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Pas d’augmentation de salaires ! Nous n’iront pas aux entretiens-évaluation.
Publie le mercredi 20 février 2008 par Open-Publishing2 commentaires
PAS D’AUGMENTATION DE SALAIRES !
NOUS N’IRONS DONC PAS AUX ENTRETIENS D’EVALUATION
On devine dès le titre que ce billet va prendre une forme différente de ce que qui a pu être écrit soit dans un cadre collectif et syndical soit comme citoyen ou membre d’ATTAC .
– Dites aux « robots du travail » que les fainéants n’existent pas !
Le capitalisme passe volontiers de la guerre réelle à la « guerre économique » et pour se faire il se forge une doctrine, une « pensée unique » largement diffusée par les médias dominants . Cette pensée est intégrée au point de devenir une quasi religion . Cette religion particulière colonise le vécu et produit des esprits serviles et mesquins toujours en guerre contre l’insuffisance quantitative et qualitative du travail. Ces esprits mesquins usent d’une fausse morale ainsi que la démontré Christophe DEJOURS pour taper toujours plus fort sur les fainéants et ce faisant se faire reconnaître ainsi par les directions pour monter dans la hiérarchie de la firme ou de l’administration. C’est clair, il faut combattre la religion du patronat et des élites qui en ces temps de crise de la rentabilité du capital est celle de la concurrence, de la performance et in fine de l’individualisation et du mérite productiviste.
– Qu’avons nous fait de nos combats pour la RTT ?
La société doit assurer du travail à tous et toutes. C’est d’ailleurs inscrit dans la Constitution ! Nous devons y veiller ! Nous devons continuer de revendiquer la réduction du temps de travail hebdomadaire . Nous sommes à contre courant . Pourtant chacun sait que nous devons tous participer à la production sociale de l’existence et que ce n’est pas le cas. Certes, une vie décente doit être assurée à ceux qui le peuvent pas ou plus, à ceux que la vie débridée de la productivité à laissé sur le bas côté de la route ! Nous voulons travailler tous, mais pas devenir des travailleurs compulsifs. Nous voulons être bien payés et que nos salaires augmentent avec le temps passé dans la « boite », surtout quand les riches s’enrichissent simplement en participant à des conseils d’administration de sociétés anonymes cotées en bourse . Nous voulons être reconnu pour nos qualifications .
Le problème est que les syndicats des travaillleurs sont passé du combat des années 90 pour la RTT au combat pour la sécurisation du travail sans mener les deux revendications de front. Dans la CGT on a discuté du nouveau statut du travail salarié qui a donné lieu a de nombreux débats en abandonnant la poursuite du combat pour la RTT qui loin se s’affermir commençait à être « récupéré » sous forme d’intensification ou d’annualisation. La segmentation des luttes n’est pas possible car le capital attaque sur tous les fronts. Le bilan de la RTT en France a été fait en 2004, notamment par Michel HUSSON mais depuis la situation s’est dégradé notamment avec la « mise au travail des Français » de N. Sarkosy. Nous devons donc reprendre le débat et la lutte mais en la généralisant me semble-t-il à l’Europe et au monde par une grande campagne altermondialiste. Il ne faut pas faire « petit » !
– La haine du sociologue vendu au patronat !
C’est bien connu même luttes ne sont pas permanentes, les salariés travaillent et ne se mobilisent pas constamment contre leur exploiteur. Dans les grandes unités de production publiques ou privés les conflits du travail se trouvent donc circonscrits et concentrés dans un cadre qui met face à face les représentants du personnel et les dirigeants. Les salariés mandatent des camarades qui emploient leur temps et leur énergie à argumenter les revendications pour leur donner plein effet, pour obtenir satisfaction. De l’autre côté les directions s’emploient à démonter cet argumentaire en usant de l’appareil statistique dont elles disposent. Quand cela ne suffit pas elles recrutent divers experts chargés de l’analyse qualitative des conditions de travail. Grosso modo leurs tâches consiste à montrer la diversité des situations dans les divers secteurs et sous secteurs en relativisant les contraintes qui pèsent sur les travailleurs, en ignorant les effets du management à la pression. Ils se font les complices de l’exploitation salariale.
