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Moines de Tibéhirine : le doute de la France apparaît dans les documents déclassifiés
Publie le samedi 21 novembre 2009 par Open-PublishingDès le début de l’affaire de l’assassinat des moines, le Quai d’Orsay s’est interrogé sur une possible manipulation par les services algériens. C’est ce que révèlent les premières notes déclassifiées par le ministre français de la Défense, Hervé Morin, et dont plusieurs médias français ont publié des extraits. Au total 105 documents devraient être déclassifiées par le ministère de la Défense, après l’avis de la Commission consultative du secret de la défense nationale, publié vendredi au journal officiel.
A cœur de ces interrogations, Djamel Zitouni, chef du GIA. « On ne peut exclure que les services algériens en sachent plus qu’ils ne le disent sur les intentions de Djamel Zitouni : on prétend qu’ils manipuleraient plus ou moins. Sans avoir trempé dans l’enlèvement, ils peuvent souhaiter attendre (…) », peut-on lire dans une note du directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères Hubert Colin de Verdière, une semaine après le rapt des moines.
Puis fin avril 1996 : « le général Smain (Lamari, le chef de la Sécurité militaire), qui considérait il y a peu de temps encore Djamel Zitouni comme un élément plutôt commode, car fauteur de divisions, au sein de l’opposition islamiste armée, semblait désormais le juger moins contrôlable ». Mais à aucun moment ces doutes ne seront repris par la diplomatie française.
Une autre note, rédigée elle le lendemain de l’enlèvement par la cellule de crise organisée au moment de l’affaire, se veut prudente : « Il faut en tout état de cause éviter de nous laisser entraîner par les Algériens dans leur logique de justification sécuritaire et de nous laisser mettre sur le côté comme ils avaient tenté de le faire lors du détournement de l’Airbus ».
La déclassification de ces documents est intervenu à la demande du juge d’instruction en charge de l’enquête sur l’assassinat des moines, Marc Trévidic. Une demande motivée suite au témoignage, l’été dernier, de l’ancien attaché militaire de l’ambassade de France à Alger au moment du drame, le général Buchwalter. Il a évoqué la piste d’une bavure de l’armée algérienne, qui aurait tué les 7 moines lors de l’assaut par hélicoptère du campement où ils étaient retenus en otage.
Hakim Arous