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PCF : Ne pas parler des milieux populaires comme ceux d’une autre planète
Publie le mardi 11 décembre 2007 par Open-PublishingTravailleurs sociaux, fonctionnaires, chômeurs, syndicalistes, élus, les réflexions de communistes confrontés à la réalité des quartiers populaires.
de Mina Kaci
Des accents du Sud se mêlent à ceux de la région parisienne, des voix féminines et masculines s’entrecroisent autour de la table numéro 12 pour enrichir le texte intitulé « Comment construire une conscience commune des exploité(e)s et des dominé(e)s dans une société éclatée ? ». Ce document liste dans sa seconde partie un ensemble de questions « pas assez développées ni analysées », juge Stéphane (Val-de-Marne). La remarque est partagée par l’assistance, particulièrement demandeuse de formation des militants sur les bouleversements de la société française.
Le jeune Vincent (Vosges) l’exige, estimant qu’on ne peut appréhender le terrain sans ce travail de réflexion. Le terrain que les communistes rassemblés ici souhaitent voir leur parti réinvestir. Travailleurs sociaux, fonctionnaires ou chômeuse, syndicalistes ou élus, ils sont plusieurs à être confrontés à la dure réalité des quartiers populaires. « Notre langage n’est pas accessible, dit Monique (Paris) : contrairement à nous, les gens comprennent Sarkozy. Non qu’il faille amoindrir notre analyse, mais la rendre plus claire… » « Besancenot aussi à un discours simple et clair », soutient Vincent. « On ne sait pas comment s’adresser aux gens en marge de la société », souligne Claude (Alpes-de-Haute-Provence).
Sabrina (Gardanne) semble douter qu’il s’agisse d’abord d’une question de communication. Selon elle, « les communistes doivent reconquérir les milieux populaires plutôt que de parler de "ces gens-là" comme s’ils étaient sur une autre planète ». La jeune femme plaide en faveur des bonnes vieilles méthodes : le porte-à-porte, le retour des cellules comme « structure de proximité ». Surtout, affirme Sabrina, « il faut rendre le quotidien politique. Les problèmes de tous les jours doivent être traités comme des questions politiques ». Plus largement, Gilles (Marseille) estime que le PCF doit retravailler sur la bataille idéologique, qui fait rage dans les couches sociales exploitées. Une lutte basée actuellement sur « la culpabilisation de ceux qui ont un peu plus que les autres ». Une idéologie qui fonctionne « y compris parmi les communistes, estime Viviane (Villejuif). Avant, on était les premiers à s’opposer physiquement aux expulsions de locataires. On ne le fait plus, certains doutent de la "bonne foi" de ces personnes ». Ébauche de discussion autour de la table numéro 12, que Viviane aurait souhaité voir prendre le pas sur le débat concernant l’avenir du PCF.