– Rebondir sur la dégradation des conditions de travail
Après avoir manifesté et revendiqué des augmentations de salaires dans le public comme dans le privé, pour les actifs, les retraités (qui sont autrement actifs) et les chômeurs (augmentation des minimas sociaux) . Après avoir répété avec mes camarades syndicalistes dans divers lieux, militants ou non, les arguments sur les évolutions du partage profit/masse salariale tant en France qu’à l’étranger vient le moment de s’intéresser à nouveau aux conditions de travail.
Pourquoi ?
Bien souvent, la baisse prolongée des salaires accompagne une intensification du travail, un allongement des journées de travail et l’ensemble s’accompagne de mauvaises conditions de travail. Le « bien souvent » signifie que l’expérience syndicale et la lecture de certaines études montrent qu’il y a des exceptions liées à des luttes sociales qui aboutissent un moment à des situations contrastées, des situations en décalage. Il y a dix ans on gagnait une RTT mais on perdait en terme d’intensification du travail et d’organisation du travail (plus de contrats d’objectifs, plus de précarité, plus de taylorisation, plus de soumission). Mais dans la période actuelle tous les clignotants de l’exploitation salariale sont allumés.
– L’entreprise archaïque assistée par ordinateur !
Certes, les situations de travail sont variées. Les méthode tayloriennes subsistent et même s’étendent là ou elles ne s’appliquaient pas. Ce n’est pas nouveau . Le contrôle constant, en temps réel, constitue l’un des facteurs déterminants des conditions de travail. Ce contrôle s’exerce soit par l’informatique soit par le regard directe du contremaître. Mais il n’y a pas que le regard du chef qui crée du contrôle il y a aussi le regard de ses pairs, de ses collègues de travail. C’est pourquoi les grandes aires de travail et même les bureaux non individualisés sont ressentis comme un monde totalitaire ou chacun surveille chacun. Ce qui accroît plus la lutte des places que la solidarité de classe. Michèle GROSJEAN et Michèle LACOSTE observent (1) que « l’orientation vers le justification de soi devant le groupe est caractéristique d’un métier où l’on ne se soustrait pas au contrôle par ses pairs. »
Mais cela n’est pas ressenti pareillement selon les métiers ou les fonctions . Les métiers comme celui d’infirmière ou l’erreur peut coûter la vie d’un patient produit plus de compréhension et de solidarités que de mesquineries des bureaux ou des usines ou la productivité par travailleur est contrôlée chaque jour voire heure par heure.
- « La France que se lève tôt » (ou qui se couche tard) en a marre d’être sous pression !
Tous les travailleurs salariés ne sont pas sous contraintes directe jour après jour. La pression s’exerce alors via les contrats d’objectifs. C’est sans doute plus supportable . Mais à l’heure de la crise sans précédent de rentabilité du capital il n’y a plus d’endroit protégé pour produire calmement. Les salariés qui travaillent en quasi-indépendant font des horaires de profession libérale mais avec des salaires qui n’augmentent pas ou peu.
Çà suffat comme ci dit le tiers-état !
Nous n’iront pas aux entretiens !
Christian DELARUE
CGT Finances
("papier" perso)
1 Pour un bilan des 35 h par Michel HUSSON
2 Michèle GROSJEAN et Michèle LACOSTE Communication et intelligence collective - Le travail à l’hôpital Ed. PUF coll. Le travail humain 1999
Messages
1. Pas d’augmentation de salaires ! Nous n’iront pas aux entretiens-évaluation., 22 février 2008, 08:21
GRAND ECART .... EUX MEME LE DISENT
« La part des profits est inhabituellement élevée à présent (et la part des salaires inhabituellement basse). En fait, l’amplitude de cette évolution et l’éventail des pays concernés n’ont pas de précédent dans les quarante-cinq dernières années. »
Banque des règlements internationaux (BRI)
« J’ai attendu et j’attends encore quelque normalisation dans le partage du profit et des salaires » car « la part des salaires dans la valeur ajoutée est historiquement basse, à l’inverse d’une productivité qui ne cesse de s’améliorer ».
