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On nous parle de casseurs...

Publie le mercredi 20 octobre 2010 par Open-Publishing
2 commentaires

Mais qui c’est les casseurs et casseuses ? Témoignage de la place Bellecour

Publié le 19 octobre

12h : j’arrive au métro hôtel de ville, afin de rejoin­dre la grosse manif à Saxe depuis les pentes où j’habite. Je suis un chouilla en retard, mais vu la taille des manifs en ce moment ... Je vais m’enga­ger dans l’esca­lier de la bouche de métro quand mon regard tombe nez à nez avec le rideau de fer : métro fermé. Hein ?
Stupeur : la grève des TCL aurait été fina­le­ment plus effi­cace que prévue ? Je lève la tête, à la recher­che de vélo’v, et tombe alors, suc­ces­si­ve­ment, sur : la vision de plu­sieurs camions de pom­piers, un peu plus loin, et sur le départ. à côté d’eux, en me rap­pro­chant pour trou­ver mon vélo’v, j’aper­çois des bris de verre, ce qui me fait regar­der alen­tours. Les bris de verre pro­vien­nent de pans de verre d’abri­bus, pro­ba­ble­ment brisés lors d’affron­te­ments. d’ailleurs, à l’inter­sec­tion des rues, juste là, je vois jus­te­ment un tas de pou­bel­les consu­mées, par terre. Ca sent le roussi. levant la tête, au milieu des piéton.ne.s qui vaquent à leurs occu­pa­tions l’air de rien, j’aper­çois mes pre­miers robo­cops, en petits grou­pes. Boucliers, armu­res, et ... fla­sh­balls dégai­nés, sait-on jamais ...

Je prends mon vélo’v et remonte la rue de la ré en direc­tion de Bellecour : tout le long, c’est le même pay­sage, d’état de siège, pour quoi ? Pour quel­ques jeunes mineur.e.s d’âge cou­pa­bles d’avoir voulu mani­fes­ter pour défen­dre leurs retrai­tes ?
Bon sang, mais qui rend les mani­fes­ta­tions dan­ge­reu­ses pour « les lycéen.ne.s » ? Les éventuel.le.s crétin.e.s qui cas­se­raient tou.te.s seul.e.s des vitres d’abri­bus juste pour le fun ? Dans la rue, moi, là, je ne vois que des fan­tas­sins en armure avec leurs armes dégai­nées ... y’a juste à les orien­ter pour tirer. Ca me donne pas trop envie de traî­ner.
D’ailleurs, ça doit bien être un peu le but : effrayer le pékin qui vient mani­fes­ter, en lui insi­nuant « regar­dez à cause de ces vilain.e.s CASSEURS.EUSES, ça a tout dégé­néré » ...
Arrivée niveau Place des Jacobins, je com­mence à voir un nuage de brume.
Je com­mence aussi à enten­dre des brui­ta­ges qui ne res­sem­blent pas uni­que­ment à des slo­gans de manifs.
Alors je chope des gens qui vien­nent de bel­le­cour en ayant des tron­ches de mani­fes­tant.e.s (dra­peaux ou auto­col­lants divers avec eux.elles). Et je demande : « ça se passe com­ment Place Bellecour ? Je cher­che à rejoin­dre la manif ».
Réponse : « très mal. Franchement, vous devriez éviter d’aller Place Bellecour ».
Du coup, je bifur­que vers la guillo­tière, je rejoins là la manif.
En dis­cu­tant un peu avec des per­son­nes dans la manif, j’apprends que « ce matin, des CASSEURS.EUSES ont cassé des vitri­nes autour de Bellecour ».
J’ai pas vu les vitri­nes. Juste quel­ques vitres d’abri­bus, des pou­bel­les cra­mées, et ... les gros pots de plan­tes qu’il y a sur une petite place entre Terreaux et Jacobins, pas mal cha­hu­tés, cer­tains ren­ver­sés et même une plante com­plè­te­ment dépo­tée sur l’asphalte de la rue.
Là, moi, comme j’ai été lycéenne avant d’être sala­riée, j’ai pensé : « et merde, y’a même eu des pour­sui­tes et des esqui­ves au milieu de ces putains de pots de plan­tes ».
En conclu­sion de ce petit voyage à Sarkoland et son état de siège, je vou­drais faire remar­quer :
- que en 1968, il y avait car­ré­ment des bar­ri­ca­des et des jets de pavés sur les CRS (voire de cock­tails), ainsi que des voi­tu­res uti­li­sées en plein centre ville comme maté­riau à bar­ri­ca­des. A l’époque, ça ne cho­quait pas, cette vio­lence là en réponse à la vio­lence des CRS (d’ailleurs, à cette époque, c’étaient des « CRS-SS »).
Le pire qu’on ait retenu, comme voca­bu­laire, sur les auteurs des jets de pavés, c’était « la chien­lit ».
- en 1994, on a com­mencé à enten­dre parler de ces « cas­seurs.euses », lors du mou­ve­ment anti-SMIC jeunes.

