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Milan : nouvel échec électoral pour Berlusconi

Publie le lundi 28 juin 2004 par Open-Publishing

par Crispian Balmer (www.liberation.fr)

ROME - Forza Italia de Silvio Berlusconi a essuyé dans son fief
politique de Milan une nouvelle défaite cinglante à l’occasion du
second tour des élections locales de dimanche.

Si les projections se confirment, cette contre-performance accentuera
la pression sur le président du Conseil italien pour qu’il accorde
plus de responsabilités à certains de ses alliés au gouvernement, ce
qui ne manquera pas d’exacerber les tensions au sein de sa coalition
de centre-droit.

Selon les sondages sortie des urnes publiés dimanche soir, Forza
Italia et ses alliés ont perdu le contrôle de la Lombardie, obtenant
45,7% des voix contre 54,3% au candidat de l’opposition de centre-
gauche.

"Comment ne pas interpréter la victoire à Milan comme un signal
politique valable pour l’ensemble du pays", a commenté Romano Prodi,
chef de file de l’Olivier (opposition de centre-gauche) et président
sortant de la Commission européenne.

Ce scrutin local, qui concernait au total 22 provinces et 101
communautés, est intervenu deux semaines après les élections
européennes marquées par un effondrement de Forza Italia alors même
que ses alliés politiques marquaient des points.

Ebranlé par cette défaite, le "Cavaliere" a fait savoir qu’il était
prêt à céder des demandes réitérées de certains de ses alliés, qui
souhaitent plus de responsabilités dans l’élaboration de la politique
économique.

Une lourde défaite à Milan, où Berlusconi possède la prestigieuse
équipe de football du Milan AC ainsi qu’un empire industriel et
médiatique, affaiblirait un peu plus son autorité et ferait
s’interroger sur ses liens étroits avec la Ligue du Nord, une
formation régionaliste xénophobe et antieuropéenne.

REMANIEMENT ATTENDU

Le président du Conseil a toujours paru favoriser la Ligue au sein du
gouvernement de coalition, au grand dam de ses deux autres alliés
politiques, les néofasciste de l’Alliance nationale et les centristes
de l’UDC, qui sont bien implantés dans le sud de la péninsule.

"L’ère des vaches grasses est bel et bien révolue. A partir de
maintenant, nous sommes tous des fils prodigues ou bien personne ne
l’est", a estimé Ignazio La Russa, coordinateur national de l’AN.

"Milan, le laboratoire essentiel, prépare peut-être le début de la
fin de l’ère Berlusconi ?", écrivait pour sa part avant le scrutin un
commentateur dans le quotidien Il Messagero.

Le scrutin du week-end sonne en tout cas la fin d’une longue série de
consultations électorales en Italie qui a virtuellement paralysé la
classe politique transalpine et retardé d’importantes réformes
économiques alors même que la croissance traîne et que se creuse le
déficit budgétaire.

Berslusconi devrait tenter de reprendre l’initiative dès cette
semaine, avec la présentation d’un "mini-budget" d’ici le 3 juillet
pour essayer de colmater les déficits et un remaniement du
gouvernement attendu pour mieux refléter les équilibres politiques
après cette période électorale.

Selon des sources politiques, le "Cavaliere" pourrait dans cette
hypothèse créer un ministère entièrement dédié au Sud et amputer
d’une partie de ses prérogatives le ministre de l’Economie, Giulio
Tremonti, qui s’est opposé au chef de file de l’AN, Gianfranco Fini,
numéro deux du gouvernement.