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Nigeria : fin des subventions des prix pétroliers, les syndicats menacent

Publie le samedi 28 février 2009 par Open-Publishing
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Nigeria : fin des subventions des prix pétroliers, les syndicats menacent

LAGOS - Les principales organisations syndicales du Nigeria ont menacé samedi le gouvernement de mouvements importants suite à la décision des autorités de ne plus subventionner le prix des produits pétroliers et de privatiser les quatres raffineries du pays.

Le National Labour Congress (NLC, centrale ouvrière) et le Trade Union Congress (TUC, cadres) ainsi que les deux syndicats du secteur pétrolier (Nupeng et Pengassan) ont ouvertement dénoncé ces mesures.

Ces deux dernières organisations doivent se rencontrer lundi pour décider d’une "réponse appropriée".

"Nous allons nous opposer à ces mesures", a déclaré au quotidien The Guardian le patron du Pengassan (syndicat de cadres), Bayo Ogun.

Le comité fédéral chargé de gérer les effets de la crise économique internationale a pris ces décisions jeudi, arguant du fait qu’il n’avait plus les moyens de subventionner les produits pétroliers.

Le ministre des finances Mans ur Muthar a ainsi indiqué qu’en 2008 le gouvernement avait dépensé 640 milliards de naira (3,4 milliards d’euros) en subventions pour l’approvisionnement et le prix des produits pétroliers.

"Nous ne pouvons plus, a-t-il dit, supporter ce fardeau fiscal. Il y a une réalité à laquelle nous devons faire face, nous n’avons donc prévu aucune mesure budgétaire pour subventionner" un système caractérisé selon le ministre par "l’inefficacité, la fraude et le racket".

Gros producteur de pétrole, le Nigeria importe paradoxalement 85% de sa consommation de produits pétroliers raffinés, du fait notamment que les quatre raffineries du pays, gérées par la compagnie pétrolière nationale NNPC, fonctionnent bien en-deça de leur capacité (445.000 barils par jour). Quand elles ne sont pas en panne.

Peter Akpatason, le patron du Nupeng, le syndicat des employés nigérians du pétrole, a de ce point de vue condamné la dérégulation et conseillé au gouvernement de plutôt faire fonctionner les raffineries.

Le président du TUC, Peter Esele, a pour sa part critiqué la dérégulation ainsi que le moment de la décision, "alors que le prix du pétrole est au plus bas, que le naira a été très fortement dévalué par rapport au dollar (au moins 20%), que les salaires stagnent et que le coût de la vie est toujours aussi haut".

Pour le dirigeant du syndicat ouvrier NLC, le choix du gouvernement "est outrageant et inacceptable".

A peine arrivé au pouvoir fin mai 2007, le président Umaru Yar’adua avait dû faire face à une grève générale de quatre jours à la suite d’une augmentation de 15% du prix de l’essence à la pompe et de la vente à des hommes d’affaires proches de son prédécesseur Olusegun Obasanjo de 51% de deux raffineries publiques.

Le gouvernement avait dû faire marche arrière.

28 février 2009 11h03

http://www.romandie.com/infos/News2/090228100337.21t06u7p.asp

Nigeria : champion du monde du torchage, désastre écologique et économique

LAGOS - Ses énormes richesses en pétrole et en gaz sont connues, ce qui l’est moins c’est que le Delta du Niger, au sud du Nigeria, détient un record moins enviable : il est, après la Russie, le numéro deux mondial d’émission de gaz à effet de serre à cause du torchage, officiellement interdit depuis... 1979.

Autre particularité, inquiétante en période de réchauffement climatique, cette région de criques et marais grande comme l’Ecosse est l’une des plus basses du continent par rapport au niveau de la mer.

Autant dire que le torchage résultant de l’exploitation du pétrole constitue une menace écologique sérieuse.

"Le Delta du Niger a le triste honneur d’être la plus grosse source de dioxyde de carbone du continent", résume Stefan Cramer, un climatologue allemand qui a vécu au Nigeria jusqu’en 2008.

Torcher est la solution la moins onéreuse mais la plus dévastatrice. Depuis des décennies les populations locales s’en plaignent.

"Le torchage est une catastrophe pour elles. Le peu qu’ils ont est pollué. Sans parler des problèmes de santé : troubles oculaires et respiratoires, maux d’estomacs", affirme Che Ibegwura, chef d’une communauté locale dans l’Etat de Rivers.

"Quand on vit avec le torchage, on ne fait pas la différence entre le jour et la nuit, avec en plus la chaleur. Les gens d’ici n’ont pas les moyens de partir, alors ils font avec...", poursuit-il.

Le sol est pollué, mais pour l’instant il est toujours là. Car des scientifiques mettent de plus en plus en garde contre le risque de voir la région partiellement submergée à terme.

"Le constat communément admis est qu’en 2100 le niveau de la mer aura monté de deux mètres", assure Stefan Cramer.

"Chaque centimètre de plus se traduit par des vagues plus fortes, avec un effet potentiellement dévastateur sur la côte", explique-t-il.

Selon M. Cramer, le Nigeria rejette 20 milliards de mètres cubes de gaz par an, ce qui représente 13% du total mondial.

Autant dire aussi que la perte économique est colossale : 72 milliards de dollars (56 milliards d’euros) entre 1970 et 2006 selon la Nigeria Gas Association (NGA).