Comme par hasard, leur pro­to­type sem­blait être d’avoir un faciès de jeune issu de ces cités de péri­phé­rie, celles-là même qu’un gusse qui com­mande aujourd’hui à tous les flics de France dit vou­loir « net­toyer au kar­cher ». Nous, lycéen.ne.s du centre ville, on y a un peu cru, mais en même temps, on a aussi été un cer­tain nombre à refu­ser cette divi­sion.
Puis on s’est rendu compte qu’il suf­fi­sait, au cours de ce mou­ve­ment, de dix lycéen.ne.s autour de la statue à Bellecour, en début d’après midi, pour que 100 flics char­gent à grands coups de lacrymo et que bizar­re­ment, en fin d’après midi, il y ait plein de verre cassé autour de la place.

Des jeunes bles­sés aussi.

Et puis la frousse pour chacun.e de se trou­ver pris.e là dedans demain, d’être arrêté.e juste pour avoir tenté de défen­dre le SMIC, juste pour être cou­pa­ble d’avoir défendu son avenir ... ou bien l’exal­ta­tion de chacun.e de tenir tête aux canons à eau, en venant pour la pre­mière fois au sit­ting quo­ti­dien qui se dérou­lait Place Bellecour, au milieu de la fumée, des robo­cops et du reste.

Il y avait tout ça, mais à l’époque, les CASSEURS(EUSES) ne se per­met­taient pas de tirer à tirs tendus.
Donc à l’époque, les bles­su­res (et il y en a eu, cer­tain.e.s les por­tent à vie), c’était aux genoux, aux jambes, etc. Parce que la consi­gne des baqueux à l’époque, c’était de nous faire tomber en nous frap­pant les jambes, pour nous cueillir ensuite. Par exem­ple, une ancienne copine a un genou foi­reux depuis un tour place Bellecour à la mau­vaise heure. Ca, elle va le garder toute sa vie.
Mais c’est pas à la tête.
Pas à l’oeil.
Ca aussi, les lycéen.ne.s qui ont morflé, phy­si­que­ment, pour avoir osé sortir en cor­tège devant leur bahut, ils.elles vont le garder à vie, l’oeil en moins.
C’est dégueu­lasse, de perdre un oeil parce que les flics tirent sur des mani­fes­tant.e.s comme si c’étaient des lapins.
Bon sang, mais c’est qui, ici, les CASSEURS.EUSES ?
Alors que même parmi les mani­fes­tant.e.s et gré­vis­tes, on parle des « cas­seurs.euses de vitri­nes » comme cas­seurs.euses, je vou­drais sou­li­gner com­ment on se scan­da­lise encore à deux vites­ses.
Je vais pas faire l’éloge du bris d’abri­bus (j’ai pas vu de vitri­nes bri­sées), mais entre une vitre brisée quelle qu’elle soit, et un oeil démoli, ben je suis déso­lée, y’a pas photo.
Pour moi, les CASSEURS.EUSES, c’est ces gusses surar­més que j’ai croi­sés ce matin dans la rue, et qui m’ont noué l’esto­mac parce que moi, les armes dégai­nées, ça me fiches les jetons, je sais pas pour­quoi, je me sens en danger dans ces cas-là ...

Article trouvé sur : https://rebellyon.info/Mais-qui-c-e... auquel j’apporte ma contribution et mon soutien.

On nous parle de casseurs ...................

Ce qui me choque le plus c’est qu’il y a d’un côté ces gens qui manifestent car ils se disent en désaccord total avec le pouvoir en place et les méthodes utilisées pour faire passer cette réforme inique. Et de l’autre , ces mêmes personnes considèrent que les CRS ne font que leur travail.

On parle de casseurs mais bien souvent, une cannette, une boule de papier (ou rien que la prétention de se diriger vers la gare en criant à tu tête patrons voyous ,comme je l’ai vu à lille) suffis à faire charger les CRS à grand coup de gazeuses et de tirs tendus de lacrymogène. Ce qui ferra à n’en pas douter la une des JTs le soir même, (je ne parle même pas de montreuil et des 3 4 poubelles entassé sur la rue qui semble justifier la perte d’un œil de lycéen.

Alors comme ca, s’en prendre au pouvoir via son bras armé répressif c’est être un casseur ?

Et casser nos acquis sociaux c’est « nécessaire » ?

Vraiment de logique le capitalisme est plus que jamais dépourvu !

Messages

  • Hélas, les CRS ne font réellement que leur travail, il suffit simplement de bien définir ce travail : les CRS sont les miliciens du capital.

  • Les casseurs, objectivement, se font les alliés des CRS et donc du gouvernement. Quand ils ont cassé des vitrines et mis le feu aux poubelles, où est le gain syndical ou politique ?

    En revanche, les médias serviles et aux ordres, s’en servent pour jeter le trouble et obtenir le désaccord des citoyens qui réprouvent ces désordres.

    Or, les manifestations sont suffisamment puissantes pour faire par leur seule présence la démonstration de leur force.

    L’Etat ne vise qu’un objectif : recourir à la violence et à la répression. Aussi, avoir l’excuse du retour à l’ordre et à la paix civile lui est un cadeau dont il use et abuse.

    Ecoutons bien Sarko et ses ministres : liberté de travailler, de circuler, garantie des libertés et de la paix civile.

    Les trublions qui sèment le désordre et la panique offrent d’excellents motifs d’intervention policière.

    La question se pose de la présence de flics en civil parmi ces anars. Eh oui, parce que ça donne raison à la répression.