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Niger, Areva, Aqmi : qui est l’otage de qui ?
Publie le dimanche 3 octobre 2010 par Open-Publishing3 commentaires
Niger, Areva, Aqmi : qui est l’otage de qui ? , par Xavier renou
Aux côtés de divers collectifs, les Désobéissants ont été amenés à mener des actions directes non violentes sur les questions de Françafrique aussi bien que de nucléaire... Une position qui leur permet d’avancer ici, sous la plume de leur fondateur, une analyse de l’enlèvement récent de salariés d’Areva au Niger légèrement différente de la version officielle.
Niger, Areva, Aqmi : qui est l’otage de qui ? , par Xavier renou
Il y a deux façons de voir la prise d’otage des Français au Niger. La version « l’Ile aux Enfants », servie à longueur de grands médias, nous dit que sept personnes dont cinq Français ont été enlevées par d’odieux terroristes islamistes rétrogrades qui n’attendent qu’une occasion pour nous faire du mal, à nous, la patrie des droits de l’homme. Heureusement, nos valeureux militaires – qui pour être plus proches des gens qu’ils aiment sont installés dans toute la région – traquent sans relâche Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) pour libérer les otages. Bon, ceux qui ont passé l’âge de Casimir seront plus attentifs au fait que ces Français sont surtout des employés d’Areva, la multinationale du nucléaire, et qu’ils ont été enlevés à Arlit, au nord du Niger, justement là où la France extrait près de 50 % de son approvisionnement en uranium. Très loin, surtout, des territoires où les barbus de l’Aqmi font leur Paris-Dakar à eux.
Eh oui, si Aqmi les détient aujourd’hui, semble-t-il, elle n’est pas à l’origine de l’enlèvement : les gens d’Areva lui ont été remis par des combattants ou des bandits touaregs. Pas islamistes pour deux sous, en général, mais quand même très remontés contre notre pays. Il est vrai que de lui, ils ne connaissent que les automitrailleuses vendues au gouvernement nigérien par Nicolas Sarkozy pour mieux tuer leurs animaux, interdire l’accès aux puits et les expulser de leurs terres. Des terres refilées à Areva pour l’exploitation de l’uranium... Ils en connaissent aussi les retombées : non, pas celles des 100 000 tonnes d’uranium et des centaines de millions de bénéfices envolés vers notre pays en échange du paiement d’un forfait aux deux tiers inférieur au prix mondial, et qui aurait été négocié en secret par un certain Jacques Foccart à l’indépendance du pays, en 1960. Mais la contamination par les poussières et les gaz radioactifs de l’air, l’épuisement des eaux potables détournées pour l’activité minière, la pollution radioactive des sols par les déchets de l’extraction, et le maintien par la force et avec l’aide de l’armée française de régimes corrompus plus ou moins sanglants à la tête du pays. Du coup, les 85 000 habitants de la ville artificielle d’Arlit, souvent amenés du sud pour remplacer les indociles Touaregs dans les mines d’Areva, meurent à petit feu, mais l’hôpital gentiment fourni par Areva n’est bizarrement pas le plus loquace sur le sujet. Et tout ça pour quoi ? Pour nous permettre d’alimenter les enseignes de magasins qui éclairent les rues vides la nuit, les panneaux de pub qui stimulent nos rêves marchands et les chauffages électriques qui font qu’on a toujours froid même quand on les pousse à fond (mais c’est pas perdu pour tout le monde, regardez les factures !). Entre autres gaspillages de l’électricité. Des gaspillages que ne risquent pas de connaître les habitants d’Arlit, qui n’ont toujours pas l’électricité chez eux, 50 ans après la supposée indépendance de leur pays...
Avec le collectif Areva ne fera pas la loi, on s’était présenté au siège du groupe nucléaire pour y remettre à une Anne Lauvergeon (la patronne) plus vraie que nature, le Prix de la communication environnementale la plus efficace : ben oui, il faut du talent pour cacher tout ça à l’opinion publique et quand même faire passer le nucléaire pour une énergie « propre » ! Un Touareg avait fait spécialement le déplacement pour expliquer à la presse, à cette occasion, quel sort était réservé aux travailleurs des mines d’Areva et à leurs familles. Les sbires de la boîte avaient moyennement apprécié la plaisanterie mais, depuis, la vérité sur les conditions d’exploitation de l’uranium du Niger n’a cessé de resurgir, notamment dans la bouche des opposants au projet de second EPR (seconde aberration !) de Dieppe, au moment des débats publics, et dans les mobilisations d’associations comme Sortir du nucléaire ou Survie.
