencier un médecin du travail, décider de son déplacement !

686 accidents mortels, 34 517 maladies professionnelles reconnues, 331 décès suite à maladie professionnelle (96 en 1996), 24 220 incapacités permanentes reconnues (10 120 en 1996) en 2001.
1 000 000 de victimes potentielles de l’amiante !

C’est criminel ! A-t-on jamais vu un patron en prison ?

Patrice Bardet, militant Ufict-CGT, salarié de la Sécu

Pour plus de connaissances :

Une démédicalisation de la santé au travail se profile

Un décret torpille la médecine du travail

fichiers joints :
 manifeste du 11 juin 2004 « Si le décret MEDEF sort.. » du SNPMT et de la SMT
 communiqué de presse du 19 août 2004 du Syndicat National Professionnel des Médecins du Travail
  page 1 du n°12 du Journal des Médecins du Travail « Paritarisme : une gestion qui d’avère en pratique inéquitable » (si quelqu’un peut trouver la suite de l’article...)

Site du SNPMT

Messages

  •  Sur le principe de la définition de la responsabilité de l’employeur, c’était déjà le pricncipe général auparavant. Ce n’est pas une raison pour s’y résigner ! Et il est inacceptable d’organiser l’irresponsabilité de l’employeur
     Ce décret aggrave encore la situation et dénature encore un peu plus la médecine du travail
     C’est l’employeur qui décidera si un salarié doit passer une visite tous les deux ans ou plus rapprochée
     En quoi la définition du l’emploi ou du poste à risque peut-il se "négocier" ?

    Compléments :
     On peut penser que l’on voudrait cantonner le medecin du travail à délivrer des certificats d’aptitude à la chaîne.
     Un précédent décret une fois de plus scandaleux (préparé par les socialos, publié par ce gouvernement !), prévoit des visites médicales d’aptitude à l’exposition de produits toxiques ! Comble du cynisque, on demande donc au médecin du travail si un salarié est apte par exemple à inhaler un produit cancérigène, dégageant l’employeur de sa responsabilité...
     à propos de l’amiante : les premières alertes ont été données par le Docteur MURRAY en 1900, et Denis Auribault, inspecteur du travail de Caen en 1905. Lire (pour faire court) :Au nom du profit on a sacrifié des vies humaines

    NE LAISSONS PAS NOTRE SANTE, NOTRE VIE aux mains des patrons. EXIGEONS une médecine du travail indépendante des employeurs

    RESISTANCE !

    Patrice Bardet