Michel Fiant est mort

Les Alternatifs
19 septembre 2007
par fp

Ont la tristesse de faire part du décès de leur camarade et ami Michel FIANT militant de toute une vie pour un nouveau projet d’émancipation sociale et démocratique. Ils saluent celui qui fut théoricien et militant d’un socialisme autogestionnaire, féministe, écologiste et altermondialiste. Ils témoignent de toute leur amitié sa famille et ses proches.

Une cérémonie aura lieu le mardi 25 Septembre au funérarium de l’hôpital Font-Pré 1208 Av Colonel Picot 83100 Toulon

PAR AILLEURS UNE SOIREE D’HOMMAGE A MICHEL SERA ORGANISE AU 40 RUE DE MALTE VENREDI 28 SEPTEMBRE A PARTIR DE 19 H

- Militant trostskyste après la guerre, Michel Fiant avait activement participé au développement du mouvement des Auberges de jeunesse, et au soutien à la Yougoslavie de Tito contre le stalinisme, puis, pendant la guerre d’Algèrie, fit partie de celles et ceux qui mirent en place les réseaux de soutien à la lutte de libération.

- Très tôt, il mit en cause l’avant-gardisme bolchévique, pour agir au sein du courant issu de la 4e internationale qui rompit avec le dogmatisme pour s’orienter vers l’autogestion et le soutien actif aux luttes de décolonisation. Il participa ainsi activement à l’Alliance Marxiste Révolutionnaire, puis aux CCA, fut l’un des fondateurs de l’Alternative Rouge et Verte, enfin, il y a une dizaine d’année, des Alternatifs.

- Cette fidélité au combat autogestionnaire s’accompagna de la volonté constante de rechercher les convergences les plus larges pour la transformation radicale de la société. Il participa avec passion aux démarches engagées depuis plusieurs années pour rassembler une gauche anticapitaliste et pour un nouveau projet d’émancipation.

- Les Alternatif saluent celui qui fut théoricien et militant d’un socialisme autogestionnaire, féministe, écologiste, altermondialiste, et témoignent de toute leur amitié à ses proche

Jean-Jacques Boislaroussie

Messages de sympathie et témoignages :

Chers camarades,

j’ai la peine de devoir vous annoncer le décès de Michel Fiant, membre des "Alternatifs" , qui résidait dans le Var. Michel Fiant est décédé à l’hôpital de Toulon , ce jour mercredi 19 septembre 2007 à 11 heures, des suites d’un cancer très douloureux.

Nous avons milité très longtemps ensemble dans le courant trotskiste dit "pabliste" de 1950 à 1981. Tout en pratiquant un travail révolutionnaire entriste, anti-stalinien, au sein du parti communiste, dans le cadre du bulletin Tribune de discussion et syndicaliste de la CGT chez Dervaux. Il a participé comme nombre d’entre nous au travail de soutien clandestin à la révolution algérienne. Il fut inquiété, arrêté et relâché, fautes de preuves, pendant cette période. Membre du Bureau politique du PC Internationaliste et membre du Comité exécutif de la 4e internationale.

En 1965, favorable à l’orientation de Michel Pablo donnant la priorité politique dans la conjoncture internationale à la "révolution coloniale " il fut exclu, comme ses camarades "pablistes" par la fraction de Pierre Frank- Lequenne-Krivine lors d’un dit "congrès" , fractionniste, clandestin et scissionniste dont cette tendance n’osa jamais se réclamé dans son histoire...

Responsable au sein du BP de l’AMR (Alliance marxiste-révolutionnaire), du travail en direction de la jeunesse, il gagna à notre cause Maurice Najman et nombre d’autres militants de qualité. Dans le regroupement des partisans de l’autogestion au sein du PSU, il fut désigné membre du Bureau national de cette organisation.

Après la fondation des Comités communistes pour l’autogestion (CCA), nous nous sommes séparés sur la décision que choisirent les CCA de se présenter aux élections parlementaires, qui suivirent l’élection de F.Mitterrand...

