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NON AUX BACS PROS EN 3 ANS ! A quoi ça sert que Darcos il se décarcasse ?
Publie le vendredi 4 janvier 2008 par Open-Publishing1 commentaire
Site de la CNT FTE :
NON AUX BACS PROS EN 3 ANS !
Dossier spécial mobilisation BAC pro ici
A quoi ça sert que Darcos il se décarcasse ?
Darcos, ministre de l’éducation nationale, s’est fendu d’une courte note (*) envoyée aux recteurs d’académie le 29 octobre, dans laquelle il raye , quasiment d’un trait de plume, un siècle d’enseignement technique. Pour comprendre ses objectifs il va falloir lire entre les lignes.
Pour l’éducation nationale l’enjeu n’est pas crucial, l’enseignement professionnel ne concernant que 710 000, soit 5% des 15 millions d’élèves scolarisés. D’ailleurs, Darcos n’a pas trop de temps à leur consacrer. S’il exige que sa réforme soit résolument engagée pour 45 000 élèves (25% des entrant en BEP), il reste on ne peut plus vague sur le contenu des formations qu’il leur propose, se contentant d’annoncer que les décrets sur les programmes et les grilles horaires seront revus, plus tard, que des académies ressources seront désignées, plus tard aussi, et qu’en tout état de cause il demande aux enseignants d’improviser la mise en place de sa réforme. Les motivations de Darcos ne sont pas à chercher dans l’intérêt qu’il porte à la réussite des élèves relevant de son ministère.
Ses discours sont un peu plus éclairants. Il reprend à son compte les conclusions d’un « rapport sur la carte de l’enseignement professionnel » qui préconise la généralisation des Bacs pro en 3 ans et précise " Il s’agit de concevoir les diplômes professionnels de la façon suivante : un diplôme, à spectre large, délivré par l’Etat ; des mentions de spécialisations, acquises en entreprise ou en formation. La spécialisation fait partie du diplôme sans pour autant être reconnue dans la certification. La certification reste générale, l’expérience est particulière".
Ce que le ministère envisage de faire en réduisant le nombre de Bacs pro, des 69 existant actuellement il devrait n’en rester qu’une vingtaine. Pour comprendre les conséquences d’une telle mesure on peut se baser, par exemple, sur la manière dont l’éducation nationale a répondu, dans les années 70-80, à la demande de personnels qualifiés par l’industrie de l’électronique dans le bassin de Lannion pour le développement de la filière Télécommunication : elle a ouvert des formations dans la couture et la confection ! Conformément aux besoins de leurs employeurs, les jeunes filles ainsi formées étaient capables de suivre une fiche de production et d’effectuer des travaux minutieux, mais leur diplôme n’étant pas reconnu par la convention collective de l’entreprise, elles étaient embauchées comme personnel non qualifié.
La réforme qu’engage Darcos vise le même objectif : un Bac pro au spectre large ne sera pas reconnu dans les conventions collectives de branche, quant à la spécialisation, interne à l’entreprise, elle a peu de chance d’être reconnue sur le marché du travail. Jusqu’à présent c’était l’honneur de l’enseignement technique de délivrer des diplômes qui permettent aux jeunes d’avoir une spécialité reconnue et de pouvoir changer d’employeur sans perdre leur qualification.
Historiquement l’enseignement technique a été crée au début du XX° siècle pour fournir du personnel compétent à l’industrie de la métallurgie afin de la mettre au niveau de l’industrie allemande qui nous avait mis la pâté lors de la guerre de 1870. Auparavant la seule voie de formation était l’apprentissage. Cela fonctionnait en Allemagne où les patrons y mettaient les moyens : promotion des meilleurs ouvriers en maîtres d’apprentissages avec salaires et conditions de travail en conséquence pour qu’ils s’investissent dans la formation des jeunes. Cela ne marchait pas en France où les patrons utilisaient les apprentis comme main d’oeuvre confinée dans l’exécution de tâches peu qualifiées. Les mentalités n’ayant guère changé dans ce domaine, l’objectif fixé par Darcos pour les filières Bacs pro d’atteindre 50 % des effectifs en apprentissage s’apparente à un retour en arrière peu porteur d’avenir. Darcos ne se décarcasse donc pas pour offrir aux jeunes une formation professionnelle qualifiante, il se décarcasse pour répondre aux voeux du MEDEF : disposer une main d’oeuvre compétente dont il n’est pas nécessaire de reconnaître la qualification par le salaire ce qui permet de baisser le coût du travail.
