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Participez à la mobilisation contre l’OMC à Montréal !

Publie le lundi 28 juillet 2003 par Open-Publishing

Du 28 au 30 juillet, Montréal sera l’hôte d’une rencontre
mini- ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce
(OMC), en préparation pour sa prochaine rencontre interministérielle
qui se tiendra à Cancun, au Mexique, du 10 au 14 septembre.


Où en est l’OMC

Avec ses 146 pays membres, l’OMC est l’instrument de contrôle
du commerce international le plus puissant dans le monde.
L’OMC gère plus de 20 accords, dirige des négociations commerciales,
supervise et impose la résolution de conflits commerciaux
- une procédure secrète qui permet aux états de contester
les lois des autres pays, sous prétexte qu’elles enfreignent
les règles de l’OMC. La mise en application de ces accords
mondiaux obscurs mine grandement la capacité des gouvernements
d’appliquer des lois progressives en matière de santé, de
sécurité, d’environnement, de droit du travail et de convention
sociale. Ces ententes sapent également le droit des peuples
de déterminer leur propre avenir. Il faut toutefois noter
que ces accords ont étés adoptés par les États eux-mêmes,
ce qui indique clairement leur rôle d’alliés du capital.

Depuis la rencontre de Seattle, les divisions entre pays
riches et pays pauvres au sein de l’OMC ont rendu plusieurs
négociations stagnantes. L’OMC fait ainsi face à une crise
de crédibilité et de légitimité, au sein même de ses propres
rangs. Des partisans du libre-échange comme le ministre canadien
du Commerce, Pierre Pettigrew, affirment que la rencontre
de Montréal est vitale : des "progrès" doivent être faits
dans des domaines controversés comme l’agriculture et la
propriété intellectuelle, afin que la rencontre de Cancun
soit un "succès."

À qui profite l’OMC ?

La vision de l’OMC réduit tout et tout le monde à de simples
commodités qui peuvent être achetées et vendues sur le marché.
Elle considère le fossé grandissant entre les riches et les
pauvres entre les pays et à l’intérieur de ceux-ci comme
souhaitable et inévitable. Percy Barnevik, l’ancien président
de la transnationale ABB, affirme : "Je définirais la mondialisation
comme la liberté pour mon groupe de compagnies d’investir
où il veut, quand il veut, pour produire ce qu’il veut, en
s’approvisionnant et en vendant où il veut, et en ayant à supporter
le moins de contraintes possible en matière de droits du
travail et de conventions sociales."

Une charte des droits… pour les transnationales

Les accords de libre-échange et d’investissement aident les
firmes transnationales à maximiser leurs profits et à minimiser
leurs coûts en leur permettant de piller la planète où bon
leur semble, laissant derrière elles des traces d’exploitation,
d’oppression et de conflits. Les compagnies transnationales
sont responsables des 2/3 des échanges mondiaux en biens
et services. Les accords de l’OMC ont largement été rédigés
par et pour elles.

Les négociations se font en secret, loin de la surveillance
du public et sans aucun apport des millions de personnes
qui voient leur bien-être et parfois même leur vie, menacés
par les règles destructrices de l’OMC, en faveur des entreprises.

Nourrir la réflexion

Les entreprises et plusieurs puissants gouvernements occidentaux
ont imposé les règles de commerce de l’OMC à l’agriculture.
Alors que nombre de pays restent aujourd’hui dévastés par
la Révolution verte des années 1970 et par près de 30 ans
de réformes sectorielles, les entreprises préparent une nouvelle
recette : les biotechnologies.

Daniel Amstutz, le négociateur américain à la tête de la
délégation qui a donné naissance à l’accord sur l’agriculture
de l’OMC (maintenant en charge de l’agriculture en Irak),
a été le vice ?président du géant de l’agro-alimentaire Cargill.
Ces colosses des biotechnologies sont les mêmes qui forcent
l’entrée des OGM au Canada, obligeant les agriculteurs à utiliser
leurs produits, tout en cherchant à contrôler les réserves
de nourriture de la planète et à privatiser la nature. À Genève,
des diplomates soutiennent que l’industrie pharmaceutique
est en grande partie à l’origine de l’accord de l’OMC sur
les aspects des droits de propriété intellectuelle liés au
commerce (ADPIC). Cet accord protège les brevets et les profits
des firmes de haute technologie, mais empêche l’emploi de
médicaments génériques (moins chers) par les pays pauvres
dans leur lutte contre les épidémies de sida, de malaria
ou de tuberculose, plus particulièrement en Afrique.

