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Mouammar Kadhafi critique la France sur le Darfour et l’immigration
Publie le vendredi 14 décembre 2007 par Open-Publishing1 commentaire
de Natalie Nougayrède et Jean-Pierre Tuquoi
Au deuxième jour de sa visite officielle en France, Mouammar Kadhafi s’est livré à des déclarations contredisant les positions de l’Elysée sur plusieurs sujets : il a affirmé qu’il n’avait jamais été question de droits de l’homme lors de son entretien, lundi 10 décembre, avec Nicolas Sarkozy ; il a dénoncé "l’internationalisation" du conflit du Darfour, et il a critiqué les limites posées à l’immigration en provenance d’Afrique. "Avant de parler des droits de l’homme, il faut vérifier que les immigrés bénéficient chez vous de ces droits", a déclaré M. Kadhafi. Le "Guide" libyen et M. Sarkozy devaient se retrouver, mercredi 12 décembre, pour un nouvel entretien.
Alors que le président français expliquait, lundi, avoir dit à M. Kadhafi "combien il fallait progresser sur le chemin des droits de l’homme", Mouammar Kadhafi a démenti cette version dans un entretien accordé à France 2. "Nous n’avons pas évoqué, moi et le président Sarkozy, ces sujets", a-t-il assuré.
La réplique est venue du secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, qui a précisé que les droits de l’homme avaient été évoqués lundi à deux reprises, pendant l’entretien puis lors du dîner. M. Sarkozy a dit "qu’il considérait que des progrès avaient été faits, mais qu’il fallait encore progresser", a affirmé M. Guéant, soulignant qu’il avait été témoin de la scène.
On indiquait, dans l’entourage de M. Sarkozy, mercredi matin, que ni les prisonniers politiques ni les disparitions de détenus en Libye n’avaient été évoqués par le président français. Les "progrès", ajoute cette source, faisaient référence à la libération des infirmières bulgares, à l’abolition de la peine de mort et à un aspect que le "Guide" a lui-même évoqué lors de la conversation avec M. Sarkozy : "Il n’y a plus, en Libye, de système de parti unique."
A propos du Darfour - dossier sur lequel la diplomatie française cherche à hâter le déploiement de forces internationales pour protéger les réfugiés -, M. Kadhafi a critiqué, mardi, "l’internationalisation du conflit". "Si nous laissons les habitants du Darfour se débrouiller eux-mêmes, la crise du Darfour se terminera d’elle-même", a-t-il affirmé.
Ces déclarations contribuent à alimenter la chronique d’une visite officielle hors normes. Mardi, elle a tourné autour de trois lieux : l’Assemblée nationale, l’hôtel Ritz et le siège de l’Unesco. Sans quitter le centre de la capitale, le président Kadhafi s’est offert une tournée de star. Ce fut, à chaque étape, l’occasion de vérifier combien le "Guide", avec ses rodomontades et ses provocations, reste un personnage imprévisible qui laisse peu de place à l’indifférence. "Il rappelle le peintre Salvador Dali", observait un député, en fin de matinée, au moment où M. Kadhafi était reçu à l’Assemblée nationale.
Sans doute, le "Guide" aurait-il souhaité s’adresser aux élus dans l’hémicycle, comme naguère feu le roi Hassan II (qu’il détestait) ou le président Bouteflika. C’était trop demander. Lorsque le chef de l’Etat libyen, enveloppé dans une toge sombre, est arrivé, le tapis rouge était déroulé à l’hôtel de Lassay, la résidence du président de l’Assemblée, et la Garde républicaine présentait les honneurs. Mais M. Kadhafi a dû se contenter d’un entretien avec le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, suivi d’une rencontre avec une trentaine de parlementaires. Ils auraient dû être bien plus nombreux : 96 députés avaient été invités, ainsi que dix sénateurs du groupe d’amitié France-Libye. Les absents avaient boycotté la visite de "Kadhafi le dictateur" dans "le temple de la démocratie", selon l’expression du socialiste Pierre Moscovici.
Après le Parlement, surveillé de près par une armée de gendarmes et de policiers, le "Guide" s’est rendu au Ritz où l’attendaient une centaine d’intellectuels Il fut question de tout et de rien, de la fin de l’empire américain et des mines antipersonnel, du Christ et de Mahomet. Les invités sont repartis les bras chargés des oeuvres du "Guide", dédicacées par l’auteur pour les plus chanceux d’entre eux.
L’étape suivante a conduit Mouammar Kadhafi à l’Unesco pour une "rencontre culturelle" à laquelle avaient été conviés un millier d’Africains, des diplomates, des ouvriers, des retraités venus pour certains de la banlieue parisienne à bord de bus. "L’amphithéâtre était bondé. Les gens interrompaient sans cesse Kadhafi pour l’applaudir. Il a parlé sans notes. Il nous a dit que l’on pouvait retourner en Afrique et qu’il nous aiderait", raconte un invité malien, Dembélé.
A quelques centaines de mètres de là, au Champ-de-Mars, bravant l’interdiction de la préfecture de police et une pluie glaciale, l’écrivain Marek Halter, épaulé par des associations, avait appelé à un rassemblement anti-Kadhafi. Ségolène Royal, Bertrand Delanoë, François Bayrou sont venus, brièvement, dire tout le mal qu’ils pensaient de Kadhafi "le terroriste" (M. Bayrou) ou de la France qui "vend des armes à des pays qui sont des dictatures". Pour les entendre, les journalistes étaient plus nombreux que les manifestants.
Messages
1. Mouammar Kadhafi critique la France sur le Darfour et l’immigration, 15 décembre 2007, 01:57
Certes Kadhafi est un dictateur, le mot démocratie n’évoquant pas grand chose dans son pays, mais l’Europe va pas tarder à connaître cela, si on en juge les explication de Dupont Aignan (ce matin sur une radio) à propos de la nouvelle constitution européenne qui confisque la démocratie. Je pense également à Bush, qui sous couvert de démocratie, a tué des milliers et des milliers de personnes en Irak, en Afghanistan !
Alors, c’est vrai que quand Kadhafi nous demande de balayer devant notre porte avant d’agresser les autres, eh bien il n’a pas tort ! Ca fait du bien de se prendre des claques de temps en temps, de la part de petits pays comme celui-ci ! Sarkozy, et il le sait, a été prodigieusement lamentable ! Tout ça pour du fric ! Kadhafi a eu raison de l’humilier ! La France n’avait pas à se rabaisser à ce point, qu’on lui voit la culotte ! A ce train-là, on perdra de notre influence dans le monde, c’est sûr ! Et le respect, n’en parlons plus !