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Nucléaire : Siemens met fin à son partenariat avec Areva

Publie le vendredi 23 janvier 2009 par Open-Publishing

Le conglomérat allemand s’apprête à annoncer sa sortie du capital d’Areva
NP, la filiale de réacteurs du groupe nucléaire français. Dans un premier
temps, il avait essayé de se renforcer, mais sans succès. Un nouvel accroc
pour le couple franco-allemand.

C’est le scénario auquel personne ne s’attendait : Siemens s’apprête à
officialiser, mardi prochain lors de son assemblée générale, sa sortie du
capital d’Areva NP, la filiale de réacteurs du groupe nucléaire français. De
sources proches du dossier, le conglomérat allemand veut en effet exercer
l’option de vente qu’il détient sur sa participation de 34 % dans Areva NP.
Selon le pacte qui lie les deux entreprises, le groupe présidé par Peter
Löscher ne pouvait qu’à partir de cette année préparer sa sortie en
prévenant son partenaire avant le 30 janvier. Le désengagement effectif sera
bouclé au plus tard d’ici à 2012.

Fin septembre, Peter Löscher déclarait pourtant aux « Echos » que son groupe
était « satisfait de sa bonne relation avec Areva ». Et quelques mois
auparavant, Philippe Carli, le patron de la filiale française, assurait que
Siemens était prêt à investir « plusieurs milliards d’euros » pour monter
dans le capital de la filiale du champion français du nucléaire. A cette
époque, le géant allemand voulait clairement se renforcer dans Areva.

Forte incertitude

Le nucléaire reste stratégique pour Siemens. Mais il estime qu’avec 34 %
d’Areva NP, il ne maîtrise pas suffisamment les choses. Et son souhait de se
renforcer n’a jamais vraiment été entendu par Paris. Dans ces conditions, la
situation risquait de devenir intenable car Areva dispose aussi d’une option
d’achat sur la participation de Siemens. Tous les ans, au 30 janvier, le
groupe français peut unilatéralement « chasser » son partenaire. Ce n’était
certainement pas l’intention d’Anne Lauvergeon, la présidente d’Areva, qui
entretient d’excellentes relations avec Siemens. Mais cela crée une trop
forte incertitude pour le groupe allemand, qui préfère aujourd’hui se
retirer plutôt qu’investir sans garantie de peser sur la stratégie.

Le retrait de Siemens ouvre un boulevard pour Alstom. Son patron, Patrick
Kron, n’a rien perdu de son enthousiasme pour une fusion avec Areva dans
l’optique de créer un « champion mondial dans la production d’électricité ».
Malgré l’opposition d’Anne Lauvergeon et l’immobilisme du gouvernement sur
le dossier, « je reste favorable à un projet de rapprochement avec Areva »,
a encore déclaré Patrick Kron mardi. Siemens parti, Alstom et son
actionnaire de référence, Bouygues, font figure de candidat évident pour
apporter les fonds dont Areva a besoin pour assurer son développement.

Anne
Lauvergeon, qui siège au conseil de Total, verrait plus volontiers un
renforcement du pétrolier, qui possède déjà 1 % du capital et s’intéresse de
près au nucléaire (voir ci-dessous).

Divorce

D’ici là, Areva et Siemens vont devoir organiser leur divorce. Le groupe
français va racheter la participation de son partenaire allemand, estimée à
2 milliards d’euros. Le montant final fera l’objet de valorisations par des
banques et de négociations. En effet, une clause du pacte interdit à Siemens
pendant huit ans de faire concurrence à Areva sur ses métiers nucléaires.

De
sources proches du dossier, la chancelière allemande, Angela Merkel, aurait
appelé l’Elysée mardi pour tenter de voir si cette clause était
renégociable. L’enjeu est évidemment stratégique pour le groupe allemand,
qui n’abandonne en rien ses ambitions nucléaires. Certains s’attendent à ce
qu’il se tourne vers un autre partenaire, par exemple russe.

Cette décision est un coup dur pour la relation entre la France et
l’Allemagne. Reconnue pour sa compétence et faisant peu de bruits, Areva NP
était l’une des rares réussites industrielles du couple franco-allemand.

Elle contrastait en cela avec le sort d’Aventis, né de la fusion entre le
français Rhône-Poulenc et l’allemand Hoechst, racheté par le français
Sanofi, et avec les soubresauts d’EADS

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