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Pénurie et fin progressive de l’uranium

Publie le jeudi 11 octobre 2007 par Open-Publishing
8 commentaires

Pénurie et fin progressive de l’uranium

Une pénurie mondiale d’uranium se produira dès 2015, la production d’uranium atteindra son maximum en 2025 avant de diminuer, entraînant la diminution de la production d’électricité nucléaire. Aucune autre technologie nucléaire ne sera disponible avant 2040. Le prix de l’uranium a été multiplié par dix en quatre ans et le coût du combustible nucléaire prend une importance croissante dans le coût de l’électricité nucléaire.

L’uranium est une ressource limitée dont le maximum de production mondiale se situe vers 2025 (hypothèse la plus probable).

Des réserves d’uranium limitées et aléatoires

L’Agence pour l’énergie nucléaire publie un état des réserves et ressources d’uranium selon différents niveaux de coût et de certitude. La confusion est cependant fréquente entre réserves (des ressources certaines) et ressources (qui sont supposées ou très éventuelles). Les réserves "prouvées" annoncées par la l’AEN peuvent cependant augmenter ou diminuer de façon considérable selon les années. L’AEN (Agence pour l’Energie Nucléaire) s’appelle aussi NEA ( Nuclear Energy Agency).
Réserves et ressources d’uranium en 2006 Coût du kg d’uranium Milliers de tonnes (kt U) Cumul en kt U
RAR : Ressources raisonnablement assurées (Réserves)
< 40 $ / kg U 1 947 1 947
40 - 80 $ / kg U 696 2 643
80 - 130 $ / kg U 654 3 297
IR : Ressources supposées
(Inferred Resources) < 40 $ / kg U 799 4 096
40 - 80 $ / kg U 362 4 458
80 - 130 $ / kg U 285 4 743

A découvrir, pronostiquées (probabilité faible)
< 80 $ / kg U 1 700 6 443
80 - 130 $ / kg U 819 7 262

A découvrir, spéculatives (très aléatoires)
< 130 $ / kg U 4 557 11 819
coût inconnu 2 979 14 798

Réserves et ressources d’uranium en 2006 selon l’Agence pour l’Energie Nucléaire

Mais les réserves "prouvées" (les ressources raisonnablement assurées), pour l’ensemble des catégories de coût (3.297 kilo tonnes d’uranium en 2006) sont très aléatoires si l’on en juge par une étude de l’OCDE sur quarante ans du "livre rouge" de l’AEN-NEA.
Ces réserves "prouvée" varient de façon considérable au fil des années, avec des valeurs très significatives par leur aspect aléatoire (réserves totales au coût le plus élevé). En milliers de tonnes d’uranium (kt U), nous avons :
 1976 : 1 810 kt U
 1979 : 2 580 kt U - augmentation de 42 % en trois ans
 1980 : 2 000 kt U - diminution de 22 % en une année
 1993 : 2 038 kt U
 1995 : 2 951 kt U - augmentation de 45 % en deux ans
 2001 : 2 853 kt U
 2006 : 3 297 kt U - ( + 16 % ) sans nouvelles découvertes
Tout cela n’est pas sérieux et ces experts internationaux sont peu crédibles.

Des personnes abusées par des journalistes incompétents peuvent penser que nous avons des réserves d’uranium pour 50 ans et peut-être pour 70 ans puisque la consommation mondiale est de 67 000 tonnes par an. C’est croire avec beaucoup de naïveté à une stabilité de la consommation, à une production d’uranium toujours adaptée à la demande et à la disparition brusque de l’uranium après cette cinquantième année.

La notion de maximum de production d’une énergie fossile commence à être connue du grand public dans le cas du pétrole (peak oil). Cela est valable pour le pétrole, le gaz naturel, le charbon et aussi l’uranium et d’autres minerais. Au niveau d’un gisement, d’une mine ou au niveau mondial, la production d’une ressource atteint un maximum puis se met à diminuer. L’exploitation est alors arrêtée, soit lorsque la faible rentabilité économique se conjugue aux difficultés techniques, soit lorsque l’énergie consommée pour extraire la ressource devient égale à l’énergie produite.

La France possède des réserves de charbon et d’uranium (11.700 tonnes) mais les mines ont été fermées et ces réserves ne seront jamais utilisées.

Entre 1956 et 2002, 75.000 tonnes d’uranium ont été produites en France, avec un maximum de 3.400 tonnes en 1989. En 1985 les réserves annoncées (au coût maximum) étaient de 112.000 tonnes. Seize ans plus tard, 25.000 tonnes ont été produites et les réserves étaient de 11.700 tonnes, avec une disparition de 75.000 tonnes dans la nature. Curieux et instructif sur la fiabilité des réserves annoncées par les différents pays.