Quand des gens font des horreurs, comme au Niger, c’est souvent pour l’argent – comme Areva –, ou au contraire parce que leur souffrance, causée par ceux qui cherchent l’argent à tout prix, se transforme en haine des premiers. Pour « gérer » la crise, la France vient d’envoyer son charmant Commandement des Opérations Spéciales (COS) à Niamey, pour préparer une véritable guerre contre les rebelles, barbus ou non, de la zone sahélienne. Quand on sait que c’est le COS qui était aux manettes pour la France au moment du génocide des tutsis du Rwanda, en 1994, on se dit qu’on n’a pas fini d’entendre des horreurs à propos du Sahel...
Xavier Renou
Le site du collectif des désobeïssants

Source : La Mèche
via Paz
Messages
1. Niger, Areva, Aqmi : qui est l’otage de qui ?, 4 octobre 2010, 07:50, par Philippe
Oui, il y a plein de choses vraies dans cet article, il suffit de regarder une carte du monde et d’observer les frontiéres tracées à la règle par les français dans le sahara au mépris de ses habitants,(quelle honte !).
Les Français de cette époque ont attaqué puis, soumis par la force les peuples de cette région(sauf les tuaregs !),et se sont accaparé richesses et territoires !(c’est toujours d’actualité avec le Canada et la Chine à Madagascar, par exemple).
Les problèmes d’aujourd’hui prennent racine dans les injustices du passé. et les otages, Français, Malgaches, Togolais, souffrent à la place des vrais coupables qui eux vivent en sécurité.
C’est la vérité crue de notre histoire et nous devons en prendre conscience.
Aujourd’hui nous devons réparer cela.
Petite précision sur Arlit, quand le groupe marche il y a l’électricité en ville, sauf dans les habitations modestes, où, comme dans toute l’afrique, on s’éclaire à la bougie ou à la lampe à pétrole.
2. Niger, Areva, Aqmi : qui est l’otage de qui ?, 4 octobre 2010, 09:35, par le postier
[...aurait été négocié en secret par un certain Jacques Foccart à l’indépendance du pays, en 1960...]
Remettre à jour cette partie, le fond de l’article est fondé, sauf pour ce point ...
En effet , AREVA a du accepter une augmentation de + 50% le prix de vente par le gouvernement nigérien d’alors , l’ami de sarkozy dit Tandja...une négociation qui a eue lieu au mm moment ou AREVA négociait avec la Chine la vente de deux EPR y compris les charges pendant 15 ans ( 8 milliards annoncé dans la presse) ...à signaler également que durant ces tractations, un cadre d’areva en chine avait par ailleurs été soupçonné de corruption, une façon comme une autre de mettre la pression...
Au delà de la simple réflexion sur l’absolu cynisme français, cette prise d’otage est bien plus complexe à discerner les responsables et les réels gagnants de cette douloureuse affaire malgré tout,
3. Niger, Areva, Aqmi : qui est l’otage de qui ?, 4 octobre 2010, 10:15, par le postier
Une autre approche, ni affirmative mais un peu plus fouillée comme on dit
OTAGES DU SAHEL – l’AQMI ou le DRS Algérien ?
1ére diffusion , mercredi 22 septembre 2010, à 21:59.A qui profitent les prises d’otages et la déstabilisation de la zone Sahara ?
(Avertissement : Ébauche d’article en construction ….à suivre complément et suite actualisée sous peu ..)
Le DRS est le service secret algérien.
– La lecture conseillée de l’article (en lien ci-dessous) nous donne une idée, de ce qui ce trame depuis plusieurs années déjà au sein de la société algérienne la Sonatrach, l’exploitant et gestionnaire de la ressource pétro gazière algérienne. Un marigot de politiciens et de militaires qui bradent le sous sol Algérien et en premiers à des clients tel que les sociétés américaines très proches des néo-conservateurs (Halliburton, Dick Cheney).
Terrorisme, ressources pétrolières, Halliburton, Dick Cheney....ça ne vous rappelle pas quelque chose !
