Nous accueillons des jeunes en rupture avec leurs parents

Homophobie . L’association le Refuge propose le premier appartement d’accueil d’urgence pour des homosexuels à Montpellier.

Nicolas Noguier est président de l’association le Refuge qui lutte contre l’isolement des jeunes homosexuels entre dix-huit et vingt-cinq ans, filles ou garçons en situation de rupture familiale, et propose un suivi social sur - Paris et un hébergement sur Montpellier.

Comment est née cette structure d’accueil ?

Nicolas Noguier. Nous avons créé cette association en janvier 2003 après avoir découvert que l’Espagne, le Royaume-Uni et des pays nordiques avaient mis en place des structures d’accueil pour des jeunes homosexuels en situation de rejet familial et d’isolement.

En 2005, nous sommes parvenus à louer un studio à Montpellier. Cet hébergement d’urgence est conventionné par l’État depuis le 1er janvier 2007. Une reconnaissance qui nous permet une prise en charge à 70 % du montant du loyer par la DDASS. Des crédits qui nous permettent de travailler avec un hôtel qui peut accueillir des jeunes pour un hébergement entre deux et dix jours.

Quel est le profil des jeunes que vous avez accueillis depuis 2005 ?

Nicolas Noguier. Nous avons accueilli une quinzaine de jeunes en deux ans, à 80 % des garçons. Certains d’entre eux, une majorité, étaient en rupture avec leurs parents de confession musulmane. D’autres sont des enfants adoptés. Mais tous les milieux socioprofessionnels sont - représentés.

Depuis mars, nous accueillons un jeune homme de dix-sept ans placé par le juge des enfants. Ce garçon s’est présenté au Refuge à Paris après deux ans d’errance et de prostitution. La rupture avec ses parents est intervenue l’année de ses quinze ans, après la découverte de l’homosexualité de leurs fils. Nous avons décidé de lui proposer l’hébergement à Montpellier et avec l’aide de la psychologue, nous avons entamé une médiation familiale avec ses parents. Je leur téléphone une fois par semaine pour faire le point avec eux. Et ils se sont déplacés pour passer deux week-ends avec leur fils. Peu à peu, les liens se renouent, c’est une de nos missions. Mais parfois, il s’agira plutôt d’aider un jeune à se rescolariser - nous venons d’inscrire un garçon dans un lycée de Montpellier - ou à se former et à trouver du travail.

Un référent à la mission locale d’insertion travaille à nos côtés. Un jeune vient d’être embauché dans l’hôtellerie, un autre vient de prendre la gérance d’un restaurant. Et nous venons d’avoir des nouvelles du - premier jeune accueilli au - Refuge. Il entame une formation d’aide-soignant et a tenu à nous dire qu’il allait bien aujourd’hui.

www.le-refuge.org

Permanence téléphonique 24 heures/24 : 06 31 59 69 50

Entretien réalisé par Maud Dugrand

http://www.humanite.fr/journal/2007-05-18/2007-05-18-851423