Accueil > PCF : Ni dissolution ni statu quo
Sans concession, le débat sur le mandat a permis l’adoption d’une résolution très majoritaire.
de Sébastien Crépel
Le débat des délégués a été très animé, hier matin, sur la proposition de mandat de l’assemblée générale extraordinaire à la direction nationale du PCF, en vue de la préparation du congrès de fin 2008. Après deux heures d’échanges intenses, l’assemblée a cependant accouché d’une proposition qui a satisfait la très grande majorité des participants, sans trancher à l’avance les options parfois contradictoires en présence dans le débat.
Les points 4 et 5 du mandat relatifs à l’avenir du PCF et aux expériences de rassemblement à impulser d’ici au congrès ont donné lieu aux échanges les plus passionnés. De ce débat, il ressort le refus très largement partagé d’une dissolution du PCF dans une autre force mais aussi celui du statu quo. L’attachement à l’existence du Parti communiste français, tout autant que la nécessité de le transformer profondément pour relever les défis du XXIe siècle, ont été simultanément affirmés dans de nombreuses interventions. Pour en tenir compte, la proposition de mandat a été profondément remaniée par les délégués, en réponse aux critiques sur le processus d’élaboration de la proposition initiale. Une déléguée parisienne se plaindra « du décalage » existant à ses yeux entre « la méfiance des communistes dans les sections » vis-à-vis des options posées pour l’avenir du PCF, et « les interventions des dirigeants nationaux dans les discussions ». Un délégué de la Courneuve (Seine-Saint-Denis) a exprimé sa conviction que « les communistes se sont très majoritairement prononcés pour le maintien du PCF et ont exclu l’hypothèse de sa disparition », revendiquant un mandat qui reflète ces conclusions. François Dumont, du Cher, a regretté quant à lui « un texte en retrait sur la discussion de samedi soir », en pointant le besoin d’ « ouvrir les débats et non de les fermer ». Au centre de la controverse, la proposition de la commission du mandat, rapportée par Patrice Bessac, secrétaire de la fédération parisienne, de « n’exclure aucune hypothèse concernant le parti ou sa stratégie, ni de prendre d’avance une orientation que les communistes choisiront à leur congrès ».
Pour les uns, cela signifierait une porte ouverte au scénario d’une dissolution du PCF dans une autre force, a contrario de ce qu’ont exprimé les communistes dans les sections. Pour d’autres (majoritaires), la formule prémunit au contraire de l’engagement dans des constructions partidaires nouvelles avant le congrès de 2008 où les communistes trancheront. L’amendement explicitera ce point, en excluant clairement de donner mandat pour « permettre la réflexion et l’expérimentation » sur de nouveaux types de rassemblements, prélude pour certains à la construction d’une nouvelle force qui ne dit pas son nom. « Si l’on se contente de n’exclure aucune hypothèse avant le congrès, alors nous sommes d’accord », a affirmé dans le débat Nicolas Marchand (Val-de-Marne), qui prend position contre toute dilution du PCF et pour son renouvellement. « Nous ne voulons pas écrire le mot « fin » de l’histoire du PCF », a insisté de son côté un jeune adhérent.
Marie-George Buffet a proposé de soumettre aux voix des délégués les alternatives principales en discussion. L’assemblée générale a modifié le mandat donné à la direction en réaffirmant en préambule l’objectif de lutte contre le capitalisme mondialisé, dans laquelle s’inscrit le combat contre la politique de Nicolas Sarkozy. Elle a acté également l’idée de « construction » de rassemblements majoritaires à gauche, en lieu et place de leur « relance », formulation ambiguë qui laissait planer le doute quant à la volonté de recommencer les expériences qui ont échoué, type gauche plurielle ou collectifs antilibéraux. Enfin, la très grande majorité des délégués a décidé d’intégrer l’amendement de la commission des mandats n’excluant « aucune hypothèse » concernant l’avenir du PCF et sa stratégie.