Extrait :
[… En avril 2004, aussitôt Abdelaziz Bouteflika « réélu » président, Jacques Chirac se rend à Alger pour l’en féliciter et l’inviter à engager entre leurs deux pays un « partenariat d’exception » [1]. Ambition louable s’il s’agissait d’établir entre la France et l’Algérie des rapports de coopération économique, culturelle, touristique ou scientifique sains et bénéfiques pour les deux peuples. Or, il y a supercherie sur l’identité du partenaire, la micro-colonie du Club des pins qui domine et assujettit le pays et qui mène une guerre sans merci au peuple algérien, ….//…]
Ou encore ….
[…//… Razzia sur les ressources naturelles
Sonatrach incarne la dernière présence algérienne dans le Sahara. Quelque contrôlée que soit cette société, son personnel algérien constitue un témoin gênant contre les spoliations à grande échelle qui s’y déroulent. Un témoin dont les dirigeants algériens n’ont eu de cesse de vouloir se débarrasser. En plaçant un malade en phase terminale de cancer comme PDG de Sonatrach, le ministre de l’Énergie et des mines Chakib Khelil garde la mainmise sur cette société, vouée selon lui à la privatisation, et préside à son démembrement. …//…]
Otages nucléaires & humanitaires !
– Rappel de commentaires joints à l’article de l’Observatoire du nucléaire concernant ces otages atomiques.
Autisme et aveuglement en ce pays nanti qui brule l’uranium issu des mines du Niger tout en ignorant de la famine qui sévit depuis des mois là bas ! Si on peut être choqués de ces méthodes "terrosistes" , on ne peut plus faire comme si nous n’avions pas une part de responsabilité. Faut l’admettre que depuis près de 50 ans, les décideurs français ont fait croire à une énergie propre pas chère et disponible à perpètre. Résultat des courses à l’atomique, le Niger est exsangue, malgré les parades tardives et hospitalières d’AREVA à Niamey ou autres dispensaires dans les villages isolés (une façon implicite de reconnaitre la défaillance de l’état nigérien à assumer ses pouvoirs minimum et régaliens, pourquoi en serait il différent dans ce cas pour la maitrise de leur "richesse" uranée ) ,
Le Niger est toujours corrompu probablement, Le Niger est et restera bafoué dans la façon de l’ancien colonisateur a décidé de lui accorder tel ou tel prix pour ces ressources désormais tant convoitées.
Et ce malgré l’ouverture de nouveaux chantiers, ce produit est et sera à l’égal du pétrole en peu de temps, si ce n’est déjà ...
– En 2007, AREVA a du "accepter" une hausse de 50% du prix , au mm moment ou l’atomiste national négociait les 2 EPRs en Chine (les recharges uranium sont indus dans le contrat de 8 milliards d’euros-du jus pendant 15 ans ! La Coface sera là et remplira les trous atomisés) , d’ailleurs l’un des cadres de la boite nucléaire avait été soupçonné de corruption par les autorités judiciaires chinoises. Certainement un arrangement mal arrangé avec les oligarques du PCC...une garde à vue diplomatique en quelque sorte !
– Ce qui me turlupinais déjà cet été à l’annonce et concernant le tragique destin de Michel Germaneau.
Le tragique destin d’un ingénieur.
Hors, il ce trouve que Michel Germaneau, connaissait et évoluait dans ce "marigot pétro gazier". Un cadre technique au service des ressources de l’Algérie pendant de nombreuses années (la plus grande partie sa carrière professionnelle) et qui en fin de carrière s’oriente dans l’humanitaire ! En voilà une belle façon que de vivre sa retraite, bons sentiments et compassions téléguidées pour un pardon en ouverture des cieux !
Sans en retirer une ferme conviction, je suis persuadé que cet otage n’était pas tout simplement qu’un simple otage. Son passé professionnel, laisse présumer d’autres facettes beaucoup moins bonnes manières, que son étiquette en retraite d’humanitaire qu’il était certainement, mais néanmoins. D’ailleurs, quel était le réel métier et quelle était la fonction de Michel Germaneau ? Et lors de sa collaboration dans le secteur pétrolier et gazier en Algérie, pendant plusieurs décennies...qui pourrait nous en dire ? J’aimerai savoir avant de sortir les mouchoirs, et vous autres ?
