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NOUS LAISSERONS NOUS RETRAITER AINSI ?

Publie le jeudi 8 mai 2003 par Open-Publishing

Travail (1080) lat pop. tripaliare : : "torturer avec le tripalium,
instrument formé de
trois pieux" ; XIIe s. "tourment, souffrance" ; XIIIe s. "machine où l’on
assujettit les
boeufs, les chevaux difficiles, etc., pour les ferrer".
Travailleur (1552) XIIIe s. travailleor : "celui qui fait souffrir,
bourreau".
L’expression bourreau de travail est donc un pur pléonasme.
Travailler XIIe s. "tourmenter, peiner, souffrir" ; XVIe s. "torturer
avec
le tripalilum".

"le prolétariat, la grande classe qui embrasse tous les producteurs des
nations
civilisées, la classe qui, en s’émancipant, émancipera l’humanité du
travail servile et
fera de l’animal humain un être libre, le prolétariat trahissant ses
instincts,
méconnaissant sa mission historique, s’est laissé pervertir par le
dogme
du travail.
Rude et terrible a été son châtiment. Toutes les misères individuelles
et
sociales
sont nées de sa passion pour le travail." Paul Lafargue, Le Droit à la
paresse.

Le financement des retraites n’est pas un problème. En trente ans, la
production de richesses a doublé en France : un salarié de 2003 produit
autant
que deux salariés de 1973. Les salaires et les pensions n’ont pas
doublé
pour
autant, les profits oui ; ce qui devrait être en jeu aujourd’hui c’est
le
partage de
cette richesse. Au contraire, le patronat tente de récupérer la part
des
cotisations
consacrée aux retraites et, via les fonds de pensions, de l’insérer
directement vers
les marchés financiers. Cette nouvelle attaque patronale a été préparée
et
soutenue par les gouvernements successifs, de droite comme de gauche.

La retraite n’est qu’une période de convalescence accordée par la
classe
capitaliste aux salariés qu’elle a utilisés pendant une quarantaine
d’années et qui
lui sont devenus inutiles. L’intérêt de la retraite est l’arrêt du
travail
salarié, la
perception d’un peu d’argent, la possibilité d’accomplir toutes les
activités que l’on
souhaite et qu’on ne pouvait pas faire avant.
Nombre de salariés n’auraient pourtant pas dû s’en préoccuper
puisqu’ils
sont
morts d’accidents du travail, de maladies professionnelles, ont été
tués
par des
catastrophes industrielles, des rejets chimiques ou des radiations
avant
la retraite,
ou vont en mourir quelques mois ou années après. Si les travailleurs
tiennent à
leur retraite c’est bien à cause de tout ce qu’ils ont dû subir avant.
On
ne devrait
pas essayer d’avoir une bonne retraite mais bien plutôt une vie
heureuse.
Il y a
donc un obstacle majeur, cet avant : le travail.

Le système capitaliste (qui ne date pas de l’âge de pierre mais du
XVème
siècle)
impose à ceux qui ne possèdent rien si ce n’est leur force de travail,
de
vendre
cette dernière à ceux qui détiennent les moyens de productions, de
distribution et
de service, en échange d’un peu d’argent (qui autorise la survie) :
c’est
le travail
salarié par lequel le patronat peut extraire la fameuse plus-value
indispensable au
fonctionnement et à la perpétuation du capitalisme. Le travail salarié
est
un mode
d’exploitation de la force de travail et un mode de domination de
l’homme
(obligation, discipline, hiérarchie, terreur ) ; il n’a donc rien à
voir
avec l’activité
et ne peut être une fin en soi. Le travail c’est la santé du capital.

Ceux qui veulent nous faire croire que le travail est une valeur, une
nécessité
pour l’Homme, une activité émancipatrice sont les agents, plus ou moins
conscients
mais parfaitement efficaces, de la classe capitaliste et ce quelque
soit
leur
casquette (libéraux, socio-démocrates, crapules staliniennes et
citoyennistes).
Ceux qui veulent que l’on fête le travail sont de la même espèce que
ceux
qui ont
inscrit ? Arbeit macht frei › (le travail rend libre ) sur le portail
d’entrée
d’Auschvitz. Le 1er mai n’est devenu Fête du travail en France que par
une
décision du régime de Vichy ; cette journée demeure néanmoins le
symbole
de la
lutte internationale des travailleurs contre le capital.

Les organisations dont s’était doté le prolétariat dans sa jeunesse
avaient dans
leur programme initial l’abolition du salariat, de l’argent, de la
propriété privée des
moyens de production et de l’état [ ces mesures sont toujours le socle
de
base de
tout anticapitalisme ] ; elles ont rapidement prouvé que, dans les
faits,
elles
n’agissaient que pour assurer leur pérennité.
Les oripeaux de ces partis et syndicats ont cessé toute critique des
rapports de
production capitaliste et se contentent aujourd’hui d’en négocier les
nuisances. Ils
assument aussi pleinement leur rôle d’encadrement des salariés mais n
’y
arrivent
qu’avec difficultés, ayant depuis longtemps perdu tout crédit (même aux
yeux du
patronat/gouvernement qui doit pourtant bien s’en contenter, pour
l’instant). Leur
position est délicate : souhaitant conserver leur fonction et
prérogatives
de
partenaires du patronat/gouvernement (donc ne pas trop l’ouvrir et
faire
passer la
pilule) il leur est pourtant nécessaire d’avoir l’air de défendre les
intérêts des
travailleurs et d’arriver à en convaincre une large part.

Avec les retraites les partenaires sociaux s’apprêtent à nous jouer une
de
ces
partitions qu’ils maîtrisent si bien. ON menace de nous couper le bras
mais, grâce à
l’action spectaculaire des organisations syndicales, ON ne nous coupera
que la
main (le reste du bras ne nous sera coupé que très lentement et en
catimini).

Les patrons savent s’organiser, se battre, utiliser divers outils
(Etat,
idéologies,
organisations à leurs bottes) pour lancer des offensives contre les
prolétaires.
La lutte des classes ils y croient toujours et, bien plus, ils la
mènent
avec férocité
depuis une trentaine d’années, car ils conservent l’initiative.
A nous de la reprendre, d’organiser la résistance et, ensuite, de
préparer
nos
propres offensives. A nous de lutter contre toute collusion et
coopération
avec les
institutions bourgeoises, contre les vieilles organisations qui nous
entraînent vers
l’abîme, contre les mouvements citoyennistes qui veulent reprendre ce
rôle, pour
l’autonomie politique du prolétariat.

NOUS NE VOULONS PLUS PERDRE NOTRE VIE A LA GAGNER.
NOUS NE VOULONS PLUS SACRIFIER NOTRE VIE AFIN DE PREPARER NOTRE
RETRAITE.
NOUS NE VOULONS PLUS DE LA SURVIE, NOUS PREFERONS ESSAYER LA VIE.

SRAS
Sournois Révolutionnaires pour l’Abolition du Salariat
sras@freesurf.fr