Accueil > Niger : Transition, Paix et Perspectives
BILAN : du 09 mars 2010 – 09 mars 2011
Des institutions
Un an jour pour jour après la rencontre du Csrd (Conseil Suprême pour la Restauration de la Démocratie) avec les cadres de l’ex Résistance armée, il est de notre devoir d’en faire le point, car chaque partie a eu le temps matériel pour honorer ses engagements et tenir ses promesses.
En effet, au lendemain de la prise de pouvoir par Son Excellence Salou Djibo, l’Espoir était dans les cœurs de tous les Nigériens, et c’est pour cela que nous, cadres politiques et militaires de l’Ex-Resistance, avions apporté très tôt notre soutien, en appelant les 5.000 ex-combattants ayant déposé les armes, à une conduite responsable en attendant que le Csrd réconcilie les Nigériens, avec eux-mêmes et avec leur pays.
Nos échanges du 09 mars au matin avec le premier ministre Dan Dah, et l’après-midi avec le Chef de l’Etat ont porté sur la poursuite du processus de Paix entamé par Tandja Mamadou.
Aussi bien le premier Ministre que le Chef de l’Etat ont pris des engagements fermes, et ont fait des promesses qu’on attend jusque là. Pour exemple, sur la demande du Chef de l’état qui voulait savoir qu’est-ce qui pouvait aider à la poursuite du processus, l’ex-résistance a demandé le départ de l’ambassadeur Libyen au Niger qui était au centre de plusieurs malversations et polémiques, en complicité avec les autorités déchues, et certains cadres de la résistance. Séance tenante, le Chef de l’Etat a promis que cet ambassadeur sera révoqué dans les prochains jours, mais un an (01) après rien n’a été fait.
Le premier ministre quant à lui, avait proposé quatre (04) places aux ex fronts au sein du Conseil Consultatif National, il s’en est désengagé, malgré une lettre à lui adressée par le Président du CCN à ce propos. Un an après les Nigériens ont droit à la vérité, même si elle peut gêner.
On ne peut pas nous accuser de n’avoir pas été patients, car nous avions espéré qu’avant la fin de la transition, ses premiers responsables penseront enfin à la Paix, et à leurs promesses, hélas.
De notre côté, nous avions travaillé au sein d’ONGs (notamment l’Alliance pour la Consolidation de la Paix – ACP Alher), et de coopératives agricoles (comme MIGRA), afin de démobiliser les ex-combattants, pour les dissuader de reprendre le maquis en leur faisant miroiter l’Espoir d’une intégration prochaine. Cela ne pouvait agréer tout le monde, car il suffisait d’un effort du gouvernement pour que nous puissions arriver à les encadrer durablement. Des efforts individuels ne peuvent couper toute une génération de combattants des idéaux pour lesquels ils se sont sacrifié des années durant, il faut bien plus. C’est un devoir régalien.
On n’a Jamais construit une Paix sans sensibiliser les deux parties à la Paix !
De l’exclusion
Il est vrai que la société civile Nigérienne a animé l’opposition anti-Tazartché et le CCN (Conseil Consultatif National), de façon exemplaire, mais l’ex-résistance n’a-t-elle pas combattu le régime de Tandja avec autant de détermination ? Et même, avec un prix plus élevé, celui du sacrifice ultime de centaines de vies de Nigériens ?
Mais comme tous les Nigériens ne sont pas logés à la même enseigne devant ce sacrifice ultime, les combattants ou les militaires morts sur le champ de bataille sont ignorés, alors même qu’on a fait appel aux fossoyeurs de la démocratie, et qui ont activement participé au « Tazartché » !
Et pourquoi les avoir exclus du CCN, et des organes de la transition ?
Est-ce une tradition désormais établie ?
Oui, c’est dans cette exclusion, que le CCN a vu le jour et a tenu ses plénières jusqu’à la dernière, sans jamais arriver à organiser ne serait-ce qu’un Forum sur la Paix et la Sécurité, et pourtant un engagement avait été pris à Rome (voir « Pacte de Rome ») ; cela, malgré la bonne foi manifeste de son Président Mr Marou Amadou.
Ce Forum reste pratiquement le seul point du chronogramme du CCN qui n’a pas été réalisé dans un pays qui sort pourtant de son deuxième conflit armé !
Je profite pour saluer la franchise du Président Marou qui a reconnu qu’au Niger il y a des problèmes « ethniques », et qu’il ne faut pas les ignorer, alors même que certains conseillers en bons Nigériens disaient qu’il n’y a aucun problème au Niger, la bonne vieille politique de l’autruche.