Ni inquisiteur et avec respect, ces interrogations sont de la curiosité qui me semble logique et saine en journalisme, rien qui ne soit de l’inquisition, mais d’une évidente nécessité pour justifier une adhésion sans faille à l’honneur de cet homme, qui de toute évidence, a été sacrifié diplomatiquement parlant. Une mort annoncée en direct et quasi le jour de la fète nationale....celui-ci était probablement déjà décédé !
Cet homme, malade cardiaque, avait-il sa place et sérieusement dans un Sahara qui malgré l’hiver sahélien, est déjà d’une rude épreuve pour une personne en bonne santé, cela me semble étonnant, d’autant qu’il en connaissait les dangers ( ingénieur en pétro-industrie en Algérie- et à la marge de la Sonatrach ? ) ce facteur cardiaque me parait important de souligner.
Mais le corps nous en dira plus certainement , et si pour peu que les "Gendarmes du Prince" puissent un jour ou l’autre le retrouver ?
– Des interrogations également partagées sur le site Rue 89 , concernant ce groupuscule AQmi, un groupe terroriste qui semble bien utile à tous, surtout pour satisfaire la curiosité et les opinions occidentales. Le « terrorisme islamiste », l’article de service qui nous sert ainsi de lecture édulcorée et bien trop simpliste, à mon sens, pour ce qui gouverne les intérêts de la géopolitique internationale sur des territoires gorgés de ressources en énergies. Uranium et gaz …. En échanges des otages ?
Extrait de Rue 89
[…//…Qui se cache derrière Aqmi ?
A l’origine, le sigle Al Qaeda au Maghreb islamique est apparu en janvier 2007, prenant la suite du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien, et englobant des groupes rebelles touaregs et sans doute une composante criminelle, dans une zone désertique allant du Niger à la Mauritanie.
Cette origine algérienne est lourde de sens, alors que pèse depuis des années le soupçon de la manipulation d’une partie de la nébuleuse islamiste algérienne par le Renseignement militaire algérien, le DRS, l’une des branches du régime d’Alger.
C’est la thèse que défendait, sur Rue89, l’anthropologue britannique Jeremy Keenan, au lendemain de l’annonce de la mort de Michel Germaneau. Keenan, un spécialiste reconnu de la zone sahélienne, écrivait le 9 août : « La zone frontalière [entre le Mali et l’Algérie, ndlr] juste au Nord de Tigharghar est survolée quotidiennement par les hélicoptères de l’armée algérienne, et régulièrement par deux Beechcraft 1900 de l’armée de l’air algérienne, équipés de matériel de surveillance. De plus, il existe des contacts étroits entre la cellule d’Abdelhamid Abou Zaïd d’Aqmi et le DRS, Zaïd étant lui-même considéré comme un agent du DRS.
Pour cette raison, les habitants de la région, de plus en plus remontés contre les activités présumées d’Al Qaeda, se réfèrent souvent à Aqmi comme “ Aqmi/DRS ”. Ainsi, les derniers mots attribués au colonel Lamana Ould Bou, du service malien de la sécurité d’Etat, peu avant son assassinat à Tombouctou le 10 juin 2009, étaient : “ Au cœur d’Aqmi, il y a le DRS. ” »
……//…]
Ce qui est également la conclusion de l’article cité en tete , et combien ce document datant de 2005, et si l’on a dans l’idée que la politique internationale a un train d’avance sur les frasques médiatiques , eux toujours publiés et commentés à fond la caisse
[...// Les partenaires « d’exception » de Jacques Chirac Par Lounis Aggoun le 28 avril 2005
http://www.reseau-ipam.org/spip.php...
L’auteur de ce texte a co-publié avec Jean-Baptiste Rivoire un ouvrage intitulé "La Françalgérie : crimes et mensonges d’États. Histoire secrète, de la guerre d’indépendance à la "troisième guerre " d’Algérie" aux éditions La Découverte, Paris, 2004.
Le Sahara présente quant à lui un double inconvénient. Le rapt des ressources naturelles exige un cadre législatif explicite et cette vaste étendue est difficile à contrôler. Le ministre des Finances Abdelatif Benachenhou et celui de l’Énergie et des mines Chakib Khelil s’emploient à faire adopter (au nom des Algériens) les lois qui font perdre aux Algériens la souveraineté sur le Sahara. Quant à la sécurisation de ce territoire, qui de mieux alors pour y veiller que le gendarme du monde par excellence : les États-Unis d’Amérique ?... ]