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« Ne classez pas ce massacre »

Publie le mardi 27 mars 2007 par Open-Publishing

Les cheminots et la famille du mécanicien mort dans le massacre de Crevalcore s’opposent au non-lieu demandé par le parquet de Bologne pour la direction des chemins de fer. 17 personnes perdirent la vie dans le désastre

Giusi Marcante

Bologne

Ils n’ont pas l’intention de lâcher prise, surtout après que pour la première fois une enquête à écrit noir sur blanc que les chemins de fer italiens ne sont pas à la hauteur sur la sécurité. Les cheminots de l’Orsa ont fait opposition à la demande de non-lieu du parquet de Bologne pour la direction de RFI (Réseau ferroviaire italien) dans l’enquête sur le désastre de Crevalcore. Avant eux, c’était la famille de Vincenzo De Biase, l’un des mécaniciens morts dans le choc entre deux trains dans la petite gare de Bolognina le 7 janvier 2005, qui s’était opposée.

Aussi la Coordination 12 janvier est en train de préparer sa documentation pour demander que les positions de Mauro Moretti, à l’époque administrateur délégué de RFI (et actuellement administrateur délégué du groupe FS [Chemins de Fer Italiens, NdT) et des deux dirigeants Michele Elia et Giancarlo Paganelli soient au moins examinées par le juge pour l’audience préliminaire. D’autres oppositions pourraient arriver des familles des 17 personnes mortes dans le choc frontal. Sur dix enquêtés n’en sont restés que sept et ils sont tous des dirigeants locaux de RFI pour lesquels les procureurs se préparent à demander la mise en état d’accusation. Cette décision, arrivée deux ans après l’accident, avait déjà suscité les perplexités des cheminots qui ont pourtant reconnu à cette enquête le grand mérite de ne s’être pas contentée de la faute humaine (qui pourtant était présente dans le cas de Crevalcore, étant donné que le mécanicien du train voyageurs a « grillé » le feu jaune et le rouge) regardant à la loupe, à travers cinq expertises, le système ferroviaire italien et en particulier l’absence de systèmes de sécurité technologiques sur ce tronçon de la ligne Bologne Vérone.

La préoccupation du front syndical est que puissent être soumis au procès ceux qui peuvent se défendre en disant que les choix ont été fait par leurs supérieurs. Moretti a été interrogé par les procureurs et a raconté avoir reprogrammé la mise en sécurité en prévoyant d’installer le système Scmt (contrôle de la marche du train) sur tout le réseau ferroviaire. Des interventions prévues par la loi Objectif que le Comité Interministériel pour la Programmation Economique délibéra deux semaines avant le désastre. Une des expertises du parquet, signé par Marco Ponti de l’Ecole Polytechnique de Milan, révèle que cette ligne n’a pas été jugée prioritaire et que la mise en sécurité a été adaptée à la circulation et au taux d’accidents (« seulement » deux feux rouges, grillés en 2000 et 2001, ne suffirent pas à anticiper l’installation de l’Scmt, réalisée après le désastre en moins d’un an). Le cœur du raisonnement de la relation du syndicat Orsa préparée par maître Bruno Desi ramène, au contraire, aux choix en matière d’économies fait par l’entreprise dans l’ère Moretti.

La disposition 35 par laquelle RFI a institué en 2000 l’agent unique, à savoir le mécanicien épaulé par le chef de train et a introduit le Vacma, la pédale que le conducteur doit pousser pour montrer qu’il est réveillé. Un choix qui est fait pour tout le réseau national sans tenir compte des tronçons, comme celui où a eu lieu l’accident sur la Bologne Vérone, où non seulement il n’y avait pas encore le système Scmt, mais où la voie était unique et où un épais brouillard comme celui du matin de l’accident était un phénomène normal.

 http://www.coordinamentorsu.it/doc/...

Traduit de l’italien par karl&rosa