Paradoxalement le Nigeria souffre d’une pénurie dramatique d’électricité alors que les centrales électriques du pays fonctionnent... au gaz.

Du côté des compagnies pétrolières étrangères, on se dit conscient des effets négatifs du torchage mais pour en finir il faudra du temps et de l’argent.

"Il faut des fonds, des infrastructures et des équipements", expliquait en décembre Abubakar Yar’Adua, jusqu’en janvier patron de la compagnie nationale pétrolière NNPC.

Sur le papier le torchage est illégal depuis 1979 mais, année après année, les autorités ont décrété des moratoires et des exceptions toujours en vigueur 30 ans plus tard.

Le Nigeria avait bien fixé au 1er janvier 2009 l’interdiction totale du torchage, mais le 31 décembre les multinationales ont reçu une lettre du secrétaire d’Etat au pétrole Odein Ajumogobia leur indiquant qu’elles pouvaient continuer, dans l’attente de nouvelles règles. "Business as usual", écrivait-il dans cette lettre dont l’AFP a pris connaissance.

Chez le français Total, on assure que tous les nouveaux projets, notamment en offshore, seront "zéro torchage".

Du côté de l’anglo-néerlandais Shell, des responsables indiquent que la compagnie a réduit son torchage "onshore" (à terre) de plus de 30% entre 2000 et 2006. Coût de l’opération : 3 milliards de dollars.

Mais en 2007, Shell a dû arrêter "à cause du manque de financement" de son partenaire nigérian, la NNPC.

Arrêter le torchage sera certes coûteux mais, dit un spécialiste, serait une goutte d’eau comparé aux quelque 400 milliards de dollars détournés par les dirigeants du pays de 1960 (indépendance) à 1999.

28 février 2009 15h29

http://www.romandie.com/ats/news/090228142910.51ua9ddu.asp

Messages

  • La region du delta nigerian ,ex paradis devenu enfer, risque de devenir le creuset d’un mouvement social anticapitaliste nouveau par la fusion des greves dures et des emeutes populaires,une reference nouvelle pour toute l’Afrique :

    Crise financière : l’emploi en Afrique durement touché

    ADDIS ABEBA - La crise financière et économique mondiale a cruellement frappé le marché de l’emploi en Afrique, a annoncé le Bureau international du travail (BIT) à l’issue d’une réunion à Addis Abeba.

    "Si les tendances actuelles se confirment, il y aura une perte de 18 à 30 millions d’emplois dans le monde, et si la crise s’aggrave, ce chiffre pourrait monter à 50 millions", a déclaré à l’AFP le directeur du BIT pour l’Afrique, Charles Dan.

    "Pour l’Afrique, bien qu’il n’y ait pas de chiffre global exact sur l’impact direct en matière de destruction d’emplois, on a déjà des indications assez fortes sur le choc que la crise représente", a-t-il ajouté.

    "Par exemple, dans les mines du Katanga (en République démocratique du Congo) on a déjà perdu entre 300.000 et 350.000 emplois, dans l’industrie automobile en Afrique du Sud environ 36.500 emplois et en Zambie plus de 3.000 travailleurs des mines de cuivre ont été mis au chômage", a-t-il indiqué.

    "Nous parlons ici d’emplois dans le secteur formel, sachant ce que représente un emploi décent en Afrique, en terme de soutien aux familles, aux communautés ou aux villages", a-t-il ajouté.

    "Quand on connaît le lien entre un emploi productif et décent et le reste de l’économie, on voit que la crise économique, dont on nous disait au début qu’elle n’aurait pas d’incidence directe en Afrique, a un effet direct sur l’économie africaine et les emplois africains", a-t-il souligné.

    La rencontre organisée pendant deux jours par le BIT à Addis Abeba, siège de son bureau régional pour l’Afrique, a rassemblé de nombreux experts sur les implications de la crise en Afrique.

    Un plan de mesures d’urgence dans le cadre du travail décent en Afrique en temps de crise a été proposé, qui doit encore être discuté par les Etats africains qui souhaitent développer une approche globale dans la perspective du sommet du G20 prévu en avril à Londres, ont indiqué les organisateurs.

    "Nous faisons la promotion d’un agenda du travail décent qui se fonde sur la création d’emplois, dans les PME, dans l’agriculture, dans l’économie sociale, c’est-à-dire plus de coopératives, plus de mutuelles, plus d’organisations communautaires", a expliqué M. Dan.

    Selon lui, "le réservoir d’emploi se trouve également dans la re-localisation des activités de transformation (des) matières premières et dans une meilleure intégration régionale".

    Selon un document de travail du BIT dont l’AFP a obtenu copie, "le taux de croissance de l’Afrique qui était de 6,2% en 2007 et de 5,2% en 2008, va baisser de 3,25% en 2009".

    Une situation aggravée par la baisse des prix des matières premières qui affecte particulièrement les producteurs et exportateurs africains, note le texte qui mentionne également la baisse attendue des envois d’argent des immigrés (15 milliards de dollars par an pour l’Afrique) et la chute du tourisme.

    Dans certains secteurs particulièrement demandeurs en main d’oeuvre, la crise se fait déjà sentir : "Au cours des quatre derniers mois, le prix des fleurs a baissé de 30 à 50%", note ainsi le BIT au sujet d’un secteur particulièrement important en Ethiopie, au Kenya et en Tanzanie.

    01 mars 2009 12h44

    http://www.romandie.com/ats/news/090301114422.5eszjiia.asp