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NOMATICA, ENTREPRISE JEUNE ET DYNAMIQUE ...MODERNE ET SAUVAGE ...CAPITALISTE ...ET ANTI-SOCIALE

Publie le lundi 30 août 2004 par Open-Publishing

Créée en 2000, Nomatica est devenue leader en France et en Europe de
vente en ligne d’appareils photo et vidéo numériques. La croissance
économique exceptionnelle (3 millions d’euros en 2000, 12,7 millions
pour 2001, soit une augmentation de plus de 300%) a permis son
introduction en bourse en 2001. Sa progression constante lui permet de
figurer parmi les rares start-up françaises bénéficiaires. Nomatica
associe à ses prix un service qualitatif haut de gamme : service achats
interne, télé-commerciaux multilingues, SAV (service après-vente)
intégré.... 170 actionnaires investissent dans la société. (Pour plus
d’informations : nomatica.com.). Nomatica a réalisé un chiffre
d’affaires de 54,5 Millions d’euros (chiffres non audités) pour
l’exercice 2003/2004 clos au 31 mars 2004, soit une augmentation de
83.5%. Cette année, la société a réalisé une moyenne de 800 transactions
par jour, soit 2 tonnes de matériel expédié et près de 200.000 euros de
commandes quotidiennes. Nomatica fait partie des 5 sites Internet de
vente par correspondance les plus rentables d’Europe.

Un tableau formidable dans le meilleur des mondes, n’est-ce pas ? Quels
employés heureux que ceux qui ont la chance de travailler dans cette
superbe société ! ! ! Essayons de traduire.

A en croire ses dirigeants, Nomatica est une société jeune, dynamique en
pleine croissance et qui réalise un très bon chiffre d’affaires. Mais
Nomatica, c’est avant tout une exploitation de l’homme par l’homme, un
capitalisme moderne ("jeune et dynamique", comme ils disent). Cette
société formidable se fonde sur le personnel dont près d’un tiers sont
des stagiaires sous-payés. Ils sont évidemment poussés à faire plus de
travail que des employés en contrat. La majorité des salariés est très
jeune. La moyenne d’âge ne dépasse pas 27-30 ans. Pour beaucoup, il
s’agit du premier emploi. Une grande majorité vient de l’étranger ou se
trouve dans une situation personnelle précaire visible dès le premier
coup d’œil sur leur CV. Ils connaissent peu la loi française (ou ne
connaissant pas la loi tout court). Ils sont donc sans aucune expérience
et se trouvent démunis face à l’arrogance de la direction qui impose un
règlement et des mesures de loin abusives. Les jeunes, dont beaucoup
ressentent une profonde solitude loin de leur pays (ou en raison de leur
situation personnelle) ne savent souvent pas qu’abus il y a et qu’il est
nécessaire d’agir face à tant d’insolence et de mépris. (Exemple : la
majorité des notes de service commence par le militaire "Il est interdit
de...", "Il est obligatoire de..." sans aucun souci de politesse).

Seules quelques rares personnes tentent de contester et d’évoquer au
moins les lois en vigueur (et notamment le fait que l’exterritorialité
ne s’applique point à Nomatica et que son "règlement" bidon et les notes
de services ne priment pas sur la loi française) mais elles se
retrouvent rapidement mises "au placard", intimidées ou alors tout
simplement dehors. On leur explique avec toupet que Nomatica est une
société à part avec une mentalité bien à elle (sic !) et qu’il ne faut
surtout pas s’attendre à ce qu’elle fonctionne comme les autres
entreprises (traduction : il n’est pas normal d’appliquer le Code du
Travail à Nomatica). Face aux stagiaires sous-payés, ceux qui sont payés
au SMIC ou juste au-dessus doivent se considérer comme heureux. Mis à
part quelques cadres, le petit personnel n’est point classé ni payé
suivant la grille salariale de la Convention Collective que Nomatica a
pourtant signé et à laquelle la direction fait appel dès que ça
l’arrange (notamment pour le travail certains jours fériés). Pour être
plus limpide, je citerai un exemple. Des person-nes possédant un niveau
plus élevé que le niveau BAC+2, à qui on demande d’employer leurs
connais-sances en informatique, en admi-nistration, en gestion ou en
droit (compétences qui ne sont point innées), de parler au moins une
langue étrangère et de travailler en situation de stress continu, sont
classées à un des niveaux et échelons les plus bas de la grille des
salaires. De l’autre côté, certains petits responsables peu compétents
et pas vraiment travailleurs (mais sachant distiller "le mot qu’il faut
à qui il faut et quand il faut", et surtout dénoncer ceux qui auraient
osé contester l’ordre établi), reçoivent des rémunérations infiniment
plus importantes, sans rapport au travail effectué.

Nomatica connaît une expansion formidable, rachète les sites Internet
européens et investit à tout va dans son développement et pour le
bonheur de ses actionnaires. Tout en oubliant ceux qui constituent la
base de cette magnifique évolution. Par exemple, au prin-temps 2003, les
salariés se sont retrouvés débordés par l’énormité du travail, poussés à
faire des heures supplémentaires non comptabi-lisées, non mentionnées
dans le bulletin de paie, non payées et même pas récupérées en jours
libres. Les jeunes ambitieux -ou tout simplement naïfs- ont cru à la
bonne parole des responsables demandant : "Surtout travaillez sans
compter, montrez-nous de quoi vous êtes capables et nous saurons nous
montrer généreux à Noël". On évoquait une augmentation de l’ordre de
10-15 % et des primes. Les jeunes étaient enthousiastes. A Noël, la
majorité d’entre eux n’a même pas vu l’ombre d’une prime (certes, les
employés de longue date ont eu droits à des appareils numériques peu
fiables que Nomatica peut acheter à un prix insignifiant en Asie). Les
respon-sables ont évidemment obtenu leur satisfaction en euros. En ce
qui concerne l’augmentation des salai-res du personnel, la direction
avouait sa "tristesse" de devoir repousser la date fatidique au mois
d’avril.

