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Mobilisation de la rue grecque

Publie le mercredi 5 mai 2010 par Open-Publishing
8 commentaires

Mobilisation de la rue grecque

mercredi 5 mai 2010 Par Stéphane Bussard

Aujourd’hui, la Grèce est paralysée par une grève nationale un jour avant que le parlement ne vote l’austérité

Un pays totalement paralysé. Aujourd’hui, la Grèce est confrontée à la troisième grève nationale d’envergure depuis le début de la phase aiguë de la crise financière. Tout s’arrête ou presque. Ecoles, universités, crèches, administration et ministères sont fermés, les avions cloués au sol et les ferries condamnés à rester dans les ports.

Le plan d’austérité adopté dimanche par le gouvernement de Georges Papandréou suscite une vague de protestations dans le pays. La pression de la rue monte d’autant que les mesures d’économies censées ramener le déficit budgétaire actuel de 13,6% du PIB à moins de 3% d’ici à 2014, seront soumises jeudi au parlement grec.

« Ce qui se passe en quelques mois en Grèce ne s’est pas produit pendant trente ans. Le pays entame une réforme sans précédent », relève Loukas Tsoukalis, président de la Fondation hellénique pour la politique européenne et étrangère à Athènes. Pour ce conseiller du président de la Commission européenne José Manuel Barroso, l’un des principaux ennemis de l’actuel premier ministre, ce n’est pas tant l’opposition que la société qui estime que le premier responsable de la crise grecque est la classe politique. « Les mesures prises sont douloureuses. Le niveau de vie des gens va chuter de 10 à 20% en raison de baisses de revenus et de hausses d’impôts.

Le moment critique interviendra cet automne, quand les mesures auront produit leurs effets. Et là, tout peut arriver. Si le programme d’austérité permet des résultats concrets (une stabilité des banques et des dépôts assurés, un taux de chômage qui n’explose pas), le gouvernement survivra. Dans le cas contraire, Dieu sait ce qu’il se passera. »

Loukas Tsoukalis fustige « l’irresponsabilité extraordinaire » des partis d’extrême gauche (12% de l’électorat) qui soufflent sur les braises du malaise grec en tentant « soit de grappiller quelques pour-cent pour les prochaines élections, soit de croire que la révolution est au coin de la rue ».

Membre du comité central du Syriza, coalition de la gauche radicale, Yiannis Bournous réfute l’accusation. Jeudi, il est important, souligne-t-elle, de « briser le silence imposé à la société grecque par les médias dominants.

Le gouvernement cherche à tirer profit de la crise pour abolir les droits sociaux. Nous voulons créer un front social contre la coalition des multinationales et des banquiers ».

Charalambos Kasimis n’entend pas exagérer la résilience des Grecs. Professeur de sociologie à l’Agricultural University of Athens, il constate que les gens sont en état de choc, incapables de mesurer l’étendue de la crise. Sous tutelle de l’Union européenne et du Fonds monétaire international, la Grèce a perdu son pan metron aristom, son juste milieu.

« Les gens autour de moi portent la crise sur leur visage. La classe moyenne va porter le gros du fardeau. Une majorité de Grecs pensent que nous payons le prix d’un système politique qui a longtemps été marqué par le clientélisme. Cette perception n’est pas sans conséquence.

Le 1er mai, à Corynthe, une parlementaire du Parti socialiste a été priée de ne pas revenir d’Athènes si elle vote en faveur du plan d’austérité. Ce même jour, l’ancien président du parlement grec, Apostolos Kaklamanis, a été séquestré et enfermé dans les toilettes d’un café. »

Politiquement, un consensus entre le Pasok et le principal parti d’opposition Nouvelle Démocratie existe, mais il est inconfortable pour cette dernière. Malgré les mesures impopulaires du gouvernement, le Pasok a toujours cinq points d’avance sur les conservateurs dans les sondages. Nouvelle Démocratie, dirigée par Antonis Samaras, n’en est pas moins tiraillée entre la nécessité d’appuyer le plan d’austérité pour faire oublier sa grande responsabilité dans l’effondrement financier de la Grèce et celle de ne pas être associé à Georges Papandréou dans la gestion de la crise. Jeudi, il n’est pas sûr que les conservateurs appuient le gouvernement.

