Accueil > Pas expulsée, mais toujours pas régularisée

Pas expulsée, mais toujours pas régularisée

Publie le jeudi 25 mai 2006 par Open-Publishing

de Mina Kaci

Sans-papiers . La mobilisation a permis de repousser l’expulsion d’une mère angolaise et de sa fille, sans obtenir la régularisation de leur situation.

Ce n’est qu’un début. La mobilisation en faveur de Maria Simao et de sa fille Carmen a porté ses premiers fruits. « Compte tenu de l’émotion suscitée dans la communauté éducative et de la position des élus, j’ai accepté qu’il n’y ait pas d’expulsion », a déclaré, lundi, le préfet de l’Eure. La mère, Angolaise, entrée clandestinement en France en 2002, a fait l’objet, le 6 octobre, d’une reconduite à la frontière qui a été annulée le 29 octobre par le tribunal administratif de Rouen, puis rétablie le 3 mai par la cour d’appel de Douai (Nord).

Obtenue après de multiples initiatives de protestation des élèves et enseignants du collège Henri-Dunant, à Évreux, où est scolarisée Carmen, âgée de seize ans, cette victoire laisse toutefois un goût amer face à la décision du préfet de ne pas s’engager à régulariser la situation de Maria Simao. Il a simplement indiqué que son dossier serait à nouveau examiné dans « le respect du droit et de l’humain ». Propos tenus après un entretien avec Jean-Louis Debré, le député et maire d’Évreux, qui lui a demandé de renoncer à l’expulsion.

Élisabeth Wintzer, porte-parole des personnels du collège, s’est dite « déçue » par le semi-règlement de l’affaire. « Même si, dans l’immédiat, la famille n’est pas expulsée, elle ne peut rien construire pour l’avenir, tant en matière de logement que de travail », a-t-elle souligné. Lundi, la grève a été suivie par la grande majorité des personnels, particulièrement sensibles à l’histoire de Carmen et de sa maman. Cette dernière a quitté son pays d’origine, meurtri par plusieurs années de guerre civile. Elle y a « connu la prison, où elle a été violée et torturée avant de parvenir à s’enfuir », révèlent les militants. Pour eux, seule la régularisation de sa situation peut transformer la vie de cette femme et de la jeune Carmen : « Comment vivre avec en tête la menace de voir sa mère arrêtée à tous les coins de rue, puis expulsée vers une mort certaine », expliquent les membres du collectif des enseignants.

La vigilance s’impose d’autant que les préfets peuvent profiter des proches vacances scolaires pour relancer les procédures entamées contre les sans-papiers parents d’élèves. Le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, avait en effet envoyé, en octobre dernier, une circulaire aux autorités préfectorales pour leur demander de suspendre ces démarches jusqu’à la fin de l’année scolaire. Il faut dire que le Réseau éducation sans frontière s’était fait remarquer en alertant et en sensibilisant largement l’opinion publique. Maria Simao ne sera donc pas expulsée dans l’immédiat. Mais qu’adviendra-t-il d’elle et de sa fille si le préfet s’obstine à ne pas lui fournir une carte de résident ?

http://www.humanite.presse.fr/journ...