A l’heure actuelle même si un Forum était organisé, il sera inutile car chacun est tourné vers la Restauration de la Démocratie (un vœu pieux), la reconquête du pouvoir !
Quant au Pacte Républicain et le statut de la société civile, eux ont été élaborés ; et pourtant ils ne serviront pas à grand chose si la Paix n’est pas effective.
Et pourtant, le CCN aurait pu brosser un mémorandum sur la Paix, en relevant les forces et les faiblesses des accords de Paix passés et proposer un accord de Paix réactualisé, raisonnable et réalisable.
Cela est bien évidement un rêve !
Celui d’un Nigérien qui est convaincu qu’il n’y a jamais eu nulle part dans le monde, une Paix sans accord qui la sanctionne.
Ce n’est pas le rêve d’un Colonel Badié qui a dénoncé le caractère ethnique du MNJ (Mouvement des Nigériens pour la Justice), alors qu’étaient assis parmi les délégués de la résistance le Cdt KINDO Zada, et la Capitaine DJIBO Adamou ! C’était pendant la rencontre du 09 mars avec le Csrd.
Ce n’est pas non plus le rêve d’un haut responsable de la transition, qui m’avait posé la question à Rome : « est-ce qu’il est opportun de faire des accords cette fois-ci ? Car ce serait un eternel recommencement ! ».
Je lui ai répondu : « est-ce opportun de refaire la constitution, alors qu’on ne sait pas si demain un autre coup d’état viendra l’abolir ? Le Niger a connu quatre (04) coups de ‘état, contre deux (02) rebellions. Donc on a plus connu de coups d’état que de rebellions. Et si rien ne peut justifier le fait de prendre des armes contre son Pays, rien ne doit justifier non plus le fait de dissoudre les institutions de la République par les armes ! »
Notre armée prend goût aux coups d’état, comme notre génération aux rebellions, il faut qu’on s’y fasse et qu’on trouve des moyens d’arrêter les cycles de coups de force et de rebellions.
A ce propos, j’avais proposé la création d’un Organe Militaire Consultatif (OMC) qui serait un pouvoir en appui aux institutions démocratiques, afin que l’armée soit consultée en cas de force majeure dans la conduite des affaires de l’état, et éviter qu’elle soit « obligée » de revenir aux affaires.
Cet organe sera représentatif de l’armée et sera une sorte de nuage qui planera sur la tête de ceux qui veulent mettre en péril la démocratie. Mais le CCN ayant épuisé ses sessions il est difficile de mettre en place un tel organe, et la « grande muette » continuera encore d’observer impuissante les maladresses démocratiques.
Cela aurait été une innovation qui nous aurait permis de créer une démocratie sur mesure, et non à chaque fois, nous plaquer un modèle générique, incompatible avec nos réalités, et qui finit par se « décoller » !
De le Sécurité
Pendant tout le temps qu’a duré la transition, nous avions assisté à une multiplication des actions terroristes qui ont frappé jusqu’au cœur de notre capitale Niamey, sans qu’aucune action en représailles ne soit menée pas les FDS (Forces de Défense et de Sécurité) qui ont pourtant perdu plusieurs camarades aussi bien à Tiloa, à Bani Bangou qu’à Niamey. Et pourtant le pays est tenu par des militaires, donc on ne peut accuser des politiciens de n’avoir pas donné cet ordre.
Allons-nous attendre que les terroristes tuent d’avantage de militaires pour réagir ? D’ailleurs il est évident que si le Csrd avait encouragé une intégration des ex-combattants dans les forces régulières, ce problème ne se posera pas, car les poursuites et les représailles seront systématiques.
Pour preuve, presque toutes les poursuites contre les terroristes ou les « bandits armés », sont menées par la Garde Républicaine, héritière des USS (Unités Sahariennes de Sécurité).
Mais pour qu’il y ait un programme de réinsertion socio-économique des ex-combattants, il faut un régime fort avec à sa tête un Homme d’Etat, fort à l’image du régime du Général IBM (Ibrahim Baré Maïnassara) qui a su conduire le processus de Paix à son apogée dans les années 90.
De la Démocratie
Devant l’indifférence des autorités de la transition quant à l’avenir de la Paix au Niger, nous, cadres de l’ex-résistance avions préféré croire en la Démocratie, et en la Politique incarnée par un Homme : Hama Amadou, et nous avions majoritairement rallié le Mouvement Démocratique Nigérien pour une Fédération Africaine, le MODEN/FA Lumana AFrica.
