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La raison de nous tous
Le week-end prochain à St-Ouen, soyons la gauche la plus intelligente du monde.
Sommes nous piégés par une certaine culture de la défaite obligatoire ? J’ai l’impression de me trouver dans l’un de ces rêves vaguement cauchemardesques où l’on essaye de courir le plus vite possible en n’étant capable que d’effectuer un ralenti dans la choucroute, en attendant de se réveiller au moment d’être rattrapé par le grand méchant loup.
Dans les collectifs nous sommes des milliers de personnes qui savons pourquoi nous nous y trouvons. Nous avons une énergie jamais vue dans une campagne électorale, des milliers de petites graines en train de germer, porteuses de la volonté, de la capacité à gagner. Nous voulons nous débarrasser du capitalisme sauvage, assassin, guerrier, dégueulasse.
Et nous nous retrouvons avec, comme toujours, des conflits d’ordre clanique, sans aucun rapport avec le contenu de notre programme, lequel a été rédigé avant tout, rappelons-le, par les niais membres des collectifs, qui pensaient que cette fois on allait faire de la politique ensemble, nous ensemble, la multitude des petits qui se serait transformée en grande et réelle démocratie.
Las, on dirait que ça ne sera pas pour cette fois. Comme d’hab.
Sauf que cette fois, c’est vital. Moi je le sais que 99% des gens que nous sommes ne veulent pas se faire dépouiller de leur rêve.
On est d’accord, MGB a le plus d’expérience, elle a fait ministre, c’est la plus compétente techniquement. Mais tout ça n’en fait pas, au vu des circonstances, la meilleure candidate. Il faut se faire une raison. On veut gagner oui ou non ? Reste Yves et Clémentine, merci José d’avoir décanté la fiole au bon moment. Le même problème est sur la table. On a un type brillant, un des principaux intellectuels de notre mouvement, mais un peu grisonnant et au charisme peu élevé selon l’échelle du média moderne. Alors qu’est ce qui nous reste pour faire la révolution, la vraie, pas la royale, la populaire ? Une petite blonde vers qui toutes les caméras du monde ne manqueront pas de se tourner dès qu’on l’aura un peu poussée dans le dos. Exactement ce qu’il nous faut. Issue de notre mouvement. Qui n’aura pas à dépenser toute son énergie de campagne à expliquer que le parti communiste et elle, c’est pas la même chose.
Laissant la porte ouverte à José et Olivier, sans qui nous n’avons aucune chance. Qui s’empressera d’appliquer le programme, donc de s’autodétruire en tant qu’impératrice élue au suffrage universel, laissant peut-être ainsi la place à nos petits dinosaures à nous. Tout ce qu’on demande, c’est de gagner, gagner vraiment. On n’est pas là pour dépasser les 5%. On est là pour renverser le capitalisme mondial, alors un petit soupçon de cynisme, à la Diogène, une pincée de stoïcisme, à la Sénèque, et on y est presque.
Dépassons-nous nous-mêmes. Nous avons le choix entre devenir la risée d’un petit peuple d’Europe occidentale, et porter haut les espoirs du peuple agonisant de la planète. On fait quoi, camarade ? Soyons la gauche la plus intelligente du monde.
Eric Woljung, membre d’un collectif rural, qui ne portera pas forcément à Paris en tant que délégué ce qu’il écrit ici, et c’est comme ça qu’on va gagner !