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Plutonium "en trop" : la Provence doit-elle être évacuée avant la reprise du démantèlement ?
Publie le samedi 24 octobre 2009 par Open-Publishing6 commentaires
Titre original :
Plutonium "en trop" à Cadarache : la Provence doit-elle être évacuée avant la reprise des opérations de démantèlement ?
- Quel est exactement le risque actuel d’accident de criticité à Cadarache ?
- Que va-t-il se passer lorsque le CEA va reprendre le démantèlement ?
La situation à Cadarache est-elle encore plus critique que ce que les autorités veulent bien reconnaître ? Le risque d’accident de criticité n’est-il pas actuellement toujours très élevé dans le fameux ATPu (Atelier de plutonium) ?
C’est en tout cas ce que l’on peut penser en lisant dans l’édition du 22 octobre du quotidien Le Figaro : "Dans l’une des boîtes à gants de l’ATPu (…), les inspecteurs ont évalué la masse de plutonium à près de 10 kg. Il aurait suffi de 11 kg pour qu’un accident de criticité puisse se produire."
D’ailleurs, par décision du 14 octobre (1), l’Autorité de sûreté nucléaire a suspendu les opérations de démantèlement de l’ATPu en s’appuyant sur trois constats qui montrent que la situation reste très grave dans l’ATPu :
– Le Commissariat à l’énergie atomique (…) n’est pas en mesure de démontrer l’exactitude des inventaires comptables de matières fissile ;
– La prévention du risque de criticité dans l’installation est insuffisamment assurée ;
– Cette situation constitue un risque grave et imminent au sens du IV de l’article 29 de la loi du 13 juin 2006 susvisée
Depuis, par décision du 19 octobre (2), l’Autorité de sûreté nucléaire a posé les bases d’une reprise des activités de démantèlement par le CEA. Or, rien ne permet de dire que la reprise de ces opérations se fera de façon sécurisée. Le risque "grave et imminent" d’une réaction de criticité reste de mise.
Quelles seraient les conséquences d’une telle réaction mettant en jeu plus de dix kg de plutonium ? Les autorités prétendent que les accidents de criticité conduisent à des conséquences plus importantes sur le site de l’installation concernée que dans l’environnement. Pourtant, des accidents de criticité ont par le passé abouti à des conséquences très graves pour les populations environnantes.
Par exemple :
– en 1957, la catastrophe nucléaire de Kytchym (Russie) était un accident de criticité qui a contaminé pour des siècles plus de 1000 km2 et, à titre de comparaison, a projeté dans l’environnement à peu près la moitié de la radioactivité qui sera rejetée 30 ans plus tard à Tchernobyl.
– en 1999, à Tokaïmura (Japon), des milliers de personnes sont irradiées après un accident de criticité mettant en jeu 16 kg d’uranium.
La question se pose désormais sérieusement : les habitants de la région PACA doivent-ils rester "tranquillement" sur place en espérant que les opérations de démantèlement se passent bien ? Ou bien faut-il évacuer tout ou partie de la Provence ? Et qui doit décider ? La population elle-même, ou des autorités… qui viennent de prouver qu’elles étaient dans l’incapacité de contrôler les activités de l’industrie nucléaire ?
– (1) http://www.asn.fr/index.php/content...
– (2) http://www.asn.fr/index.php/content...
Lien permanent vers ce communiqué :
– http://www.sortirdunucleaire.org/ac...
Messages
1. Plutonium "en trop" : la Provence doit-elle être évacuée avant la reprise du démantèlement ?, 24 octobre 2009, 16:33, par nicolas
Bonjour,
Je réagis à votre article.
Parle d’évacuation de territoire dans le cas de Cadarache n’a pas de sens.
l’accident de Kychtym cité par SDN a eu lieu dans une usine militaire soviétique en fonctionnement et n\’a strictement rien à voir avec ce qui se pratique à Cadarache. (vérifiez vous-même sur le net !)