Mardi, le ministre autrichien des Finances, Josef Proell, a été un exemple caricatural de l’attitude européenne dénoncée par les Grecs : « Quand on voit les mouvements de protestation en Grèce, notre patience, à moi et au reste de l’Europe, est quasiment à bout. » Loukas Tsoukalis ne s’en cache pas. Il faudra selon lui du temps pour réparer les dégâts causés par les dérapages verbaux et médiatiques entre la Grèce et l’Allemagne. « Certains médias allemands ont dépassé les limites et les Grecs ont riposté. » Même sentiment pour Charalambos Kasimis : « L’Allemagne ne s’est pas comportée comme un pays leader de l’Union européenne. Quant à l’aide financière de l’UE, elle est bien perçue. Ce n’est pas le cas de celle du FMI. Les Grecs ont le sentiment d’avoir perdu une partie de leur indépendance. »

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/47a5d2ec-57bb-11df-a088-8daf303d6575|1

Messages

  • selon des sources policieres :

    Près de 20.000 manifestants réunis à Athènes, 14.000 à Salonique

    ATHENES - Quelque 20.000 personnes étaient rassemblées mercredi à la mi-journée dans le centre d’Athènes et environ 14.000 à Salonique (nord) dans le cadre de la grève générale organisée par les grandes centrales syndicales grecques contre l’austérité, ont indiqué à l’AFP des sources policières.

    Près de 10.000 manifestants, massés sous un grand soleil derrière une banderole appelant à la "lutte contre les mesures antisociale" écoutaient des discours de dirigeants syndicaux des deux grandes centrales syndicales, la Confédération des salariés du privé (GSEE, 1 million d’adhérents), et celle du public (Adedy, 370.000) en attendant de commencer à défiler.

    Environ 14.000 manifestants étaient de leur côté réunis à Salonique, la grande ville du nord de la Grèce, selon des sources policières.

    A Athènes, de nombreux calicots tenus par les manifestants appelaient à "faire payer la crise par les riches" ou critiquaient l’UE et le FMI, qui ont obtenu que le gouvernement grec mette en place des mesures d’austérité draconiennes en échange d’un plan de sauvetage de la Grèce de 110 milliards d’euros sur trois ans.

    "FMI et UE nous volent un siècle d’acquis sociaux", proclamait l’une de ses banderoles.

    La manifestation a été convoquée à l’occasion d’une grève générale, la troisième depuis février, organisée par les deux centrales syndicales.

    De son côté, le Pame, front syndical du Parti communiste (KKE-ultra orthodoxe), refusant traditionnellement toute manifestation unitaire, a réuni environ 10.000 personnes sur une autre place de la capitale......

    http://www.romandie.com/ats/news/100505093104.t2rjibai.asp

  • ..."Ali Alo pour Maschero, Ali Alo,

    C’est toujours les p’tits qui paient pour les gros"...

    • Sur les chaines d information continue les journalistes n osent plus parler de "bandes de casseurs" et précisent même que des gens lancent leurs premiers cocktails molotov... faut croire que l’agitation est telle qu ils ont peur de se faire griller à force de mensonges éhontés ! Peut être qu’un jour en France ils tiendront aussi des discours plus proches de la réalité...

  • Nous devons prendre au sérieux les deux cent camarades grecs qui, hier, dressaient sur l’Acropole une immense banderole, appelant les peuples européens à se soulever.

    Un vent de révolution sociale souffle d’ores et déjà sur la vieille Athènes.

    L’Ennemi est clairement désigné : le Capital et toutes leurs représentations.

    Banques, supermarchés, ministères, etc. vont etre simultanément attaqué.

    Face à des manifestations comptant des millions de révoltés, la répression est désarmée.

    Ce scénario est très probable et peut, demain, faire tache d’huile dans toutes les capitales.

    C’est pourquoi nous devons, aujourd’hui, nous préparer à sortir ensemble, dans la rue, et à investir symboliquement toutes les institutions.

    Le Pouvoir c’est Nous !

  • C’est tout sauf une crise grecque c’est une crise du capitalisme, ce qui se passe en Grèce est un laboratoire de test social pour les classes dirigeantes, les Etats offrent quasi gratuitement l’argent publique, de nos impôts aux banquiers, financiers, industriels qui ne font plus de recette et eux empruntes à des fonds privés et s’endettent c’est la mort du système capitaliste au moins de son fonctionnement, la bourgeoisie cherche à se sauver mais pour cela elle doit nous écrasés à nous de faire en sorte qu’elle ne se sauve pas !!

  • Les grecs doivent virer leurs politiques pourris qui se sont remplis les poches et celles des financiers tout en vidant les comptes publics .

    Solidaires des travailleurs grecs !

