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Obama et Juppé n’excluent pas d’armer les insurgés
Publie le mercredi 30 mars 2011 par Open-PublishingAlors qu’une réunion s’est tenue mardi à Londres, Washington, Paris et Londres évoquent un armement des rebelles
La Grande-Bretagne "n’exclut pas" de fournir des armes aux rebelles libyens, mais "n’a pas encore pris la décision de le faire", a déclaré mercredi David Cameron devant le Parlement.
Barack Obama "ne l’exclut pas. Mais ne dis pas non plus que cela va se faire." Alain Juppé a dit que Paris était prêt à discuter avec ses alliés d’une aide militaire.
Mercredi matin, la Russie s’est opposée à une telle idée. Aucun pays n’a le droit d’armer les rebelles en Libye, en vertu du mandat approuvé par le Conseil de sécurité de l’Onua déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
Lors de la réunion organisée à Londres, le nouveau "groupe de contact" sur la Libye a affiché son unité mardi à Londres autour du constat selon lequel le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi doit partir. "Kadhafi et son régime ont perdu toute légitimité et seront tenus responsables de leur action", a insisté le communiqué final, tout en précisant que "seuls les Libyens" pouvaient choisir leur avenir.
Une quarantaine de pays et d’organisations régionales ont confirmé ainsi, officiellement, la création d’un "groupe de contact" sur la Libye, chargé du pilotage politique de l’opération internationale, dont l’Otan doit prendre en main le volet militaire jeudi matin. Le choix des cibles en Libye ne va pas être de la responsabilité du groupe de contact créé mardi mais de celle de l’Otan, a déclaré le chef de la diplomatie française. D’après Alain Juppé, ce groupe de contact, qui va rassembler une vingtaine de membres, "continuera à opérer, vraisemblablement, si l’intervention militaire cesse".
A l’ouverture de la réunion de Londres, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton avait prévenu : les frappes de la coalition continueront "jusqu’à ce que Kadhafi remplisse pleinement les conditions de la résolution de l’Onu", soit un cessez-le-feu immédiat et un accès pour l’aide humanitaire.
En marge de la réunion, le Conseil national de transition (CNT) de l’opposition libyenne a enregistré plusieurs avancées. Mahmoud Jibril, son responsable des affaires internationales, a rencontré les ministres des Affaires étrangères américaine, britannique et français. Ainsi conforté, le CNT a promis des "élections libres et justes" et souligné ses "aspirations à un Etat uni, libre et moderne". Il a aussi insisté pour que "les crimes" commis par le colonel Kadhafi ne restent "pas impunis".
Par ailleurs, un porte-parole du CNT à Benghazi a déclaré que la rébellion cherchait à se procurer des armes lourdes auprès de "nations amies". L’amiral James Stavridis, commandant des forces américaines en Europe, a souligné que l’Otan n’avait "pas de représentant" en Libye pour assurer une liaison avec les rebelles.
Lundi, le Pentagone avait reconnu ne "pas savoir" grand-chose des rebelles. L’amiral a par ailleurs affirmé qu’il y avait des "signes" de présence possible de militants d’Al-Qaïda ou du Hezbollah dans les rangs rebelles, tout en jugeant que les chefs de l’opposition semblaient "responsables".
Mardi, de son côté, Mouammar Kadhafi a appelé la coalition à arrêter son "offensive barbare et injuste contre la Libye". Le dirigeant libyen a désigné un proche du président nicaraguayen Daniel Ortega pour le représenter à l’Onu, a annoncé mardi la présidence à Managua. Miguel D’Escoto "est autorisé" à parler au nom de la Libye aux Nations Unies, Tripoli étant convaincu que Washington n’accordera pas de visa à son nouvel ambassadeur désigné, Ali Triki, a expliqué la présidence.
Dans l’hypothèse d’un cessez-le-feu annoncé par le régime libyen, le groupe de contact aura à se pencher sur cette question pour le vérifier, voir si les troupes libyennes rentrent dans leurs casernes, a expliqué, à titre d’exemple, le ministre français des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse, à l’issue de la première réunion du groupe à Londres.
La prochaine réunion de ce groupe aura lieu au Qatar, seul pays arabe avec les Emirats arabes unis à participer à l’intervention militaire en Libye. Seuls sept pays arabes sur les 24 membres de la Ligue arabe étaient mardi à Londres.
A Londres, les pays arabes sont apparus en retrait
Le soutien de la Ligue arabe aux Occidentaux avait constitué le déclencheur de l’adoption de la résolution 1973 de l’ONU, autorisant l’adoption de "toutes les mesures nécessaires" pour protéger les populations civiles. La coalition est déterminée à poursuivre sa mission jusqu’à ce que Mouammar Kadhafi se plie aux termes de cette résolution du Conseil de sécurité.
Concernés au premier chef par l’avenir de ce pays, plusieurs Etats arabes - Algérie, et l’Egypte qui vient de renverser Hosni Moubarak - n’étaient pas représentés à la réunion de création du "groupe de contact" sur la Libye, à laquelle ont assisté une quarantaine de pays et organisations. "Le Qatar et les Emirats Arabes Unis engagés dans l’opération sont parfaitement d’accord pour ce commandement militaire confié à l’Otan", a cependant assuré le chef de la diplomatie française Alain Juppé qui a déploré l’absence de l’Afrique. "Nous regrettons que l’Union africaine ne soit pas présente."
Les missions du groupe de contact
La conférence a fixé trois missions au Groupe de contact :
– "assurer le leadership et la direction politique d’ensemble des efforts internationaux, en coordination étroite avec l’Onu, l’Union africaine, la Ligue arabe, l’Organisation de la conférence islamique (OCI) et l’Union européenne ;
– "fournir une plateforme en vue de coordonner la réponse internationale sur la Libye ;
– "fournir un espace commun au sein de la communauté internationale pour des contacts avec les parties libyennes".
Les participants ont, de plus, accepté l’offre du secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, présent à la conférence de Londres, de "gérer la coordination de l’aide humanitaire et la planification du soutien à long terme". Lors de la conférence, les participants se sont retrouvés pour dire que "Kadhafi doit quitter le pays".