A Cadarache, les marges par rapport à un accident restaient et restent importantes. L’accident n’aurait par ailleurs concerné que des salariés (il n’en reste pas moins à éviter à tout prix). Poser la question de l’évacuation d’un territoire dans une telle situation relève de la manipulation politique de la part de Sortir du Nucléaire, qui sait très bien qu’il ne peut y avoir aucune conséquence pour la population.
Ce qui s’est passé à Cadarache : le gendarme a vu un véhicule qui dépasse des limites de vitesse : l’accident n’a pas eu lieu mais l’amende est là. Et l\’information est donnée au citoyen, ce qui est quand même franchement nouveau.
Le réseau SDN tente de créer un évènement politique à son profit en dénoncant l’information qu’on nous donne. Pourquoi ne pas saluer plutôt l’effort de transparence sur le problème constaté ?
A force les gens ne vont plus rien comprendre...
Nicolas, chercheur au CNRS
1. Plutonium "en trop" : la Provence doit-elle être évacuée avant la reprise du démantèlement ?, 24 octobre 2009, 18:44, par nicolas
non un chercheur de l’université (dans un tout autre domaine de la physique d’ailleurs) mais qui pense qu’il faut essayer de comprendre avant de chercher des coupables systématiquement.
l’incident est sérieux, mais il faut le prendre à sa juste mesure : comprendre ce qui s’est passé et en tirer les leçons.
et absolument rien ne nous permet de dire qu’il est sous-évalué par les autorités : il est rendu public, l’installation est suspendue et un PV a même été émis...
nicolas
2. Plutonium "en trop" : la Provence doit-elle être évacuée avant la reprise du démantèlement ?, 24 octobre 2009, 19:49
Cher chercheur,
– comparer un accident de la route à un accident de criticité est assez ridicule. Les conséquences n’ont rien à voir, ni en terme de nombre de personnes exposées, ni en terme de conséquences sur l’environnement à long terme (d’ailleurs, le plutonium une fois entré dans les chaines alimentaires est beaucoup plus dangereux que l’uranium). L’irresponsabilité d’un individu lambda n’a rien à voir non plus avec l’irresponsabilité d’une institution.
– 10kg de plutonium estimés n’est quand même pas très éloigné de 11kg... Quelle est la marge d’erreur de cette estimation ? 10g, 500g, 1kg ?
– Cette histoire fait peser des doutes importants sur les marges de sécurité tenues... si elles sont à peine inférieures à 10% c’est effectivement assez inquiétant.
– pourquoi signer en tant que "chercheur", vous n’apportez aucun argument scientifique, mais un argument assez naïf sur le fonctionnement des systèmes de surveillance et de prévention dans notre société.
A l’heure où l’on met des cameras de videosurveillance partout, et où les petits délits sont lourdement condamnés, il est quand-même assez piquant qu’un travail de veille citoyenne sur une activité aussi lourde de conséquence que le nucléaire suscite de telles réactions corporatistes.
Le scientisme est une forme d’intégrisme aussi dangereuse que les autres.
Un autre chercheur
3. Plutonium "en trop" : la Provence doit-elle être évacuée avant la reprise du démantèlement ?, 24 octobre 2009, 20:20, par jean 1
Au premier chercheur qui salue la transparence.Si tant est qu’elle existe c’est la moindre des choses.j
4. Plutonium "en trop" : la Provence doit-elle être évacuée avant la reprise du démantèlement ?, 24 octobre 2009, 20:26, par Bloup
A Tchernobyl la population a été évacuée mais APRES la catastrophe.
Le SDN est là pour informer et démontrer l’urgence de stopper le nucléaire, pas pour un but bassement politique.
Grâce à vous, je vais adhérer au Réseau Sortir du Nucléaire.
Merci infiniment.
5. Plutonium "en trop" : la Provence doit-elle être évacuée avant la reprise du démantèlement ?, 8 novembre 2009, 23:40, par karva
Cher Nicolas,
Moi-même je suis chercheur, en Physique au CNRS, et j’ai renoncé depuis longtemps à discuter avec ces terroristes intolérants. Bon courage !
Karva