    • 3 mai par CADTM international, CADTM France, CADTM Belgique, CADTM Suisse
      http://www.cadtm.org/Soutien-a-la-resistance-du-peuple

      Le nouveau plan d’austérité annoncé dimanche 2 mai est une véritable catastrophe pour la population grecque , les salariés du privé comme du public, les retraités et les privés d’emplois.
      Gel des salaires et des retraites de la fonction publique pendant 5 ans ;
      Suppression de l’équivalent de 2 mois de salaires pour les fonctionnaires ;
      Diminution de 8% de leurs indemnités déjà amputées de 12% par le précédent plan d’austérité du gouvernement dirigé par le PASOK ;
      Le taux principal de la TVA qui, après être passé de 19 à 21%, est porté à 23%, (les autres taux augmentent aussi (de 5 à 5.5% et de 10 à 11%))
      Les taxes sur le carburant, l’alcool et le tabac augmentent pour la 2 ème fois en 1 mois de 10%
      Les départs anticipés ( liés à la pénibilité du travail) sont interdits avant l’âge de 60 ans ;
      L’âge légal de départ à la retraite des femmes est porté de 60 à 65 ans d’ici 2013.
      Pour les hommes, l’âge légal dépendra de l’espérance de vie ;
      Il faudra 40 ans de travail (et non plus 37, hors études et chômage) pour avoir une retraite à taux plein ;
      Cette retraite sera calculée, non plus en fonction du dernier salaire mais selon le salaire moyen de la totalité des années travaillées (soit l’équivalent d’une baisse du montant net de la retraite de 45 à 60%°)
      L’Etat réduira ses dépenses de fonctionnement (santé, éducation) d’1, 5 milliards d’euros.
      Les investissements publics seront réduits aussi d’1,5 milliards d’€.
      Un nouveau salaire minimum pour les jeunes et les chômeurs longue durée est créé ( soit l’équivalent du CPE rejeté en France par la jeunesse et les syndicats))

      C’est une aubaine pour les marchés financiers et le capital !

      Les transports, l’énergie et certaines professions réservées à l’Etat seront libéralisés et ouverts au privé (privatisations) ;
      Le secteur financier (banques principalement) bénéficiera d’un fonds d’aide mis en place avec l’aide du FMI et l’UE ;
      La flexibilité du travail sera renforcée ;
      Les licenciements seront facilités.
      L’économie grecque est placée sous contrôle du FMI.

      La Grèce, restant dans la zone euro, ne pourra pas dévaluer sa monnaie, ni jouer sur les taux d’intérêt. La dette ne sera pas restructurée non plus, les institutions financières européennes en détiennent les 2/3. Ces mêmes banques continueront à emprunter auprès de la Banque Centrale européenne à un taux de 1% pour prêter aux Etats (moyennant rémunération). En contrepartie de ces mesures, les pays de la zone euro vont prêter un par un une aide de 100 à 135 milliards d’€ sur 3 ans à la Grèce à un taux de 5% (45 milliards cette année). Les Etats riches et les banques vont donc faire de l’argent sur le dos du peuple grec. Christine Lagarde, ministre français des finances, prévoit un bénéfice de 150 millions d’euros par an. Pratiquant ainsi, ils vont accroître la dette publique pour permettre à l’Etat grec de payer ses créanciers spéculateurs !

      La crise grecque est la démonstration grandeur nature de la triple dangerosité du FMI, de l’Union Européenne et des marchés financiers.

      Le FMI, décrié à juste titre pour ses catastrophiques « plans d’ajustement structurels » refait surface dans la zone euro, après avoir sévi ces 2 dernières années dans plusieurs ex-pays de l’Est. Il utilise aujourd’hui les mêmes procédés qu’hier adaptés aux mêmes commanditaires : les marchés financiers et les transnationales. Aujourd’hui comme hier, c’est sa véritable nature de pompier pyromane qui est révélée en plein jour.

      L’UE et sa commission ont également réaffirmé leurs paradigmes au service de la « concurrence libre et non faussée ». La Banque Centrale Européenne n’est pas au service des populations de l’Europe mais uniquement à celui des banques et des organismes financiers. Les marchés financers, après avoir provoqué et précipité la crise greque, via les agences de notation rémunérées par les grandes banques américaines, veulent tirer encore plus de profits de leurs stratégies spéculatives. Le gouvernement PASOK, l’Union Européenne et le FMI lui en servent l’occasion sur un plateau.