On a bien donc affaire à une réforme politique, dans la droite ligne des projets Sarkozy et pas à une réforme pédagogique. Cerise sur le gateau, cette réforme permettra aussi d’économiser des postes. Sans compter qu’à terme, il semble évident que cela va aboutir à une fusion entre les Bacs pro et les bacs technologiques qui désormais auront la même durée et les mêmes finalités (mêmes filières, mêmes débouchés), ce qui permettra de supprimer encore plus de postes et d’être encore plus en phase avec les projets Sarkosy de réduction du nombre de fonctionnaires. L’enseignement technologique est une voie où les jeunes en difficulté scolaire peuvent obtenir une formation qualifiante. Sa remise en cause dépasse largement le cadre de l’éducation et appelle à la réaction de tous.
L’exigence du retrait du projet est un devoir vis à vis des jeunes et de leur avenir professionnel.
(*) Cette note a été suivie le 19 décembre 2007 d’une nouvelle note envoyée aux recteurs. Cette nouvelle note, présentée dans les médias comme un recul du ministre, ne change rien sur le fond à la généralisation du Bac pro 3 ans. Elle fait suite à la signature d’un "protocole de discussion" (sorte de calendrier pour la mise en place de la réforme) entre certaines organisations syndicales et le Ministère.
CNT FTE
Messages
1. NON AUX BACS PROS EN 3 ANS ! A quoi ça sert que Darcos il se décarcasse ?, 4 janvier 2008, 23:40
FRONT UNIQUE DES ORGANISATIONS SYNDICALES (SNETAA, UNSEN CGT, SNUEP FSU, SE, SNFOLC, SNES) POUR LE RETRAIT CLAIR ET NET DE LA NOTE DARCOS DU 29 OCTOBRE
POUR QUE L’ENSEMBLE DES ORGANISATIONS SYNDICALES APPELLENT DANS L’UNITE A UNE MANIFESTATION CENTRALE A PARIS AU SIEGE DU GOUVERNEMENT
POUR LE RETRAIT DE CETTE NOTE
Darcos maintient son plan dans sa totalité.
Darcos lors de sa conférence de presse du 11 décembre a osé présenter sa contre réforme comme une réforme de promotion de l’enseignement professionnel. C’est une insulte aux professeurs, aux élèves, à leurs familles.
En réalité, il s’agit bel et bien de supprimer jusqu’à 50% des sections BEP, alors que Darcos lui-même indique que la moitié des élèves qui actuellement vont en section BEP n’arrive pas jusqu’au baccalauréat professionnel. Ceux là seront livrés sans qualification à la surexploitation patronale, refoulés vers l’apprentissage.
Darcos ose présenter le passage de 4 à 3 ans du Bac Pro, donc la réduction de 25% des cours et des contenus comme… la promotion du Bac Pro qui deviendrait ainsi - selon lui - un baccalauréat à part entière. Et dans le même temps, le même Darcos prépare la disparition de la plupart des options et donc des spécialités dans les lycées technologiques, en premier lieu les spécialités industrielles. Il prépare la fusion des bacs professionnels et des bacs technologiques dans les futurs bacs pro trois ans, la fusion des LP et Lycées technologiques dans les "lycées des métiers" entièrement mis à la disposition du patronat local.
Darcos ose dire qu’il ne s’agit nullement d’économie de moyens, que davantage d’élèves s’orienteront désormais vers la voie professionnelle… quand dans le même temps, partout dans les Lycées professionnels, les recteurs préparent les suppressions massives de sections, voir d’établissements entiers, alors que s’annoncent des centaines de suppressions de poste dès la rentrée 2008.
A la rage destructrice, Darcos ajoute l’hypocrisie répugnante…
Il se trouve des dirigeants syndicaux pour faire semblant de le croire.
C’est avec écoeurement que les enseignants ont pris connaissance des communiqués des 11 et 14 décembre de la direction du SNETAA. Ces communiqués valent soutien total au ministre et au gouvernement Sarkozy Fillon.
Le 21 Novembre, la direction du SNETAA signait un tract avec FO titré "Coup de force ministériel contre les lycées professionnels". A juste titre, ce tract exigeait le retrait de la note Darcos du 29 Octobre.
