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« On ira jusqu’au bout pour aider notre peuple »
Publie le jeudi 18 juin 2009 par Open-Publishing1 commentaire
Les Iraniens de France ont manifesté hier pour la deuxième journée consécutive devant l’ambassade d’Iran à Paris. Ils demandent l’organisation d’un nouveau scrutin.
"C’est un lieu hautement symbolique que les Iraniens de France ont choisi pour exprimer leur colère. Plusieurs centaines de personnes étaient réunis hier après-midi devant le Mur pour la Paix, à l’entrée du parc du Champs de Mars à Paris. Au lendemain de la mort de plusieurs manifestants à Téhéran, le ton est monté d’un cran. « Honte à toi assassin » peut-on lire sur une pancarte juste en dessous d’une photo de Mahmoud Ahmadinejad. « Nous récupèrerons les voix de nos frères martyrs » voit-on un peu plus loin. Dans la foule, ils sont nombreux à cacher leur visage sous une cagoule ou un foulard. A l’image de Kamram qui craint d’être ensuite reconnu et de ne plus pouvoir rendre visite à sa famille, en Iran. « Mon pays est emprisonné par un petit nombre d’individus. On ne veut plus de morts, on ne veut plus d’injustices » lâche-t-il.
Tous réclament que le vote des Iraniens soit respecté. Ici, la fraude électorale ne fait pas le moindre doute : « de 1% ou de 2%, on peut tricher, mais pas de 53% » entonne la foule en persan. S’ils sont présents, c’est également pour soutenir ceux qui manifestent dans l’illégalité et malgré la répression en Iran. « On est là par solidarité envers ceux qui risquent leur vie pour défendre leurs droits là-bas » explique Farah, venue spécialement de Lille. « D’une république islamique on est véritablement en train de passer à une dictature. Ahmadinejad n’est qu’un pantin au service de toute une caste obscurantiste qui cherche à garder le pouvoir par tous les moyens » confie Pedram, étudiant en droit. L’annonce faite par le guide suprême, Ali Khamenei, d’un nouveau compte des votes ne convainc personne. « C’est une plaisanterie ? Khamenei soutient Ahmadinejad. Lui seul pouvait organiser une telle fraude ! La seule solution acceptable c’est l’annulation du scrutin, l’organisation d’un nouveau et la levée de cette censure intolérable ! » s’emportent en coeur Maryam et Morvarid, faisant allusion à la très stricte surveillance dont font l’objet tous les types de communication actuellement.
Méfiance envers Moussavi
Si Ahmadinejad récolte l’ensemble des suffrages contre lui, peu déclarent en revanche soutenir ouvertement Mir Hossein Moussavi. A la différence des manifestations à Téhéran, ici pas de slogans en sa faveur, pas de brassard vert (couleur arborée par les supporters de Moussavi en Iran) et pas la moindre photo de lui. « Il ne faut pas non plus faire de Moussavi le candidat idéal, explique Fariba, avocate à Paris. Il soutient lui aussi ce régime depuis toujours. Mais il a été choisi par le peuple iranien et ce choix doit être respecté, peu importe ses idées ». A l’image de ce qu’ont fait beaucoup de leader occidentaux, Yashar Mohtashann, membre du Comité indépendant contre la répression des citoyens iraniens (CICRCI), ne veut pas donner d’arguments au clan du président iranien : « Il ne faudrait pas qu’Ahmadinejad puisse dire que Moussavi est le candidat des occidentaux, ni même des iraniens installés en occident... La réaction d’Obama et même celle d’Israël m’a semblé, de ce point de vue, très intelligente : condamner la fraude mais ne pas soutenir Moussavi ».
Malgré une grande inquiétude générale, l’espoir de voir le régime reculer devant la pression populaire et internationale est grand : « On ira jusqu’au bout pour aider notre peuple. Même le Hezbollah libanais n’a pas félicité Ahmadinejad... Il commence à perdre des soutiens » se réjouit Yashar. La mobilisation est maintenue toute la semaine.
Le CICRCI a donné rendez-vous ce jeudi encore devant le ministère des affaires étrangères et espère organiser samedi, à Bruxelles, un grand rassemblement de tous les Iraniens d’Europe."