      Derrière l’industrie financière, il y a les multinationales de l’industrie, du commerce et des services.

      Si nous stigmatisons à juste titre les fonds spéculatifs, les agences de notation et l’industrie financière, nous ne perdons pas de vue que ce n’est que l’arbre qui cache la forêt ! Cette spéculation débridée qui étrangle les populations pauvres n’a été rendue possible que pour 2 raisons principales :
      Les dérèglementations successives des marchés financiers depuis les années 1980 ;
      Les choix volontaires et conscients du grand patronat de destiner leurs nouveaux profits vers la spéculation plutôt que vers la production et l’emploi. Cette accumulation de nouveaux profits trouve, elle, son origine dans une nouvelle répartition des richesses au bénéfice des profits et au détriment de la part revenant aux salariés. Cette part à baissé d’environ 10% de PIB en 25 ans en moyenne dans l’ensemble des pays développés.
      Cette orientation économique, portée par l’idéologie néolibérale, est la cause principale de la crise économique et financière que nous connaissons aujourd’hui.

      Les différents gouvernements qui se sont succédés depuis 30 ans, en Grèce comme dans les autres pays du Nord, portent aussi une lourde part de responsabilité dans l’augmentation des dettes publiques. Les politiques fiscales, menées en faveur des ménages les plus aisés et des grandes entreprises (impôt sur le revenu, le patrimoine et impôt sur les sociétés), ont considérablement diminué les recettes budgétaires et aggravé les déficits publics, obligeant les Etats à accroître leur endettement.

      Les responsables de la crise sont épargnés et c’est le peuple à qui on présente l’addition.

      Dans le plan d’austérité PASOK–UE-FMI imposé au peuple grec, il n’y a en effet que des mesurettes sans effet pour établir le début d’une justice fiscale et absolument rien pour lutter contre l’évasion fiscale des profits des grandes entreprises.
      Les « solutions » du PASOK, de l’UE et du FMI précipitent la Grèce vers l’approfondissement de la crise. Une récession minimale de 4 points du PIB est déjà programmée pour 2010. Les petits artisans et commerçants, les petites entreprises vont connaître une longue suite de faillites et de fermetures d’activités. Le chômage va exploser et les couches populaires et les classes moyennes vont voir leur pouvoir d’achat tomber en chute libre. Les inégalités vont s’accroître et les droits humains fondamentaux (accès à l’énergie, à l’eau, à la santé, à l’éducation…) sont menacés pour la partie la plus pauvre de la population.

      La colère du peuple grec est aussi la nôtre. Le CADTM soutient sans réserve les mobilisations contre le plan d’austérité.

      Des solutions alternatives existent !

      Le remboursement de la dette publique de la Grèce doit être immédiatement suspendue et un audit public de celle-ci doit être mené pour décider de sa légitimité ou de son illégitimité.
      Des mesures d’annulation doivent être prises et les revenus financiers de la dette doivent être taxés à la source au taux maximal de l’impôt sur le revenu.
      Des mesures fiscales peuvent immédiatement être prises pour rétablir la justice fiscale et lutter contre la fraude. Aujourd’hui, selon les comptes du Trésor grec, les fonctionnaires (désignés comme boucs émissaires) et les ouvriers déclarent plus de revenus que les professions libérales (médecins, pharmaciens, avocats) ou encore que les dirigeants des banques !
      La quasi-totalité des grandes entreprises (armateurs, …) déclarent leurs profits dans des pays à fiscalité plus avantageuse (Chypre notamment) ou les cachent dans les paradis fiscaux. L’église orthodoxe continue à bénéficier d’exhorbitantes exonérations fiscales sur le patrimoine et l’immobilier
      De l’argent, en Grèce, il y en a, mais pas là où le plan d’austérité veut le prendre ! Au CADTM, nous sommes solidaires du peuple grec qui sera en grève générale mercredi 5 mai prochain. Partout, en Grèce comme dans les autres pays européens, la solidarité par la mobilisation doit s’amplifier. Aujourd’hui, c’est la Grèce mais chacun sait que demain ce sera le Portugal, l’Irlande ou l’Espagne. Après-demain, toute la zone euro peut basculer, y compris les pays les plus « riches » de celle-ci.

      Nous nous félicitons des premières déclarations solidaires et du début des mobilisations de soutien devant les ambassades grecques. Il faut aller plus loin !

      Le mouvement social européen dans son ensemble doit être aux côtés du peuple grec ! les populations européennes ont tout à y gagner !

      Le CADTM, à son niveau y contribuera