Les racines locales de la lutte pour la souveraineté alimentaire

Alors que les enjeux de la sécurité alimentaire peuvent sembler
lointains pour beaucoup d’entre nous, des milliers de gens
au Canada se demandent d’où proviendra leur prochain repas.
Certains groupes Montréalais tentent de faire de l’autosuffisance
alimentaire une réalité locale. Par exemple, les Éco-initiatives
mettent en place un réseau/x/ grandissant de jardins communautaires à travers
l’Île. De plus, des comités régionaux de l’Union paysanne
luttent pour les droits des paysans, ici et ailleurs. Le
People’s Potato (la Patate du peuple) s’assure que les étudiants
se nourrissent bien en offrant des repas végétariens sur
le campus de l’université Concordia. Ces groupes et plusieurs
autres se battent contre toutes les manifestations de l’ordre
du jour des entreprises en matière d’agriculture, en mettant
sur pied des alternatives locales aux systèmes de distribution
de nourriture et en transmettant de l’information par l’éducation
populaire.

Pour plus d’info :
Éco-Initiatives - http://www.cam.org/ ecoini
Union Paysanne - http://unionpaysanne.com
Food not Lawns - http://www.tao.ca/ kev/new_website/about.html
The People’s Potato - http://www3.sympatico.ca/pvox/food.htm



Investir dans la destruction

La mondialisation capitaliste et la guerre sont les deux
faces d’une même pièce : depuis le 11 septembre, les États-Unis
et leurs alliés répètent que la guerre contre le terrorisme
et l’appui au libre-échange (et ce, malgré le fait que les États-Unis
protègent toujours leur industrie et leur agriculture domestiques
corporatives) vont de pair. La militarisation et l’application
d’une discipline de libre marché sont des outils pour rendre
les pays accueillants pour les investisseurs étrangers, et
pour réprimer toute critique de la guerre économique menée
au nom du libre ?échange. Elles sont les jumelles siamoises
de l’impérialisme du XXIème siècle. On le voit clairement
dans les mesures de sécurité et la violence étatique accrues
contre les protestations à Seattle, à Québec, à Montréal
et ailleurs dans le monde.

Alors que nous regardions les compagnies pétrolières, les
producteurs d’armes et les entreprises de construction se
débattre pour obtenir des contrats lucratifs pendant et après
l’invasion de l’Irak, il devenait de plus en plus clair que
la guerre génère des profits. Plusieurs des entreprises impliquées
dans la guerre et la "reconstruction" en Irak, comme le géant
de l’eau Bechtel (qui poursuit actuellement le gouvernement
de la Bolivie pour avoir renversé la privatisation de son
système public d’aqueduc), sont aussi derrière les tentatives
de privatisation des réserves mondiales d’eau à l’aide d’accords
comme l’Accord général sur le commerce des services (AGCS).
Bechtel n’est qu’une des entreprises de guerre que l’on trouve
dispersées un peu partout dans les rues de Montréal. Bombardier,
CAE, Desjardins et Lockheed Martin sont d’autres gros noms
qui profitent de la guerre et qui ont trouvé un refuge paisible
dans notre ville.

L’essence de la résistance radicale contre la guerre

Pendant l’invasion de l’Irak, Montréal a connu ses plus grandes
manifestations, sous l’invitation de la coalition Échec à la
guerre. Des groupes locaux comme la NEFAC et Bloquez l’empire
de Montréal, ont apporté une analyse plus radicale de la
guerre, du capitalisme et de l’impérialisme au mouvement
pour la paix. Bloquez l’empire a organisé plusieurs événements
et actions dans le but de perturber et de nuire aux intérêts
des acteurs de l’invasion de l’Irak, dont les entreprises
qui entretiennent et profitent de la guerre, les symboles
locaux de l’empire américain et les institutions canadiennes
complices. Parmi ces actions : un blocage de l’ambassade
des États- Unis, une marche contre l’occupation de l’Irak
en appui à une action directe contre Esso, et un tour d’autobus
du complexe industriel militaire de Montréal.

Pour plus d’info :
NEFAC - http://nefac.northernhacking.org
Block the Empire - bloquezlempiremontreal@resist.ca

Plus ça change, plus c’est pareil

Les programmes d’ajustement structurel (PAS) du Fonds monétaire
international (FMI) et de la Banque mondiale (BM) ont causé des
désastres environnementaux et social dans les pays du Sud.
Cela s’est traduit par des coupures massives dans les dépenses
publiques, dans la santé et l’éducation, par des privatisations
forcées et par l’ouverture des économies locales et nationales
aux firmes transnationales. La Commission européenne admet
que l’AGCS "n’est pas quelque chose qui existe seulement
entre les gouvernements. C’est d’abord et avant tout un instrument
au profit du commerce".

