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Oublié dans la crise financière, Kerviel passe à l’offensive
Publie le lundi 13 octobre 2008 par Open-Publishing1 commentaire
Oublié dans la crise financière, Kerviel passe à l’offensive
lundi 13 octobre 2008 09h36
par Thierry Lévêque
PARIS (Reuters) - Oublié dans l’actuelle crise financière, Jérôme Kerviel espère trouver une oreille attentive chez les juges cette semaine pour mettre en cause la Société générale.
Mis en examen pour abus de confiance, faux et intrusion informatique, l’ancien trader auquel la banque impute la responsabilité d’une perte de 4,9 milliards d’euros sera confronté lundi, à sa demande, aux commissaires aux comptes de la banque, employés d’Ernst & Young et Deloitte & Touche.
Jeudi, toujours à sa demande, il sera face au trader chargé par la banque de déboucler ses positions à risque, ce qui, au coeur d’une première déroute des marchés entre le 21 et la 23 janvier, avait amené la perte en question.
Qualifié de "terroriste" par l’ancien patron de la Société générale, de "rogue trader" ("trader voyou") par la presse financière anglo-saxonne, Jérôme Kerviel est considéré comme un héros pour de nombreux sites internet internationaux, qui voient en lui un bouc émissaire d’une finance cynique.
Pour l’heure, l’ancien trader entend mettre la banque devant ce qu’il voit comme ses responsabilités, ont expliqué vendredi à Reuters deux de ses avocats.
"Les événements démontrent à l’évidence que Kerviel est un élément de rouage, un pion dans une espèce de grand machin sans règle", a déclaré Me Eric Dupond-Moretti.
L’avocat critique la fonction de commissaires aux comptes.
"Si c’est pour faire ce que leur demandent ceux pour qui ils travaillent, ce n’est pas la peine d’avoir des commissaires aux comptes", a-t-il dit.
Leur travail "est de vérifier que les comptes sont bien la traduction fidèle de la situation d’une banque. Plusieurs dizaines de milliards de position, ça laisse forcément des traces", a ajouté Me Caroline Wassermann, autre avocat de Kerviel.
"RIDEAU DE FUMEE", DIT L’AVOCAT DE LA SOCGEN
La défense veut en outre éclaircir les conditions dans lesquelles un trader unique a soldé les positions à risque de Jérôme Kerviel. Pour Me Wassermann, c’est la banque qui a provoqué la perte. "Nous n’avons toujours pas la justification au dossier" de cette perte, a-t-il dit.
La Société générale a toujours dit qu’elle avait dû procéder dans la plus grande discrétion pour éviter un alarmisme sur son titre et qu’elle n’avait d’autre choix, que le risque était trop grand pour attendre une période plus favorable.
Me Jean Veil, avocat de la banque, estime que l’affaire n’a rien à voir avec la crise financière actuelle.
"Si on avait attendu comme il le suggère de dénouer les opérations, on voit bien ce qui se serait passé avec la crise. L’affaire n’a rien à voir avec la crise du système, c’est un nuage de fumée lâché par la défense de M. Kerviel", dit-il.
Joint par Reuters, il rappelle que le trader a reconnu avoir caché ses engagements à risque en produisant des faux qui laissaient croire qu’il avait équilibré cette position.
"Si M. Kerviel n’avait pas menti, les commissaires aux comptes auraient vu les positions considérées. Il est dommage que ses avocats actuels n’aient pas été là au début de l’affaire, car ils se souviendraient mieux des aveux de M. Kerviel devant la police et les juges les 25, 26 et 27 janvier", ajoute-t-il.
"Heureusement que les faits ont été découverts en janvier et pas en septembre 2008, l’augmentation de capital réalisée au printemps (par la Société générale) aurait été dans le cas contraire impossible. Les fautes de Kerviel ne pourraient être corrigées aujourd’hui", a-t-il conclu.
Au fil des investigations, une série de dépositions et d’éléments matériels ont montré que de nombreuses alertes sur le travail de Jérôme Kerviel avaient été ignorées.
Messages
1. Oublié dans la crise financière, Kerviel passe à l’offensive, 13 octobre 2008, 14:17
Société Générale en forte baisse sur des rumeurs de perte
lundi 13 octobre 2008 13h08
PARIS (Reuters) - L’action Société générale est passée dans le rouge et a été rapidement réservée à la baisse lundi en Bourse de Paris sur des rumeurs de forte perte dans les produits structurés, rapportent des traders.
D’autres rumeurs font état d’une intervention à venir du gouvernement français, qui devait présenter son plan de soutien aux banques hexagonales en début d’après-midi, indiquent-ils.
Aucun commentaire immédiat n’était disponible à la Société générale sur ses rumeurs.
L’action Société générale, qui gagnait plus de 6%, s’est brusquement retournée à la baisse en milieu de journée et a été réservée à la baisse à deux reprises. Elle cédait 10,2% à 44,90 euros vers 13h00 après avoir touché un plus bas à 42,78 euros.
Yann Le Guernigou, édité par Jean-Michel Bélot
http://fr.reuters.com/article/businessNews/idFRPAE49C0FL20081013