Le 11 décembre, brutale volte face. La direction du SNETAA affecte de voir dans le plan de destruction du gouvernement et de son ministre Darcos un … "plan de revalorisation de l’Enseignement professionnel".
"Le SNETAA ne peut qu’être sensible à un vrai plan de revalorisation de l’Enseignement Professionnel… Le ministre, Xavier Darcos, lui a fait part de sa volonté de rénovation et de valorisation de l’Enseignement Professionnel. Il lui a assuré le maintien du BEP et a ouvert la porte à un dialogue constructif…" Naturellement, le maintien du mot BEP, pourvu qu’il puisse supprimer des centaines de sections BEP, ne fait pas peur à Darcos… Voilà ce que les dirigeants du SNETAA savent aussi bien que quiconque.
Le 14 décembre, la direction du SNETAA persiste et signe : "le ministère veut aller plus loin dans sa volonté de revalorisation de l’enseignement professionnel"… "Le Bac pro est devenu un repère de compétences pour les employeurs" (ndlr : on sait que le MEDEF préfère parler de "compétence" que de qualification, car la qualification est reconnue dans les conventions collectives) … "ces principes forts seront clairement énoncés dans un protocole de discussion qui pourrait être signé entre le ministère et notre organisation." "Apparaît aussi l’ouverture de l’éventail des formations en Lycée Professionnel… la perspective du niveau BTS".
Evidemment, dans le cadre des lycées des métiers, liquidant aussi bien lycées professionnels que lycées technologiques, il y aura des sections BTS, essentiellement sous la forme de l’alternance et de l’apprentissage d’ailleurs.
C’est cette entreprise destructrice que les zélés supporters du ministre à la direction du SNETAA veulent faire passer pour une " valorisation " de l’enseignement professionnel !
Quant à l’affirmation selon laquelle Darcos aurait modifié sa position, Darcos, le 11 décembre y a répondu : "Nous ne reculerons pas sur ce projet".
Pour la manifestation de toute la profession avec les lycéens à Paris au siège du gouvernement pour le retrait de la note Darcos.
Il faut le remarquer : la volonté des PLP, de la jeunesse, les nombreuses manifestations, grève de lycéens ont conduit certaines directions syndicales, à travers un communiqué intersyndical à prendre position pour le retrait de la note Darcos .Mais alors la question est posée : comment l’arracher ?
Or, alors que la note concerne tous les lycées professionnels, et avec eux les lycées technologiques, alors qu’elle concerne tous les collègues, que proposent les directions syndicales ? Une poussière d’initiatives locales, départementales, académiques en ordre dispersé.
L’UNSEN CGT indique : à partir du 10 dans le Var, une journée le 4 en Gironde, le 18 à Poitiers, le 13 à Rennes, le 14 à Toulouse, le 19 à Rennes, le 20 à Lille, le 8 à Nancy, le 15 à Créteil…
En matière de dislocation de la volonté de combat des enseignants, on pouvait difficilement faire mieux…
Naturellement cette tactique favorise totalement le plan du ministre qui peut ici "geler" provisoirement telle fermeture, ailleurs les maintenir, tentant par là de fissurer la volonté commune de voir retirer son plan dans sa totalité.
A l’inverse, il faut exiger de l’ensemble des directions syndicales :
– une prise de position commune pour le retrait clair, net, définitif de la note Darcos du 29 Octobre, ce qui inclut d’imposer à la direction du SNETAA qu’elle retire immédiatement son soutien au plan du gouvernement. Car ni les syndiqués du SNETAA - dans le dos desquels une telle position a été prise - ni les PLP qui lui ont accordé leur voix aux élections professionnels ne peuvent accepter une telle trahison.
– un appel dans l’unité des directions des syndicats représentant les enseignants des lycées professionnels mais aussi des lycées technologiques, avec les représentants des lycéens engagés dans le combat, à la manifestation nationale à Paris au siège du gouvernement, pour le retrait de la note Darcos.
C’est ce qu’ont demandé 40 collègues du Lycée Amédée Gasquet de Clermont Ferrand (soit près des quatre cinquièmes des collègues de l’établissement à ce jour).
Il y a urgence.
Nous invitons partout les collègues, dans les établissements à prendre position dans ce sens.
http://www.frontunique.com/