Les institutions comme le FMI, la BM et l’OMC font la promotion
d’un ensemble de réformes : contrôle minimal sur le commerce
 ; aucune restriction sur l’investissement étranger ; exportation
illimitée des profits ; privatisation des capitaux et des
services publics ; envahissement des marchés intérieurs par
des importations moins coûteuses ; infrastructures financées
et possédées par des intérêts privées opérant dans des marchés
déréglementés. Parmi les aspects important de l’ordre du
jour de l’OMC, on peut trouver l’abandon des secteurs de
services aux lois du marché, y compris les services sociaux
tels que l’éducation et la santé ; marché du travail plus
compétitif (pas cher, non syndiqué) et flexible (temporaire,
temps partiel, sous-traitance) ; liberté de circulation aux
immigrants investisseurs, qui ne subissent aucun des contrôles
dont sont victimes les travailleurEUSEs étrangerÈREs et les
immigrantEs.

Divers gouvernements provinciaux et fédéraux au Canada ont
adopté les mêmes politiques, avec des noms différents. Le
PQ a eu son déficit zéro et le gouvernement Harris en Ontario,
Ralph Klein en Alberta et Gordon Campbell en Colombie-Britannique
ont tous suivi les mêmes recettes discréditées du libre marché.
Maintenant, Jean Charest promet de faire la même chose, en
commençant par ouvrir le réseau de garderies publiques du
Québec au secteur privé. Cette forme de privatisation qu’est
le partenariat avec l’entreprise privée dans les services
publics ouvre la porte à une vente à rabais de la santé,
de l’éducation, de l’eau et des autres services essentiels,
aux transnationales. Les accords comme l’AGCS font qu’il
deviendra impossible pour les gouvernements de revenir en
arrière, une fois engagés dans un tel processus.

Pas de PAS !

Plusieurs groupes locaux et collectifs militants s’opposent à l’application
des PAS au Québec, certains fournissant des services, d’autres
dénonçant les politiques gouvernementales et passant à l’action.
Par exemple, le Comité des sans-emploi et CLAC logement,
qui font de l’action directe contre la crise du logement
en organisant entre autres des squats. L’Association pour
une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) et la Fédération
canadienne/s des étudiantEs luttent quant à eux contre les
coupures massives en éducation, et la liste s’allonge…
Pour plus d’info :
La CLAC - http://www.tao.ca/ clac
CFS-Q : http://www.education-action.net
ASSÉ - http://www.asse-solidarite.qc.ca

Le pillage des terres et l’ouverture des frontières

Pour les peuples autochtones, la mondialisation néolibérale
n’a rien de nouveau. Elle n’est que le nouveau visage du
colonialisme. Les communautés autochtones continuent de résister
au pillage des leurs terres, de leurs vies, de leurs ressources
et de leur culture par les gouvernements coloniaux et les
firmes transnationales. La lutte des Cris du Lubicon, au
nord de l’Alberta, pour leur souveraineté face à l’industrie
forestière et aux compagnies de gaz et de pétrole, et la
résistance des Secwepemcs contre la construction sur leur
territoire de la station de ski Sun Peak, de propriété japonaise,
ne sont que quelques exemples. Ce colonialisme moderne est
aujourd’hui facilité par des politiques d’économie de marché et
des accords de libre- échange comme ceux de l’OMC.

Pendant que les entreprises et les gouvernements revendiquent
les territoires des communautés autochtones, leurs politiques
poussent également des millions de gens à migrer des zones
rurales vers les villes où à aller vivre à l’étranger. Mais
alors que les restrictions sur le mouvement des capitaux
se font moins sévères, celles imposées aux personnes ordinaires
sont renforcées partout dans le monde. La lutte des communautés
immigrantes et des réfugiéEs au Canada est intimement liée
aux injustices qu’entraîne la mondialisation capitaliste.
L’Amérique du Nord est une forteresse fondée sur la dépossession
des communautés autochtones de leurs terres, sur la fermeture
des frontières aux réfugiéEs et sur la construction d’un
empire économique violent, dont les armes de destruction
massive incluent l’OMC.