Cela parce que nous savons que notre Pays ne sortira des difficultés multisectorielles, que si un Homme expérimenté venait à le diriger. Et convaincus aussi que parmi les hommes politiques d’aujourd’hui, aucun ne peut égaler Hama Amadou en termes de compétences, d’expérience, et de personnalité.
Aujourd’hui son choix, est aussi le notre, donc Mahamadou Issoufou que nous allons soutenir jusqu’à la victoire par les urnes car nous avions vu la limite des armes !
Une fois de plus, nous allons oser croire en un Homme, en son programme politique, afin de sortir notre Pays de la misère, et de l’Injustice sociale.
Donc nous appelons une fois de plus nos frères de l’Aïr, et de l’Azawad, du Damergou comme ceux du Manga et du Kawar, à ne pas rejoindre un quelconque front de mercenaires pour soutenir tel ou tel régime en perte de vitesse. Nous les appelons à œuvrer encore cette fois pour la démocratie, afin de faire valoir leur droits par l’exercice de leurs devoirs.
Et c’est une fois la Démocratie restaurée que nous pourrons attendre des nouvelles autorités un changement, une prise en compte de nos aspirations, et peut-être oublier l’épisode de la transition.
De l’Unité Nationale
Il est clair que sans une participation de tous les Nigériens à la reconstruction nationale, le départ sera une fois de plus faussé, d’autant plus qu’en dehors d’un processus de Paix interrompu, Il faut s’attendre à ce que les conséquences de la crise au Magrheb, notamment en Libye, nous frappent violement quelqu’en soit par ailleurs l’issue. Nos autorités doivent faire de la Prévention des conséquences géopolitiques des soulèvements en pays arabes, et même là l’ex-résistance avait remis aux autorités de la Transition des solutions qui permettraient d’amortir de tels effets, et qui relèvent de la géostratégie, aucune suite n’y a été apportée. Si on ne fait pas de la Prévention de conflits une priorité, tout en anticipant sur les enjeux géostratégiques et leur consequences sur la vie politique et économique, nous risquons de contribuer d’avantage à la dégradation du tissu social car la Pauvreté n’aide pas le Developpement, encore moins la Fraternité dans l’un des Pays les plus pauvres au monde !
Pendant que nos voisins se spécialisent sur les techniques de la Guerre économique, nous, nous essayons de construire encore un état démocratique, uni, solidaire et stable !
De la géostratégie
Le Niger est un Pays incontournable dans la bande Sahelo-Saharienne, les richesses dont il regorge sont convoitées de par les continents. Il est sous plusieurs feux :
1.celui de la Guerre économique qui risque de renverser Gaddafi car au-delà des problèmes démocratiques, c’est le pétrole Libyen qui est convoité par l’Occident. Au Niger, avec un peu d’anticipation, on peut éviter certaines crises institutionnelles qui résultent souvent de la menace faite aux intérêts de Pays en quête d’énergie.
2.celui de l’injustice sociale dans une démocratie en construction, et qui conduisent à des soulèvements sociaux voir armés, et qui retardent l’horloge économique,
3.le feu d’une démographie galopante dans un pays en proie à une famine cyclique, et à un analphabétisme chronique. Ce qui accroit la pauvreté !
4.la non-continuité de l’Etat : l’eternel recommencement.
Tous ces feux consument durablement l’Espoir d’une Nation Jeune.
Ainsi, au lieu d’être un Etat modèle, nous serons un pays qui subira toujours la politiques des autres, et notre armée continuera encore et encore d’essuyer des percées terroristes, et à quel prix ?
Au Niger, tout régime qui pense qu’en laissant plus de 5.000 combattants entrainés au métier des armes, dans la nature, sans occupation, régnera dans un Pays où ne régnera Jamais la quiétude sociale, c’est ça la réalité !
Il faut mettre fin à la politique de l’autruche dans l’intérêt de notre Pays, et travailler en anticipant sur chaque aspect de la vie publique.
Une étude récente réalisée par le cabinet BEST (Bureau d’études et de stratégies) basé à Agadez, a permis à travers une Analyse de Risques, de constater qu’au Niger, par rapport à la situation sécuritaire, on est plus proche de la porte d’un conflit, que de celle de la Paix. Cette étude sera bientôt publiée, mais le plus important est d’alerter les plus hautes autorités quant aux résultats de l’étude.
