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Mexique : Une même lutte pour le droit à l’Education par delà l’océan (video)
Publie le dimanche 30 novembre 2008 par Open-Publishing2 commentaires

L’éducation est un droit à défendre à tous prix, partent de ce postulat tous ceux qui voient clair dans les assauts permanents des politiques néo-libérales, tous ceux qui se battent contre une marchandisation des savoirs et contre un nivellement par le bas du niveau des élèves.
L’Ecole ne peut ni ne doit participer de ces grandes pelletées dans le précipice entre riches et pauvres. Il semble que non seulement cette idée soit la clé de voûte des mouvements prenant de l’ampleur en Italie, en France, mais qu’en plus elle soit largement partagée à "l’autre bout du monde"... au Mexique.
En mai 2008, le gouvernement du président mexicain Calderon (considéré par beaucoup comme illégitime depuis une victoire pour le moins contestables) lança un grand plan de réforme du système éducatif mexicain dont on imagine bien la teneur, l’Alliance pour la Qualité de l’Education (ACE) résulte d’un accord entre le gouvernement et celle qui lui sert de fusible depuis la naissance du mouvement, Elba Esteger Gordillo mais, comble de cette dérision bien connue dans dans nos contrées, cette femme se trouve être la patronne du syndicat des enseignants que certains surnomment “la Maestra”. Elle apparaît depuis 3 mois, aux yeux des acteurs directs et indirects du système éducatif, comme l’incarnation de la trahison de la base du SNTE ( Sindicato Nacional de Trabajadores de la Educacion) et par extension du peuple mexicain.
Un plan d’action nationale contre la ACE a été mis en place mis en place dans 18 Etats du Mexique rassemblant enseignants, parents d’élèves et étudiants qui, conscients des défaillances du système, ne sont pour autant pas dupes de ce que le gouvernement propose.
Au delà de l’objectif officiel de l’ACE est d’en finir avec le caractère "héréditaire" du recrutement des enseignants, d’incorporer les écoles normales au sein des universités, ou encore la privatisation des examens pour l’accès au professorat.
Les opposants à cette réforme ont à se battre contre tout un appareil gouvernemental armé d’un pseudo-dialogue social avec la dirigeante de la SNTE, de policiers anti-émeute et même de l’armée envoyée à Cuernavaca. Les enseignants se voient accusés, selon l’article 145 du Code Pénal fédéral, du délit de "disolución social", cet article qui permet d’envoyer l’armée et de museler toute contestation sociale a servi lors des "guerres sales" livrées entre autres par Gustavo Diaz Ortaz (1964-1970)et Luis Echeverria (1970-1976)est aujourd’ui remis au goût du jour par Felipe Calderón.
Le 10 novembre dernier, dans l’Etat de Guerrero, près de 25000 enseignants ont investi les rues et bloqué les voies d’accès à la ville de Chipalcingo
une contestation massive qui prit naissance dans l’Etat de Morelos dès la rentrée 2008 :
L’avocat de l’Assemblée des représentants déclarait le 24 octobre 2008 lors d’une table ronde présidée par le philosophe Orozco Garibay
Le gouvernement du Président Calderon prétend imposer un modèle selon lequel l’enseignant serait rétribué à hauteur de 60% de son salaire en fonction de la réussite des élèves aux examens. Il s’agit d’évaluations standarisées qui ne tiennent compte ni de la situation multiculturelle des différentes régions ni de la problématique sociale des élèves, ni d l’avis du professeur. Il y a tout simplement du mépris pour le droit salarial et celui des travailleurs."
De même, il dénonce la précarisation de l’enseignement, en effet dans l’état de Morelos comme dans l’ensembe du pays, il existe des enseignants qui malgré 15 ans d’ancienneté ne disposent pas d’un contrat solide et peuvent être licenciés sans aucune indemnité. l’ex secrétaire à l’Education Publique, Lorenzo Gómez Morín, a calculé que la moitié des postes attribués dans le cadre de l’Alliance ne l’ont pas été par voie de concours
L’enseignante María de la Luz Arriaga, experte en politique éducative, constate avec amertume une détérioration toujours plus grande de la qualité de l’enseignement , encore accentuée par la ACE :
"L’Alliance prétend en finir avec la formation de la pensée critique, évincer toute velléité de reflexion. On cherche à contrôler et à créer des personnes dociles au service des transnationales.L’éducation ne consiste pas seulement à mémoriser, c’est acquérir une capacité à la vie-même."
La seule réponse du gouvernement au mouvement, c’est la répression armée, des incarcérations arbitraires, de nombreux citoyens (enseignants mais aussi parents d’élèves et étudiants) ont été blessées lors des rassemblements et actions qui ont eu lieu dans plusieurs régions (Morelos, Quintana Roo, Guerrero, Veracruz, Puebla, Hidalgo, Coahuila et en Basse Californie) dans l’indifférence des médias européens.
Ces évenements ravivent le goût amer de la sanglante répression de la Place de Tlatelolco en 1968, très bien racontée par Paco Ignacio Taibo II dans son livre "68".
Diminution du nombre de postes, privatisation du système éducatif, fin des concours naionaux, en droite ligne du socle commun de l’OCDE, l’ACE serait soutenue par Paul Wolfowitz le directeur de la Banque Mondiale..., d’aucuns vont encore rire très fort en hurlant au conspirationnisme, assez fort pour dissimuler leur manque d’arguments face à une politique, à l’évidence, globale. Combien de temps vont-ils encore rire face à la montée en puissance de la contestation d’un bout à l’autre de la planète ?
Si nous nous tenons pour dit que le hasard fait bien les choses, on peut douter du caractère fortuit de cette casse globalisée, de cette mise à bas d’un système éducatif, certes discutable et qu’il convient de réformer, mais que sous-couvert de réforme on dépouille, ici comme ailleurs, de ses effets les plus égalitaires.
Combien d’hommes et de femmes devront encore lutter pour l’avenir de leurs enfants, pour qu’ils ne deviennent pas de la "chaire à finance" avant que les autres sortent de leur aveuglement ou de leur résignation ?
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Art. de Ezequiel Flores Contreras (El Proceso), 11 novembre 2008.
Art. de Manuel Fuentes Muñez,(El Proceso), 04 novembre 2008.
Messages
1. Mexique : Une même lutte pour le droit à l’Education par delà l’océan (video), 1er décembre 2008, 14:57, par rastignac
Une situation dont nous n’avons entendu parlé nulle part, nul doute que il y a une même volonté de casse de l’éducation publique un peu partout...
Merci pour ce bel article, bien documenté et d’utilité publique !
1. Mexique : Une même lutte pour le droit à l’Education par delà l’océan (video), 2 décembre 2008, 13:22, par ML
Il doit y avoir une convergence des luttes et cet article y participe, tout simplement merci !!!