Lutter contre la guerre ici

La campagne de Personne n’est illégal confronte et défie
l’État canadien et ses politiques racistes contre les immigrantEs,
les réfugiéEs et les peuples autochtones. À travers des actions
concrètes en solidarité avec les luttes de ces derniers,
Personne n’est illégal construit des liens entre les communautés
en lutte pour leur autonomie et leur autodétermination, le
Comité d’action en appui aux sans-statut algériens qui, malgré une
répression violente de la part du gouvernement canadien,
se bat depuis plus d’un an contre la déportation d’AlgérienNEs
sans-statuts vivant à Montréal en organisant des marches,
des occupations et des campagnes politiques, en est un exemple
frappant.
Pour plus d’infos :
Comité des Sans-Statuts AlgérienNEs- http://www.tao.ca/ sans-statut
Personne n’est illégal - nooneisillegal@tao.ca

Un renard, gardien du poulailler !

Peut-on donner un visage humain à l’OMC ? Certains disent
que les droits des travailleurEUSEs et l’environnement devraient être
protégés par une clause spéciale dans les accords de commerce.
Mais comment une institution qui promeut avec autant de zèle
la déréglementation et la libéralisation au seul bénéfice
du capital mondial, peut-elle réglementer d’une quelconque
façon pour protéger les droits de la personne et l’environnement
 ? Pour ceux et celles qui luttent dans des organisations
anti-capitalistes de la base, l’exploitation, la discrimination
et la répression sont des conséquences directes non seulement
de la mondialisation néolibérale, mais aussi du système capitaliste
lui-même, et non pas des effets secondaires malheureux qui
peuvent être atténués par une clause sociale.

Montréal et Cancun - le nouveau plan l’OMC, imposé d’en
haut


La ronde de discussions sur le commerce mondial qui a donné naissance à l’OMC
en 1995, s’est ensuite élargie pour couvrir des questions
comme l’agriculture, les services (éducation, santé, eau)
et les droits de propriété intellectuelle. Parallèlement,
il y a aujourd’hui une pression croissante pour négocier
une entente de l’OMC sur les investissements, à laquelle
plusieurs pays du Sud s’opposent. Si un tel accord venait à voir
le jour, les entreprises pourraient poursuivre les gouvernements
(dans un tribunal secret) pour toute loi ou action qu’elles
accusent d’avoir un impact négatif sur leurs profits actuels
ou potentiels. S’appuyant sur le Chapitre 11 de l’ALENA (inclus également
dans la Zone de libre-échange des Amériques), l’entreprise
américaine UPS poursuit le gouvernement du Canada pour son
service postal public (Postes Canada), l’accusant de maintenir
une situation de monopole. Si les États-Unis et l’Union européenne
obtiennent ce qu’ils veulent avec un accord de l’OMC sur
les investissements, de telles poursuites se répandront comme
une traînée de poudre.

Alors qu’elle prétend fonctionner démocratiquement, seuls
quelques pays puissants - l’Union européenne, les États-Unis,
le Japon et le Canada - dominent l’OMC et tentent de contraindre
les gouvernements du Sud à se plier à leurs intérêts. La
rencontre de Montréal illustre bien le processus anti-démocratique
de l’OMC. Seuls les ministres de quelques pays soigneusement
choisis ont été invités à y participer. Mais tout accord
mis de l’avant à Montréal pourrait ensuite être présenté comme
un fait accompli aux autres membres de l’OMC à Cancun.

Participez à la mobilisation contre l’OMC à Montréal
 !


Alors que Pierre Pettigrew affirme que "le phénomène de l’anti-
mondialisation est complètement disparu", les populations à travers
le monde continuent de se mobiliser et de s’organiser contre
l’OMC et les autres moteurs de la mondialisation capitaliste. À Montréal,
des centaines de milliers de personnes ont marché contre
la guerre en Irak, mise de l’avant par les mêmes gouvernements
et entreprises qui nous forcent à avaler leur libre-échange.
Tout comme ils prétendaient que la guerre et l’occupation
allaient libérer l’Irak, ils nous disent que le libre marché nous
rendra libres aussi. Ils ont menti. Venez arrêter la guerre économique,
ici, partout.

Pour des mises à jour occasionnelles, en français et en anglais,
sur la préparation contre l’OMC dans la région de Montréal,
abonnez-vous à la liste de courriel wto-montreal-announce
en vous rendant à
http://lists.resist.ca/cgi-bin/mailman/listinfo/wto-montreal-announce,
ou écrivez à resisteomc@resist.ca
et visitez notre site http://www.montreal.resist.ca

Sourse : La Gauche
28.07.2003
Collectif Bellaciao