Une page sera bientôt tournée, une autre commencera. Celle d’une Renaissance Républicaine, celle d’un Espoir qui porte sur tous les domaines, en mettant un accent particuliers sur la Paix qui passe nécessairement par une reprise du processus de Paix interrompu par les organes de la Transition ! cela permettra de faire d’une pierre, deux coups :
•d’un côté calmer les ardeurs internes par une réinsertion socio-économique des ex-combattants,
•de l’autre, réduire voire empêcher les poussées terroristes, car il est de notoriété publique qu’au temps du MNJ, le nord du Niger était inaccessible pour les salafistes. WHY ?
En avant pour un Niger de Paix, de Démocratie, de Justice et d’Equité !
En avant pour la victoire de Mahamadou Issoufou !
Seydou-Kaocen MAÏGA
Ingénieur Etudes & Stratégies
Porte-Parole de l’Alliance pour la Consolidation de la Paix --------------------------------------------------------------------------------
POUR RAPPEL
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
Le jeudi 23 septembre 2010 (18h50)
DE : Les Organisations de la Résistance Armée
Niger/Mali/Touaregs, Otages France : La rebellion Touarègue réagit !
Agadez, le 22 septembre 2010
Nous, responsables de l’ex-Resistance armée, réunis ce jour à Agadez, à l’effet d’examiner la situation sociopolitique qui prévaut dans le nord de notre Pays, faisons les constats suivants :
•Les pourparlers de Tripoli ayant conduit à un accord de Paix tacite, à un dépôt des armes par les différents fronts armés, au retour effectif des ex combattants dans leurs familles en contrepartie d’un programme de réinsertion socio-économique, n’ont pas été suivi d’actes concrets par le gouvernement de transition qui a relégué la Paix au second plan de sa mandature
•Les différentes rencontres avec les plus hautes autorités de la Transition (Président du Csrd, Ministre de l’intérieur, Premier ministre) en date du 09 mars 2010 et les promesses qui les ont sanctionné sont restés lettre morte, malgré notre engagement à œuvrer pour la Consolidation de la Paix,
•L’indifférence totale de la France et sa non-implication dans le règlement du conflit nous ayant opposé aux autorités de la 5ème et de la 6émé République,
•Le manque de réaction des autorités nationales face aux actes de terrorisme dont ont été victimes les Fds (Forces de Défense et de Sécurité) à Tillia (Tahoua) et Tiloa (Tillabery) ; et suite à l’enlèvement de Michel Germaneau à Inabangaret,
•La recrudescence des actes de banditisme dans la région d’Agadez, et des incidents liés au trafic de drogue dont les populations sont de plus en plus victimes
•Des accusations injustifiées contre les populations autochtones Touarègues, qui sont accusées de complicité pour accentuer leur exclusion.
Au regard de ces constats, faisons la déclaration ci-après :
Le gouvernement Nigérien, en plus de n’avoir jamais tenu ses promesses vis-à-vis de l’ex-résistance, n’a jamais associé celle-ci dans la construction de la Paix, ni dans la Sécurité du Sahara, ni dans aucun processus de décision, encore moins dans le déminage des zones de conflit.
L’ex-résistance a fait au gouvernement nigérien, toutes les propositions afin d’éradiquer le banditisme résiduel, de prévenir les actes de terrorisme et d’assoir une Paix durable, mais sans aucune prise en compte de la part de l’état Nigérien.
La situation actuelle est la conséquence de l’indifférence des autorités nationales, sous-régionales et des pays amis (France, Algérie…) quant au sort des 4.000 ex-combattants abandonnés à eux-mêmes.
D’autre part, nous déplorons l’utilisation des images d’archives de l’ex-résistance par certains médias Français, notamment Frane24 pour illustrer les enlèvements d’Aqmi, créant ainsi l’amalgame et la confusion dans l’esprit des téléspectateurs pour associer le terrorisme à une communauté.
Nous déplorons surtout le fait d’indexer uniquement la communauté Touarègue pour complicité avec l’Aqmi, alors que les complicités si elles existent peuvent venir de toutes composantes sociales dans le pays le plus pauvre de la sous-région (voir les enlèvements de Français au Nigeria).
Nous prenons à témoin la communauté nationale et internationale quant à notre disponibilité pour soutenir tout processus de sécurisation de la bande Sahelo-Saharienne.
L’ex-résistance
CERA
Capitaine Mohamed AGIDER Issouf ag MAHA
Boutali TCHIWERIN
ACP
Seydou-kaocen MAIGA
Elkontchi AWTCHIKI