Alan Greenspan, ancien directeur de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui livre ses inquiétudes au Financial Times.
1. Pas d’augmentation de salaires ! Nous n’iront pas aux entretiens-évaluation., 23 mars 2008, 23:17, par Christian DELARUE
RESISTER A LA DISCIPLINE CAPITALISTE DU TRAVAIL
La discipline du travail insérée dans une perspective holiste.
Nous devons tous et toutes participer à la production sociale de l’existence selon « nos talents » ou plus précisément selon nos qualifications. Autrement dit la vie en société impose que certaines tâches et certaines fonctions soient assurées correctement. Le « correctement » n’a pas la même importance pour tous les métiers : certains tels ceux rattachés au soin des humains exigent attention et qualification et compétences. D’autres ont moins d’enjeux et obéissent à des injonctions externes au travail « simplement bien fait » : la rentabilité y est le maitre mot.
Le principe de la participation de tous et toutes tous et toutes à la production sociale de l’existence ne souffre que peu d’exceptions. Nous l’oublions aisément car sous le capitalisme nous vendons notre force de travail pour vivre et secondairement nous essayons de travailler bien pour notre santé et pour être reconnu socialement dans ce que nous faisons. Ici un biais pervers peut s’introduire qui mérite une critique sans concession. Cela a été fait ailleurs.
Mais ce principe, en soi, ne dit nulle part qu’il faut "trimer" au travail. Le problème est - il est sans doute temps de le dire - que l’on travail - directement ou non - pour le capital et non pour la satisfaction des besoins sociaux . Ce qui change tout.
Le travail salarié présuppose l’obéïssance mais aussi dans le cadre de la rentabilité du capital, l’intensification du travail et la prolongation du travail en soirée . On pourrait envisager un degré d’émancipation qui conserverait un certain degré de subordination - coopération dans le cadre d’une division du travail maintenu mais avec une forte réduction du temps de travail issue du "travailler tous" (et autrement) . En travaillant tous et toutes nous pourrions alors participer aux activités libres citoyennes dès l’après-midi après avoir travaillé pour le capital le matin (5 x 5 = 25 h par semaine) . Si le chômage est une tare du capitalisme tout comme l’exploitation féroce de la force de travail alors il importe de militer pour une forte RTT hebdomadaire sans perte de salaire dans tous les pays. Parallèlement la discipline du travail doit être desserrée fortement pour que l’émancipation soit envisageable massivement.
Mais par où passe la discipline du travail ? Comment lutter pour la réduire de façon drastique ?
Prendre en considération les contraintes qui structurent de l’extérieur les comportements des travailleurs et travailleuses salarié(e)s permet de dépasser le cadre d’analyse restreint à l’entreprise, à l’institution ou au groupe. Il s’agit là d’un parti pris holiste qui n’implique pas une négligence des motivations ou une ignorance du sens ou de la rationalité du comportement individuel.
1) LE « DESPOTISME D’USINE » (1) : La mobilisation du travail dans le cadre d’analyse interne.
Elle recoupe plusieurs types d’analyses.
– Une analyse partant directement du mode de management.
Dans les structures productives privées ou publiques les directions appliquent deux principes d’orientation du comportement : la coercition (le bâton) ou l’incitation (la carotte). La coercition impose une conduite sous peine de sanction alors que l’incitation crée une situation qui incite librement à un certain type de conduite plus ou moins précise selon le poste.
