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PCF : un consensus s’est dégagé pour de profonds changements dans le Parti...

Publie le mardi 11 décembre 2007 par Open-Publishing

Impatients de reprendre l’initiative

Prolongeant les discussions de la base, un consensus s’est dégagé pour de profonds changements dans le Parti.

de Olivier Mayer

Olivier Dartigolles le dit dans son introduction : les débats engagés dans les sections montrent « qu’il n’y a pas de sous-estimation de la gravité de la situation (du PCF), ni de la complexité de la période ». « Ce débat, rappelle Alain Hayot, des Bouches-du- Rhône, nous est imposé par un désastre électoral qui sonne comme une fin de cycle : celui qui depuis trente ans voit se creuser le fossé avec la société française. » « Cette crise nous interpelle sur le sens même de notre existence, précise-t-il. On est perçu comme une force appartenant au passé », confirme Nadia Boyer. La militante du Vaucluse considère que les communistes sont confrontés à un double problème de crédibilité : celui de leur projet et celui de la capacité de ce projet à devenir majoritaire dans la gauche.

Cette lucidité partagée n’entraîne pas le renoncement. « Inventer du communisme », « Redonner son vrai sens au mot communisme », « Faire du communisme », « Ne pas renoncer au communisme », ces expressions émaillent toute la discussion. « Je suis fier de porter ces valeurs, cette identité communiste aujourd’hui », renchérit Pascal, un militant de la RATP. C’est d’abord contre la politique de la droite que cette envie, cette combativité s’exprime. Une « droite nouvelle » que Sarkozy incarne, selon Olivier Dartigolles, « à l’image de cette bourgeoisie de "gagneurs" dont il est issu, de ce Neuilly qui l’a formaté et qui associe politique, affaires, show-biz et "pipolisation" de la vie publique ». « Il faut faire plier le genou à Sarkozy », lance Danièle Lebail-Coquet, du Rhône.

Cette volonté conduit nombre d’intervenants à souscrire à la proposition d’engager quatre campagnes politiques : sur les retraites, contre le nouveau traité européen, sur le pouvoir d’achat et sur les institutions contre la réforme constitutionnelle en cours. La section de la RATP propose en outre une campagne sur « l’argent », pour « dénoncer les profits financiers ». Jean-Marc Coppola, des Bouches-du-Rhône, insiste : « Nous devons nous rendre utile dans la riposte à la politique de la droite et du MEDEF, utile à redonner de l’espoir en faisant comprendre qu’il n’y a pas de fatalité au recul de civilisation. »

Pour Pierre Laurent, l’assemblée générale doit « marquer un tournant », engager « une période beaucoup plus constructive », celle de « la reprise d’initiative du Parti communiste sur tous les terrains ». Il évoque les objectifs de Nicolas Sarkozy, mais aussi les tentatives de recomposition du paysage politique. « Ségolène Royal se remet en selle en se présentant comme la candidate d’un arc allant de Besancenot à Bayrou et faisant totalement l’impasse sur le Parti communiste et, au-delà de lui, sur toute ambition réelle de changement », explique-t-il.

Plusieurs intervenants souhaitent que le Parti communiste lance une initiative de rassemblement de la gauche. Selon Robert Injey, de Nice, « il y a besoin d’une initiative politique liant riposte, réappropriation citoyenne de la politique et rassemblement ». « Face à la droite, il est nécessaire de construire un front populaire de convergence, nourri des luttes, rassemblant forces de progrès et peuple de gauche, pour transformer cette société », explique-t-il. L’idée d’un « front des gauches, un front populaire » est également émise par Patrice Bessac.

Le dirigeant parisien estime que le PCF vit depuis dix ans « comme en sursis, en débat et en crise permanente », avec une direction « paralysée par le jeu des tendances ». Il souhaite que le congrès de 2008 soit celui de « transformations profondes, de ruptures nettes ». « Révolutionner le Parti », la formule tient la corde dans la discussion. Presque tous les intervenants réclament des changements importants dans la vie du Parti. Sur cette exigence, le consensus est réel. Pour la plupart, cette nécessité s’accompagne de la volonté de continuer le PCF. Certains veulent « acter » cette volonté dans le mandat de l’assemblée générale. « Gardons-nous de tout acte qui ouvrirait la porte à un processus conduisant à la dissolution ou la dilution du Parti communiste dans une autre formation » et « actons que les communistes sont très majoritairement attachés à leur parti », propose Yves Dimicoli. « Il faut tenir compte de cet avis majoritaire et l’acter ce week-end », renchérit Fabien Roussel ? du Nord. À rebours, pour d’autres intervenants, comme Sandrine, du Val-d’Oise, « il faut tout laisser ouvert », parce que, comme le dit Joël, des Yvelines, « l’idée de conserver les structures du Parti font débat ». « Nous déciderons majoritairement au congrès, affirme Roger Martelli. Mais avant ce terme, toute majorité est une amputation ». « Le dépassement ou la dissolution du Parti ne sont pas à l’ordre du jour », estime de son côté Robert Injey. « Peut-être que demain, dans le cadre d’une dynamique citoyenne et d’une volonté très large des communistes, un nouveau Parti pourra émerger. Je n’ai rien contre. Mais à ce jour, de dynamique il n’y a pas la moindre trace ». Pour le dirigeant niçois, il faut dire qu’« aujourd’hui le Parti est indispensable » et travailler à sa transformation.

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