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Pakistan : plus d’un million de déplacés, l’armée aux portes de Mingora

Publie le samedi 16 mai 2009 par Open-Publishing

Pakistan : plus d’un million de déplacés, l’armée aux portes de Mingora

ISLAMABAD - Plus d’un million de personnes ont fui les combats entre forces gouvernementales et talibans dans le nord-ouest du Pakistan ces deux dernières semaines, a annoncé samedi le HCR, alors que l’armée était toujours aux portes de Mingora, chef-lieu de la vallée de Swat.

"Nous avons enregistré depuis le 2 mai 1,171 million de personnes déplacées", a déclaré le Haut Commissaire des Nations unies pour les Réfugiés (HCR), Antonio Guterres, en appelant à l’aide internationale, au cours d’une conférence de presse concluant une visite de trois jours au Pakistan.

Le nombre de déplacés a ainsi augmenté de 183.860 depuis un bilan fourni vendredi après-midi, alors que les familles continuaient de fuir les trois districts concernés à pied ou en s’entassant sur des camions et tracteurs pour venir se réfugier dans des camps de fortune.

Ils y rejoignent les quelque 500.000 déplacés qui avaient déjà fui le nord-ouest du pays l’an dernier face aux avancées des rebelles talibans, venus imposer par la force une version fondamentaliste de la loi islamique.

"En ajoutant les plus de 500.000 déplacés d’avant mai, on arrive à un un chiffre impressionnant, sachant que chacun d’eux est un cas" à traiter, a-t-il souligné.

Le chef du HCR a réitéré son appel aux donateurs, alors que son agence estime que plusieurs centaines de millions de dollars d’aide internationale sont nécessaires pour financer l’assistance à ces déplacés.

"Ce n’est pas le moment de faire des gestes symboliques (...). C’est le moment d’apporter un soutien massif" à ces personnes, a-t-il insisté.

Les forces de sécurité pakistanaises ont lancé fin avril une offensive dans trois districts du nord-ouest du pays (Lower Dir, Buner et Swat) pour tenter de repousser l’avancée des talibans, alliés d’Al-Qaïda parvenus le mois dernier à 100 km d’Islamabad, la capitale.

Des associations de défense des droits de l’homme ont déjà averti que le déplacement actuel de population était le plus important que le Pakistan ait connu depuis la partition d’avec l’Inde en 1947.

Sous leurs tentes élevées à la hâte, plusieurs déplacés dénonçaient l’offensive gouvernementale.

"Le gouvernement devrait nous laisser en paix. Nous n’avons pas besoin de tentes, de nourriture ou d’argent", déclarait ainsi Hayat Ullah, qui a fui Mingora avec femme, filles et petits-enfants pour rejoindre le camp de réfugiés gouvernemental de Jalala, dans le district de Mardan.

"Nous ne sommes pas ici à cause des talibans" mais à cause "des bombardements du gouvernement", a-t-il souligné.

Dans la journée, à Peshawar, la principale ville du nord-ouest du pays, où nombre de déplacés ont trouvé refuge, un attentat à la voiture piégée a fait 11 morts, selon une source hospitalière. La police a elle confirmé neuf décès.

L’armée pakistanaise a déclaré samedi que ses 15.000 soldats se rapprochaient de Mingora, chef-lieu de la vallée de Swat, contrôlée depuis plusieurs mois par les talibans qui y compteraient environ 4.000 combattants.

Selon l’armée, plus de 980 rebelles et 45 soldats ont été tués depuis le lancement de l’offensive. Ce bilan ne pouvait être confirmé de source indépendante, alors que les médias sont tenus loin des zones de combats.

Par ailleurs, dans le Waziristan du Nord, une autre région tribale instable du Nord-Ouest pakistanais, frontalière de l’Afghanistan et considérée par Islamabad et Washington comme une base arrière pour les talibans et leurs alliés, un bombardement présumé américain a tué au moins 25 personnes samedi, selon des responsables de sécurité pakistanais.

16 mai 2009 17h52

http://www.romandie.com/ats/news/090516155253.ueugtwqc.asp