Pour Max Weber « la contrainte absolue n’existe que pour les esclaves ». Reste que les travaux forcés, le goulag et les camps fonctionnent à la contrainte maximale. Hors ces situations particulières le travailleur salarié connaît un régime mixte fait de contrainte et de liberté. Suivant les pays, le type de production, son inscription proche ou éloigné dans la compétition économique mondiale et le type de management le facteur « contrainte » sera plus ou moins fortement mis en application. Dans d’autres, le fonctionnement à l’assentiment sera prédominant.
– Une analyse qui met en avant les éventuels moyens de protection des travailleurs.
Il s’agira par exemple de distinguer les administrations publiques des entreprises privées. Cette distinction met en valeur les déterminants portant sur la présence ou non d’un corpus juridique garantissant des droits plus ou moins importants pour les travailleurs. La mobilisation du travail est qualitativement différente dans un cadre statutaire de la fonction publique ou les rapports hiérarchiques peuvent être plus civilisés à priori que dans le cadre d’un contrat de travail privé qui connaît une hiérarchie de moindre garantie allant d’une protection très relative jusqu’à la précarité totale avec le licenciement ad nutum et des conditions de travail proche de la barbarie. Cependant pour éviter tout préjugé il importe de rappeler que le harcèlement au travail est plus durable et fort dans les unités sous statut que dans les entreprises privées soumises au code du travail. La présence d’un statut, tel celui de la fonction publique d’Etat (le meilleur à notre avis) est certes une condition positive mais qui ne garantie pas en soi, de par sa seule présence, de bonnes conditions de travail. Il y aurait beaucoup à dire sur ce point.
Il s’agira dans le même ordre d’idées d’intégrer ou non la présence de syndicats (avec des différenciations intégrant le type de syndicalisme, la plus ou moins forte implication des délégués du personnel, la plus ou moins forte participation des salariés et des syndiqués).
En complément sera intégrer la taille de l’entreprise. Plus l’entreprise est petite et plus la résistance à la contrainte forte prendra la forme de l’absentéisme. Les analyses distingueront par exemple l’implication forte des jeunes (hommes) du fait de leur disponibilité de l’implication par l’expérience des plus anciens.
Pour aller plus loin que ces généralités il faut aller consulter le travail des sociologues spécialisés l’analyse comparative dans modes d’organisation du travail. Pour aller plus loin il importe aussi de sortir de l’analyse interne de l’institution afin de prendre en considération les déterminants externes. Ce que fait l’analyse holiste qui intègre la coercition systémique.
2) LA CONTRAINTE SYSTEMIQUE : La mobilisation du travail sous la contrainte externe.
Le travailleur salarié doit vendre sa force de travail pour vivre. Il est fondamentalement d’après Marx un prolétaire s’il n’a pas d’autres choix que de trouver un employeur. De plus la mondialisation du capital a entraîné une extension du salariat et une raréfaction des professions indépendantes comme l’artisan le paysan ou même les professions libérales. Enfin l’évolution contemporaine instaure une pseudo-indépendance des travailleurs indépendants devant respecter le cahier des charges des entreprises « donneur d’ordre ».
Le prolétaire peut changer plus ou moins facilement d’employeur. Mais le changement d’employeur dépend de plusieurs paramètres dont le secteur d’activité, la qualification etc mais aussi et surtout le niveau de chômage dans le pays ou la région. Un fort taux de chômage est une contrainte externe puissante sur le salariat en activité qui a peur de venir gonfler « l’armée industrielle de réserve ». Le chômage et avec la crise de rentabilité du capital un facteur puissant de soumission du monde du travail. Il permet une forte exploitation de la force de travail qui se manifeste par le zèle et la servilité. Le capital, et notamment au temps du néolibéralisme le capital financier, a besoin d’une main d’œuvre très docile et très disponible. La contestation réelle n’est pas tolérée.
Christian DELARUE
1) La formule est de Marx . Elle concerne les industries du textile et de l’habillement en un sens qui dépasse le cadre de la seule usine