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Pierre tombale censurée !

Publie le lundi 24 décembre 2007 par Open-Publishing

Une pierre tombale frappée de censure pour « propagande organisationnelle »

Le père de Zeliha Güdenoglu, une militante abattue dans un affrontement en 1995, est poursuivi en justice car la pierre tombale de sa fille porte l’inscription « Ils sont morts invaincus ». Cette inscription restera couverte d’une couche de mastic jusqu’à l’issue de son procès.

Une pierre tombale située dans le cimetière du district de Kadinhani à Konya a été saisie par les autorités judiciaires pour motif de « propagande organisationnelle » en raison de l’inscription « Ils sont morts invaincus » Mehmet Güdenoglu, père de la défunte a été inculpé pour avoir été le commanditaire de l’inscription.

TUEE EN 1995

Cette curieuse histoire commence avec la mort lors d’une fusillade d’une femme dénommée Zeliha Güdenoglu à Tokat. Les parents de cette femme originaire de Konya ont fait venir le corps auprès d’eux pour l’inhumer dans le hameau de Atlanti situé dans le district de Kadinhani.
La pierre tombale a été profanée par des inconnus le 4 novembre 2007. Avec l’aide de l’Association de solidarité avec les détenus et les condamnés (TAYAD), une nouvelle pierre tombale a été érigée ornée de l’inscription « Ils sont morts invaincus ». A propos de ses travaux de restauration menés le 15 décembre, le père Güdenoglu raconte ceci : « J’alignais les mosaïques lorsque la gendarmerie est arrivée. Ils m’ont dit : « Ils sont morts invaincus », c’est le slogan de l’organisation DHKP-C. Nous allons confisquer la pierre. » Nous nous avons été conduits (des membres de TAYAD ainsi que des ouvriers du service des pompes funèbres, NDT) au commissariat. Ils ont pris notre déposition. Ils ont renouvelé leur volonté de confisquer la pierre. J’ai demandé de ne pas le faire pour que la tombe ne demeure pas anonyme. J’ai proposé de recouvrir provisoirement l’inscription dans l’attente du verdict de mon procès. Ils ont accepté. L’inscription sur la pierre tombale a été recouverte d’un mastic blanc. Nous agirons selon l’issue du procès. »

SUR PLACE DEPUIS 11 ANS

Le père Güdenoglu rappelle que cette inscription figure depuis 11 ans « selon la volonté de ma fille ». Et d’ajouter : « Je ne comprends pas qu’aujourd’hui, cela devienne un problème ». Le mois dernier, la pierre tombale d’une militante dénommée Fatma Hülya Tumgan décédée des suites d’une grève de la faim jusqu’à la mort et inhumée à Merzifon en province de Samsun a été saisie par la justice en raison de la même inscription pour motif de « faire l’éloge du crime et du criminel ».

Article paru dans le quotidien turc « Sabah », 23 décembre 2007

Photo : Zeliha Güdenoglu, combattante du DHKP-C, tuée dans un affrontement avec les unités spéciales de l’armée le 20 avril 1995 près du village de Catak, district de Niksar, province de Tokat (Nord de la Turquie)