Après le regroupement autour de la candidature de Pierre Juquin , il fut, avec ce dernier, un des responsables politiques qui créèrent l’Alternative rouge et verte, qui se transforma en "Alternatifs". Il n’épargna jamais ses efforts, jusqu’au bout, au service de l’idéal socialiste, pour l’émancipation sociale, politique et culturelle de l’humanité .

Que le camarade et responsable politique, qui fut aussi Michel mon beau-frère, reçoive ici notre hommage militant et fraternel. Que nos camarades des "Alternatifs" reçoivent notre solidarité et notre amitié.

Gilbert Marquis.

Comme pour beaucoup cette nouvelle m’attriste. Michel fût de tous nos combats, en particulier pour cette alternative à gauche unitaire, rouge et verte, que nous cherchons malgré tous les obstacles récents à construire ensemble parce qu’il n’y a pas d’autre solution pour mettre en échec le capitalisme néo-libéral. Mes amitiés aux Alternatifs. Quand l’un(e) d’entre nous s’en va, c’est un peu de nous-mêmes qui part. Continuons son combat, nos combats ! Michel Rousseau

mauvaise nouvelle ! je partage tout à fait la teneur de ce texte qui lui en revanche est le bienvenu à bientôt ? amitiés et bon courage bernard defaix (bernard est porte parole de la convergence pour les services publics)

Je suis très peiné, réellement. Comme nous le sommes au moment de la mort d’un ami. Je ne peux pas facilement le séparer de celui qui le premier me le fit connaître, notre Maurice Najman. Michel me manquera longtemps, lui aussi. Evidemment, nous nous attendions à une mauvaise nouvelle : Michel ne faisait pas mystère de sa maladie, et depuis des mois il n’était pratiquement pas de semaines sans que je demande de ses nouvelles.

Mes dernières rencontres avec lui me sont pleinement en mémoire et je tiens à ce qu’elle le reste. Il interrogeait sans relâche pour s’assurer que toutprojet politique alternatif à ce système comporte la priorité de construireune démocratie radicale avec les possibilités des femmes et des hommes telsqu’elles et ils sont aujourd’hui. Michel, au travers d’une expérience longue et d’une continuité militante qu’il faudra bien rappeler et décrire, était un militant dont l’ouverture d’esprit appelait le respect. Je m’imagine votre tristesse et je la partage. Pierre Cours-Salies

Jean-jacques Je vient d’apprendre la mort de Michel Fiant. Je souhaitais te dire en mon nom personnel mais aussi au nom du mouvement politique que nous nous associons à votre tristesse. Michel était de ces militants qui ont su conserver une boussole tout au long de sa vie. Dont, peut-être la plus importante, celle de l’honnêteté et du désinteressement politique. Fraternellement eric coquerel Président du Mars-Gauche Républicaine

Cher Jean-Jacques, comme j’ai conscience qu’un décès provoque souvent des paroles convenues et d’un formalisme épouvantable, je teins à te dire qu’en ce qui me concerne il n’en est rien. Je suis réellement bouleversé. J’ai connu tardivement Michel (en 2001) je crois, un peu avant la Présidentielle, dans une de ces nombreuses tentatives de regroupement de la gauche dite, à l’époque, critique. C’est la notion d’autogestion qui d’abord nous a rapprochés ; dans un premier temps lors de ces tentatives, puis à l’OMOS dans le cadre d’échanges fructueux, puis un réel sentiment de sympathie a caractérisé nos rapports. Je pense que la disparition de Michel est une perte, pour vous je l’imagine sans peine, pour nous tous aussi. Je ne connais pas sa famille et donc ne me sent guère en situation de m’adresser à elle, mais si tu pouvais lui dire combien Michel était reconnu au-delà du cercle militant que tu évoques, ce serait lui rendre une certaine justice. Merci de le faire. Pierre Zarka

