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PCF : un an pour convaincre

Publie le mardi 11 décembre 2007 par Open-Publishing
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PCF . L’assemblée générale des délégués de section exprime son attachement politique au PCF mais ne met aucune limite à la portée des débats jusqu’au congrès de décembre 2008.

de Jean-Paul Piérot

« Nous avons un an, un an pour faire événement, pour surprendre, un an pour confronter nos doutes et nos certitudes au monde d’au- - jourd’hui. » Cette phrase de Marie-George Buffet clôturant l’assemblée générale des délégués de sections du PCF, samedi et dimanche sous l’Arche de la Défense, est la plus exacte expression de l’état d’esprit des quelque 1 500 militants communistes. Dans la vaste salle meublée de tables rondes facilitant les échanges, des dizaines de femmes et d’hommes désignés directement par leurs camarades dans les sections, donc sans passage par le niveau départemental, ont trouvé, chacun à sa manière, les mots pour dire l’urgence de la situation de leur parti.

Il y a urgence pour le PCf

« La question de la survie du Parti communiste est posée », « crise existentielle », « crise de confiance », « pourquoi en sommes-nous arrivés là ? ». Au fil des interventions, les militants s’efforcent de dépasser le désarroi après le choc provoqué par le résultat calamiteux de l’élection présidentielle. « 1,92 % : avec un tel score, un parti ne pèse plus dans la vie politique. Il perd sa crédibilité auprès des salariés », observera un délégué. Les communistes veulent dresser un diagnostic et trouver les remèdes. Et d’abord, comme il est souligné dans le mandat qu’ils ont adopté pour leur congrès qu’ils tiendront d’ici un an, il faudra « tirer toutes les leçons des échecs, transformer en profondeur les conceptions, l’organisation, les pratiques ». Le processus est engagé. La direction du PCF estime à 35 000 le nombre d’adhérents (sur un total de quelque 130 000 cotisants) qui ont participé aux réunions locales préparatoires. Des procès-verbaux ont été envoyés place du Colonel-Fabien. L’organisation des travaux lors de la rencontre de la Défense (des débats en plénière et par « ruches », discussions thématiques autour des tables d’une dizaine de personnes) a permis à tous d’exprimer leurs opinions.

Des communistes très critiques

« Une vraie démarche démocratique dans un climat de fraternité et d’écoute », se félicitait un jeune militant. Volonté de chercher ensemble, envie d’unité habitaient l’immense majorité des délégués. Mais les critiques ne manquent pas. Elles visent souvent la direction nationale à qui il est reproché de ne pas donner l’impulsion politique, d’apparaître divisée. « Le jeu des tendances paralyse notre direction », lancera Patrice Bessac, le responsable de l’organisation parisienne. Le regard critique porte sur l’activité du PCF au cours des dernières années : l’affaiblissement des organisations de base (cellules) qui ont distendu, jusqu’à la rupture en maints endroits, les liens avec les familles populaires, le retrait progressif de l’activité des communistes du lieu de travail, l’absence d’une réelle formation politique et idéologique des adhérents. Invitée à s’exprimer devant l’assemblée, la politologue Marion Gretz insistera sur la nécessité pour le PCF de s’appuyer sur les classes sociales victimes de la politique libérale.

Un projet de société à redéfinir

Mais chacun en convient, les déficiences d’organisation sont le reflet de l’absence de visibilité d’un projet de société crédible et mobilisateur. Lionel Chabert, délégué parisien, plantait le décor politique à gauche : d’un côté - Olivier Besancenot, représentant un courant sympathiquement contestataire mais impuissant, et de l’autre un PS qui se tourne vers le Modem. « Mais il n’y a pas, déplorait-il, de grande formation populaire de gauche transformatrice. » Un autre militant, au cours d’un débat « en ruche », livrait cette observation : « Le militantisme se nourrit d’un projet dans lequel on s’investit sur le long terme et de luttes aux résultats immédiats. » Au coeur de cette question, le communisme, dont la pertinence fait consensus parmi les délégués, mais pour Jean-Marie Doussin, secrétaire départemental de Seine-Saint-Denis, « il n’est pas sûr que tous donnent le même sens au communisme ». Marie-George Buffet plaide pour « une visée communiste dégagée des limites étatistes et productivistes, qui sache dépasser la matrice de 1920 ». Et elle ajoute : « Ni un doux rêve remis à plus tard, ni un passé fait de crimes et de désillusions, mais un chemin pour le dépassement du capitalisme, pour libérer les hommes et les femmes de toute domination. »

Les programmes, les propositions défendues par les communistes doivent renvoyer à son projet de société, ont expliqué plusieurs délégués, les services publics participent de cette notion de biens communs que nous prônons, estime l’un d’eux. Un énorme travail théorique est nécessaire. Un groupe de travail sera constitué pour animer un travail de recherche associant les communistes aux personnes et aux forces qui voudront s’y associer.

Toutes les pistes méritent débat

« Dans quel type d’humanité voulons-nous vivre ? Quelle société voulons-nous ? Quel type d’organisation est nécessaire ? » Questions posées aux militants communistes par le philosophe Jean-Louis Sagot-Duvauroux. La troisième interrogation a donné lieu aux échanges les plus passionnés et, disons-le, les plus véhéments. Une constatation au fil des interventions : une très large part des délégués veulent continuer le combat communiste avec le PCF, mais exigent de profondes transformations pour leur parti -une métamorphose, dira l’un d’eux. Mais, dans le même temps, ils n’ont pas accepté la proposition soutenue par plusieurs délégués, consistant à limiter le champ du débat du congrès à la seule rénovation du PCF, excluant ainsi la possibilité de débattre d’autres options.

Sur ce seul point, et non des moindres, la discussion connut une montée de fièvre dimanche matin, conduisant Marie-George Buffet à monter au créneau pour faire prévaloir un débat en toute liberté. Opinion partagée par la grande majorité des militants, qui ont adopté par 72 % des voix (1) le mandat : la feuille de route des communistes.

(1) 1 179 votants.

Pour : 852 (72,26 %).

Contre : 240 (20,41 %). Abstention : 86 (7,29 %).

http://www.humanite.fr/2007-12-10_P...

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