Une pénurie d’uranium en 2015

La consommation mondiale d’uranium est de 67.000 tonnes par an, la production est de 42.000 tonnes. La différence de 25.000 tonne provient des stocks civils et militaires qui seront épuisés en 2015.

Dans les années 1980, la production d’uranium a été très supérieure aux besoins civils des centrales électrique. Une grande partie a été utilisée pour des besoins militaires et pour des réserves stratégiques. A la suite de traités internationaux, une grande partie de l’uranium militaire (enrichi à 92%) est diluée dans l’uranium naturel pour obtenir un uranium enrichi à 3,5% mis sur le marché de l’uranium civil.

Depuis 1989, la consommation d’uranium est supérieure à la production. Tandis que la consommation continuait d’augmenter, la production a diminué avant de commencer à augmenter vers l’an 2000. Des stocks d’uranium civil et militaire (estimés à 200.000 tonnes en 2006) permettent de compléter la production pour satisfaire aux besoins des réacteurs nucléaires. Cependant , ces stocks seront épuisés en 2015.

D’un autre côté la production (42.000 tonnes) n’augmente pas assez pour atteindre le niveau de la consommation (67.000 tonnes). L’utilisation de combustible MOX (mélange d’uranium et de plutonium) dans certains réacteurs a une faible influence.

De nombreux gisements importants sont connus, parfois depuis vingt ans, mais la mise en exploitation de nouvelles mines prend beaucoup de retard. Par exemple, la mine de Cigar Lake au Canada, qui devait produire sept millions de tonnes d’uranium chaque année (10% de la production mondiale) n’a pu être mise en exploitation en 2007 à la suite d’inondations et de difficiles problèmes techniques. Dans le meilleur des cas, elle produira seulement en 2010 si les problèmes liés à un terrain gorgé d’eau ne remettent pas en cause les possibilités d’exploitation et après avoir doublé les investissements.

Autre difficulté, la mine de Ranger en Australie (10,2% de la production mondiale) a été inondée en mars 2007 et la production sera réduite de moitié pendant deux ans.

La prospection, chaque année plus intense depuis 2003, ne donne guère de résultats. La mise en exploitation d’une mine d’uranium prend de nombreuses années en études et préparatifs, souvent plus de dix ans. La capacité de production des nouvelles mines sera insuffisante pour augmenter la production de 25.000 tonnes d’ici 2015, sans compter la perte due aux mines en fin de vie et devant fermer au cours des prochaines années.

L’augmentation rapide du prix de l’uranium, dont le prix a été multiplié par dix en quatre ans et continue d’augmenter montre bien l’existence d’un sérieux problème d’adaptation des ressources minières aux besoins des centrales électriques nucléaires. Entre janvier 2003 et avril 2007, le prix du kilogramme d’oxyde d’uranium (U3O8 yellow cake) est passé de 22 dollars à 249 dollars.

Ce niveau de prix aura une incidence importante sur le coût de l’électricité nucléaire avec le renouvellement des contrats en cours. Si le prix de l’uranium comptait pour environ 5% du coût de l’électricité nucléaire avec de l’oxyde d’uranium à 20 ou 22 $/kg, il comptera pour plus de 35% avec les prochains contrats.

La pénurie et les coûts de l’uranium seront encore plus importants si de nouveaux réacteurs viennent s’ajouter aux 440 réacteurs actuels. Malgré l’arrêt de nombreux réacteurs au cours des dix prochaines années, ceux en construction ou en projet devraient augmenter la capacité totale installée et donc les besoins de combustible nucléaire.

Mais la pénurie d’uranium peut conduire à un arrêt plus rapide des anciens réacteurs et à une suspension des projets en cours.

D’autant plus que les coûts de production de l’électricité par les énergies renouvelables deviennent de plus en plus compétitifs et seront inférieurs aux coûts du nucléaire dès 2040 en plusieurs endroits d’Europe.

Une production maximale d’uranium vers 2025
Une étude fondée sur les documents de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE ou IEA International Energy Agency) montre les limites de la production d’uranium pour le siècle en cours. La production d’uranium va passer par un maximum :
 en 2015 avec 55.000 tonnes/an pour les réserves prouvées, dont la possibilité d’extraction est à peu près sûre,
 en 2025 avec 68.000 tonnes/an pour les réserves probables, qu’il sera peut-être possible d’extraire,
 en 2035 avec 82.000 tonnes/an pour les réserves possibles, très hypothétiques (5 à 10% de probabilité).
Dans chaque cas, la production serait diminuée de moitié environ 20 ans après la date du maximum.