Bonjour à tous,

Nous sommes des militants politiques, camarades de lutte, compagnons de combat pour un monde meilleur,...cela ne nous empêche pas d’être avant tout des êtres sensibles. La nouvelle du décès de Michel Fiant m’a boulversée. Je savais pourtant qu’il était malade, j’avais compris en le voyant ces derniers temps combien il était affaibli. Même si je m’y attendais, sa disparition me touche énormément. J’ai eu la chance de le cotoyer depuis son installation dans le Var, dans le cadre des Alternatifs. C’est une personne pour qui j’avais beaucoup d’admiration et d’affection. J’ai énormément appris auprès de lui, j’ai pu apprécier sa sagesse, sa pudeur, sa dignité, sa classe, sa disponibilié, sa simplicité, son auto-dérision et son humour ! Je n’ai pas l’habitude d’idolâtrer qui que ce soit, mais je dois reconnaître qu’il était une sorte de modèle, de repère pour moi. Un grand bonhomme comme on en rencontre peu. Un puits de savoir inouï, intègre, juste, humble et drôle. Je lui suis reconnaissante de m’avoir fait confiance. Il me prenait au sérieux et m’encourageait dans mes engagements politiques. Il va me manquer et je ferai de mon mieux pour lui rendre hommage à chaque fois que je le pourrai. Après et malgré la tristesse, il nous reste à continuer nos luttes. Il y a mille raisons d’espérer et d’avoir envie de changer ce monde ! Magali

Perdre un camarade...

Qu’il est difficile de supprimer un nom dans son répertoire... On n’a pas envie d’y croire. Comme si en l’effaçant d’un fichier, d’une liste, on effaçait sa vie, on le faisait mourir un peu plus.

J’ai gardé très longtemps les coordonnées d’une personne disparue avec qui j’avais milité, avant de les gommer dans mon carnet d’adresses. Je le connaissais peu, mais je n’arrivais pas à renoncer à cette trace de lui, cette preuve de vie, à barrer définitivement son existence. En consultant ce carnet je tombais parfois sur son nom et j’aimais m’en souvenir, me replonger dans ce que nous avions partagé.

Aujourd’hui je n’ai plus envie de m’obliger à faire disparaître ces personnes qui ont compté, d’une façon ou d’une autre. J’ai envie que les morts aient leur place dans mon répertoire. Comme pour leur rendre un hommage, prolonger les souvenirs, leur reconnaître une raison d’être au milieu des vivants. Ils n’ont pas vécu en vain, le vide qu’ils laissent emplit nos mémoires.

Tant pis pour le pincement au cœur à chaque fois, tant pis pour la place « perdue » qui pourrait être prise par un, une autre.

Mes morts, mes souvenirs, vous qui avez compté et qui comptez encore, je vous garde auprès de moi, je vous fait une place, pour prolonger vos engagements, vos combats qui sont aussi les miens. Comme un clin d’œil que vous pourriez m’adresser, pour m’aider à me souvenir de ce qui est juste, important, essentiel.

Merci à vous d’avoir été, et d’être encore là, tant que nous saurons nous souvenir.

Merci de nous projeter vers la vie, parce que malgré tout elle continue !

Magali

Salut Michel

Michel Fiant est décédé à l’hôpital de Toulon des suites d’un cancer.Il avait plus de 80 ans mais des dizaines d’années de militantisme au service du mouvement ouvrier . Il était militant des « Alternatifs » après avoir suivi les trajectoires de ses camarades « Pablistes »à l’AMR, ou aux CCA.à la suite de la rupture de ce courant dirigé par Michel Pablo,avec la IVe Internationale en 1965. Mais les jeunes générations ignorent le rôle essentiel de Michel Fiant « Morel » dans la crise des Etudiants communistes de 1961 à 1965 et la création des JCR. Je fus très proche de lui pendant toutes ces années et ses conseils furent décisifs dans cette bataille politique. Encore jeune communiste, c’est lui que je rencontrais en 1957 pour participer à l’aide clandestine à la révolution algérienne .