Mais, le printemps arriva enfin ! ! ! Et certains parmi les simples
employés ont vu augmenter leur salaire d’environ ... 2% ! (ce qui
représente environ 15 à 20 euros net). La Direction des Ressources
Humaines est venue quasiment pleurer sur notre épaule car elle n’avait
pas de budget (la pauvre !) pour pouvoir augmenter davantage les
salaires. Juste un rappel de ce que nous disions au début de cet article
 : Nomatica a réalisé un chiffre d’affaires de 54,5 millions d’euros pour
l’exercice 2003/2004 soit une augmentation de 83,5%.... A l’évidence,
les salariés ont été oubliés, tout comme leur travail "bénévole" dont
Nomatica et les actionnaires ont pu bénéficier....

Bien sûr, quelques rares personnes mieux loties (lisez : bien en vue de
la direction), sans avoir énormément travaillé l’année dernière, ont vu
leur salaire presque doubler. Mais peut-être que faire de la délation et
rester après les heures de travail à papoter avec la direction, doit
être considéré comme un travail. Dans ce cas, je vous fait mes excuses
les plus plates. Visiblement je n’ai rien compris au système ...

Les employés de certains services sont relativement solidaires, et on
peut dire qu’ils en ont bien besoin, vu les méthodes de flicage
employées par certains "petits chefs" résolus à garder fermement leur place.

Récemment, j’ai appris l’existence des fichiers informatiques sur les
"anomalies des employés", comptabilisant toutes les erreurs commises (ou
pas) par certains salariées "gênants", sans que ces derniers en soient
avertis ni qu’on leur ait demandé des explications ou une solution
éventuelle. On y notifie et amplifie les erreurs facilement réparables,
que tout un chacun commet quotidiennement (les responsables compris),
surtout en situation de stress. Et le "rédacteur" -la responsable- y
ajoute gracieusement les solutions "miraculeuses" qu’elle a pu y
apporter en émettant des avis du genre "employé non indispensable au
service". On oublie dans ces "fichiers" la part de responsabilité
capitale de ladite responsable qui délègue aux employés une part
importante de SON travail. Elle se limite à rédiger "les procédures",
les dits "fichiers", à faire des réunions et à chercher à nous diviser
(pour mieux régner) par des rumeurs mensongères sur les uns et sur les
autres, et par des promesses distribuées à quelques uns (et jamais tenues).

La société cherche visiblement à réduire les effectifs sous contrat
(alors que l’on prétend vouloir embaucher 50 nouvelles personnes).
Toutes les méthodes semblent bonnes pour se débarrasser de ceux qui, au
fur et à mesure, deviennent "vieux", aigris et contestataires. Il s’agit
de pousser à la faute ou à la démission, de convaincre que c’est nous
qui avons un problème et qui n’avons surtout rien compris à la bonne
marche d’une société jeune et dynamique.... C’est vrai que l’on ne
comprend rien au bonheur égoïste des actionnaires.

J’ai pu constater aussi l’énorme mascarade que sont les élections
professionnelles puisque ce sont les supplétifs de la direction et de la
DRH qui ont été présentés avec faste et élus délégués du personnel, la
DRH se nommant par la même occasion la présidente du Comité
d’Entreprise. Parmi les "délégués du personnel" en place actuellement,
personne n’est venu voir les salariés pour demander leur avis sur des
mesures à mettre en place pour améliorer la vie dans l’entreprise, les
suppléants de la DRH se limitant à faire de la communication et
d’annoncer aux autres les décisions de la direction.

Le mois dernier, les salariés de l’entreprise devaient enfin signer la
version valide de leur contrat (les premiers contrats étant faits de
manière incompétente et ne répondant pas aux exigences légales).
Cependant, ce nouveau contrat, sans préciser clairement les tâches
effectives de l’employé, impose une flexibilité et une souplesse
extrêmes. On pourrait ainsi changer de poste, de service à tout moment,
sans changer l’échelon, le salaire ni le contrat de l’employé. On
pourrait demander de venir travailler à n’importe quelle heure de la
journée et n’importe quel jour de la semaine. Tout ceci sans que la
classification et la grille des salaires de la Convention collective
dont relève Nomatica soient prises en compte.... Un contrat parfait pour
le patronat et pour le sacro-saint capital de l’entreprise.

Un grand nombre de personnes ont refusé de signer cet amas d’articles
parfois contradictoires voulant nous mettre encore plus en situation
d’esclaves bénévoles. Certains des employés semblent bien décidés à se
battre et à ne pas se laisser faire. Mais combien de temps tiendront-ils
face à la pression et dans un pays dominé par la culture MEDEFiste ?
Beaucoup d’employés "cherchent ailleurs" -dégoûtés du mépris de la
direction-, d’autres décident de faire le "minimum visible nécessaire"
tout en restant à Nomatica, démotivés par sa politique sociale.

Et aujourd’hui, certains responsables s’étonnent, cherchent des raisons
de la morosité des travailleurs, du manque de motivation, des retards
accumulés.... On reproche même aux employés le manque de reconnaissance
(sic !) face à tant de bonne foi (sic !) de la direction qui ne semble
point se poser la question de savoir comment ses salariés paient leurs
factures ni comment ils vivent.

http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=987