Production possible d’uranium (milliers de tonnes par an)
Source : "Uranium Resources and Nuclear Energy" du Energy Watch Group (2006-12)
RAR : Ressources raisonnablement assurées (Reasonably Assured Resources)
IR : Ressources supposées (Inferred Resources)

Un gisement n’est jamais exploité en totalité, par manque de rentabilité économique, même à un prix élevé de l’uranium, ou du fait d’un risque financier trop élevé compte tenu des difficultés rencontrées. Cependant, la principale limitation provient de la nature du gisement et des obstacles techniques à son exploitation, quel qu’en soit le coût.
Le manque d’uranium limitera ainsi l’utilisation d’une partie des centrales nucléaires entre 2015 et 2025. Puis la production d’uranium diminuera et avec elle la production d’électricité nucléaire.

Les nouvelles technologies nucléaires arriveront trop tard et ne sont pas souhaitables.
Avec une baisse constante de leur coût, les énergies renouvelables (éolien, photovoltaïque ...) progressent rapidement, de 30 à 60% chaque année selon les pays (moyenne sur dix ans) et sont la seule solution réaliste avec les économies d’énergie. Les moyens de stockage en grande quantité de l’électricité se développent aussi.

Pas de nucléaire pour l’hydrogène

Une nouvelle mode venue avec la perspective d’un épuisement prochain du pétrole est de vanter les mérites supposés de l’hydrogène pour remplacer les carburants. Mais l’utilisation de l’hydrogène comme énergie pour les transports pose de nombreux problèmes dont celui du stockage, du faible rendement d’ensemble (production, stockage, utilisation) et de sa production.

L’hydrogène est pour l’essentiel produit par reformage (transformation chimique) du gaz naturel, mais celui-ci existe en quantité limitée et cette méthode n’a donc guère d’avenir. En effet, comme pour le pétrole vers 2007 ou 2008 (lire La fin progressive du pétrole), le gaz naturel aura son maximum de production vers 2020 et le charbon vers 2030, au niveau mondial, puis la production diminuera pour des raisons techniques.

Selon le rapport 2005 sur l’uranium de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique), l’utilisation de l’hydrogène pour remplacer le carburant des véhicules à moteur aux Etats-Unis nécessiterait 136 millions de tonnes d’hydrogène chaque année. La production de cet hydrogène par électrolyse, à raison de 52.000 kWh par tonne d’hydrogène, demanderait 7.100 TWh (téra Watt heure, milliards de kWh) chaque année pour les transports. Cela entraînerait une consommation supplémentaire de 145.000 tonnes d’uranium par an, alors que la consommation mondiale actuelle est de 67.000 tonnes et celle des Etats-Unis de 17.600 tonnes.

Cela représente neuf fois la production d’électricité nucléaire aux Etats-Unis (787 TWh en 2006 avec une capacité installée de 99 GWe net). La construction de 900 réacteurs de 1.000 MWe serait nécessaire pour satisfaire cette demande d’hydrogène. Avec une autre technologie, non disponible avant 2030, l’AIEA (IAEA) indique 560 réacteurs spécialisés (procédé thermo-chimique à haute température) pour produire l’hydrogène.

Comme on le voit, sans même parler de l’énergie considérable nécessaire au stockage (compression ou liquéfaction) et à la distribution, cette idée de carburant hydrogène est illusoire, au niveau d’un pays comme au niveau mondial.

Sources :
 http://www.lbst.de/publications/stu...
 Uranium 2005 : Ressources, production et demande (Agence pour l’énergie nucléaire)
 Ressources, production et demande de l’uranium : un bilan de quarante ans (AEN)

Ce texte est de 2007

Source et tableaux :
 http://travail-chomage.site.voila.f...

Messages

  • le reformage du gaz naturel pour la production d’hydrogéne ... has been !!!
    renseignez vous sur la thermolyse de l’eau voir l’electrolyse !
    bon bien sur il faut des centrales nucleaire pour ca ... alors il vaut mieux oublier d’en parler
    comme oublier de parler du cycle du Thorium, ou bien sur de la surgénération qui n’est au point que depuis 20 ans mais mis de coté pour raison "politique"

    • Phénix a été arrété parcequ’elle ou il ne remplissait pas les contraintes de sécurités, un point c’est tout, de plus cette technologie est abondonnée car trop couteuse pour nos états occidentaux, et comme tu le sais, la France ce classe parmis les pays les plus démunis de cette planète, alors peut etre ou peut etre pas que le Soudan et la Libyes pourront vous en acheter de vos idées.(2 exemples, il y en a d’autres qui attendent)

      Skapad.

    • je vais te faire de la peine cette technologie est abandonnée, comme tu le dis, sous le nom phenix, maintenant elle s’appelle génération IV.