Il me fit rejoindre une organisation dont il était à la direction : « Jeune Résistance » et qui faisait un travail dans l’armée. Par la suite c’est en partie grâce à lui que je rejoins le PCI (section française de la IVe Internationale) dont il était un des principaux dirigeants.

A partir de 1961,il va s’occuper du petit groupe d’étudiants communistes qui avait adhéré au PCI mais qui avait réussi à construire une opposition de gauche dans l’UEC et qui était majoritaire à la Sorbonne (environ 5OO adhérents...)Sans être étudiant ,Michel Fiant avait appris à connaître tous les protagonistes de cette crise et ses conseils étaient précieux. Pas toujours facile à vivre et connu pour quelques colères celêbres,notamment contre Pierre Frank, ancien compagnon de Trotsky et principal dirigeant du PCI, Michel était un militant au dévouement sans borne que la LCR n’oubliera pas quelle qu’ait été nos trajectoires par la suite.

Salut et respect, Michel

Alain Krivine

J’ai appris avec tristesse le décès de Michel Fiant. Au nom de la commission Transnationale des Verts, je voudrais saluer sa mémoire et adresser par votre intermédiaire nos condoléances à sa famille et à ses proches et également aux Alternatifs. Sergio Coronado Commission transnationale Les Verts

Article publié dans le numéro d’octobre de L’Emancipation syndicale et pédagogique, revue nationale d’une tendance syndicaliste enseignante, l’Emancipation,

Michel Fiant

Émancipation rend hommage à Michel Fiant, qui vient de nous quitter. Du Comité Exécutif de la IVe Internationale jusqu’à ses responsabilités au sein des Alternatifs, son investissement militant était surtout politique, même si Michel a été aussi syndicaliste CGT. Nous insisterons ici sur deux aspects de cette forte personnalité.

Michel Fiant était issu de cette génération de militants trotskistes de l’immédiat après-guerre, à la fin des années 1940. Les trotskistes, peu nombreux, payaient de leur personne et devaient faire montre de courage politique pour combattre durement – tout comme d’autres courants révolutionnaires – la société capitaliste et le stalinisme bien sûr, mais aussi toutes les bureaucraties, et ce au nom de la démocratie ouvrière. N’ayant jamais renié ses origines politiques, Michel fait partie de ces militants qui ne se sont jamais intégrés dans un appareil, mariant la réflexion théorique et l’engagement pratique dans les tâches politiques. Il incarnait aux yeux de beaucoup la synthèse entre le meilleur des traditions du mouvement ouvrier, et l’attention aux novations portées par le mouvement social (dans la dernière période, il s’était plus particulièrement intéressé au mouvement altermondialiste, dont il avait très tôt perçu la dynamique).

Michel était notamment l’un des penseurs de l’autogestion, et cet aspect nous concerne très directement en tant que syndicalistes révolutionnaires, qui nous référons aussi à l’autogestion. L’autogestion comme but, comme pratique, et aussi comme culture irriguant le mouvement social. L’autogestion comme réflexion globale et comme alternative au capitalisme, dans laquelle le projet d’un système éducatif égalitaire et coopératif aurait toute sa place.

Émancipation assure de toute sa sympathie la famille de Michel (notamment sa fille Laurence) et ses camarades (Michel était une référence pour beaucoup de militants).

La lutte continue, mais le camp des travailleurs et des opprimés a perdu un ardent défenseur.

FP

publié par P. Bardet

remarque : je ne connaissais pas Michel. Peut-être et certainement aurait-il pu être de mes amis, intimes si j’avais eu cette chance. A coup sûr, en ce cas, on se serait chamaillés.

A coup sûr, j’aurais eu de l’estime pour lui, malgré nos divergences et différences. A coup sûr, si je l’avais connu, jamais je ne pourrais l’oublier