    • Ca alors, tu change de nom et ça te suffit pour te la faire valider, étonnant d’etre a ce point docile en la matière nucléaire, il te change d’étiquette et te v’là rassurer ? La IV G de toute façon sera vite abondonnée, la populasse commence a ce poser les bonnes questions, pour ton cas je ne sais pas, serai tu d’accord que l’on entrepose dans ton jardin les déchets qui ne te dérangent en rien, souhaiterais tu que tes petits enfants en déterrant des trésors, te ramènerons ces ions pas encore totalement usagés ? Ca alors tu y pense a ces déjections, pense tu réellement que cela soit responsable de les laisser pour les futurs générations !

      Skapad

    • je n’ai pas dit que changer le nom fait qui sera valider, je dis juste que contrairement a ce que affirme il est loin d’être abandonner.
      ce n’est pas non plus par ce que Mitterrand a decider de stopper Super Phenix pour raccoller les voies ecolo qu’il etait "dangereux". maintenant tu dis qu’il va être abandonné ... c’est toi qui le dit. je pense au contraire que les gens commence a prendre conscience qu’il faut voir les problèmes la ou il y en a !

    • Un point d’histoire : ce n’est pas Mitterrand qui a fait arreter Superphenix (SPX), c’est Jospin ! Il avait a mon avis deux raisons. La premiere etait qu’il fallait donner une sucette a Voynet, la deuxieme est a mon avis plus compexe et plus profonde. La Farnce avait lance SPX suite a la reussite du reacteur Phenix (qui marche encore, amsi qui va bientot fermer) et sur l’idee d’un rapide developpement d el’energie nucleaire, qui allait rendre les ressources d’uraniu insuffisantes. Les deux aspects cites ici se sont averes faux : il n’est pas si simple de passer d’un relativement petit reacteur (Phenix) a un tres grand (SPX etait destine a marcher a 1300Mw je crois), il ya donc eu un gros defaut de fabrication (le barillet) et une fois que celui-ci a ete repare, un autre phenomene-les terreurs entretenues par les archeoecolos- a rendu les autorites tres hesitantes au redemarrage.

      Mais l’aspect qui a mon avis a ete determinant, c’est que les previsions de mix energetique se sont averees fausses. Cela parce qu’apres la flambee de 1975, on a cherche du petrole, et qu’on en a trouve : le prix du barril a chute d’un facteur 4, et entre 1980 et 2004, il est reste tres bas (en moyenne 20-30 dollars ?). C’est dans le modele ancien de societe la duree d’une generation. On voit que cette periode est finie, et l’inversion observee peut produire les effets inverses (si le charbon n’en profite pas trop). Mais je pense que c’est la principale raison de l’abandon de SPX. Abandon dont on commence a se rendre compte que c’etait peut-etre une erreur. A l’epoque, Hubert Curien avait conseille Mitterrand et Jospin de continuer, en disant que ce projet avait demarre trop tot, mais qu’il etait trop tard pour fermer. On en concluera peut-etre que la France aura ete deux fois a contretemps. En tous cas, les Indiens, les Japonais et les Chinois semblent prendre le relais, et ca serait bien dommage que notre pays et notre continent abandonne l’innovation technologique au nom de refus fumeux de la croissance..

      Reste qu’il a ete bien note qu’il y a une grande probabilite que les recteurs de generation IV soient sur le meme principe. Cela depend un peu des disponibilites en Uranium naturel. Il semble qu’il y en ait beaucoup, des siecles de consommation au rytheme actuel. Mais, comme on peut penser que l’industrie nucelaire va connaitre une forte augmentation (il faudrait quintupler en trente ans sa production pour qu’elle contribue plus ignificativement a la lutte contre l’effet de serre), on peut estimer qu’il faut aussi une trentaine d’ennes pour developper la nouvelle filiere et prendre els decisions d’investissement qui s’imposeront.

      Karva

  • Vous pouvez aussi aller faire un tour sur cette page http://futura24.site.voila.fr/futura01/nucle.htm qui met en évidence plusieurs études d’une grande valeur.

    Par exemple :

     une solution alternative au réacteur EPR, permettant au Grand Ouest (dont la Bretagne) de bénéficier d’une énergie équivalente à moindre coût, sans risques et en développant l’emploi local.

     il est possible de réduire les émissions de CO2 en France et de supprimer le nucléaire dans le même temps.

     le nucléaire n’a pas d’avenir car la production d’uranium sera en déclin dans moins de vingt ans, ce qui entraînera le déclin du nucléaire. Aucune autre technologie nucléaire ne sera disponible à ce moment là.

     la France possède 58 réacteurs pour produire l’électricité, c’est déjà trop