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Pour la CGT, la négociation n’est plus une compromission

Publie le vendredi 16 novembre 2007 par Open-Publishing
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Propos recueillis par Olivier Baccuzat

HENRI VACQUIN, sociologue, spécialiste des syndicats

A la CGT, l’heure ne semble plus être à l’affrontement mais au dialogue. Est-ce une petite révolution ?

Henri Vacquin. Ces dernières années, tous les grands conflits ont tourné à l’échec parce qu’ils étaient fondés sur un syndicalisme d’un autre temps. Le courant d’ouverture tenu, au niveau de la confédération, par Bernard Thibault n’en a été que plus renforcé même s’il reste en butte aux bastions syndicaux de la fonction publique et des entreprises publiques. Celui-ci consiste à dire que, dans le passé, les conflits politiques ont coûté trop cher à la CGT et, surtout, que le fait de rentrer dans la négociation n’est plus une compromission.

C’est ce courant qui l’a emporté ces derniers jours ?

Le conflit va peut-être durer encore quelques jours. Mais, dans tous les cas de figure, la réaction des cheminots, et pas seulement ceux de la CGT, sera déterminante. Pour la première fois se pose la question de savoir si la pratique d’un syndicalisme traditionnel est toujours d’actualité.

Le syndicat n’est-il pas divisé sur la question des régimes spéciaux ?

A son congrès de Montpellier (NDLR : en mars 2003), la CGT a reconnu que les trente-sept annuités et demie étaient caduques, que le problème n’était pas l’alignement sur une date mais la prise en compte des spécificités des métiers et de conditions de travail. C’est très important. Au moment où le gouvernement Balladur faisait passer le privé à quarante années de cotisations, la CGT faisait entendre à ses fédérations du public que, sur ce terrain, elles partaient battues d’avance.

La base suivra-t-elle cette vague réformiste ?

L’ensemble des gens qui manifestaient mercredi savent bien que le mouvement va dans le mur. D’ailleurs, entre avant-hier et hier matin, le niveau de conflictualité a diminué.

Un syndicat plus radical comme SUD ne constitue-t-il pas une menace pour la CGT ?

Il y a une vieille tradition à la CGT qui consiste à ne jamais se faire doubler sur sa gauche. La CGT a facilité les négociations et évité à ses fédérations un échec qui les rendrait encore plus vulnérables. C’est exactement ce que Bernard Thibault a fait avec la SNCM. Mais la CGT ne prendra pas le risque de signer quoi que ce soit. Pas plus à EDF qu’ailleurs. Car, si le syndicat continue de mener sa politique d’ouverture à dose homéopathique, il n’est cependant pas prêt à changer radicalement de ligne de conduite au point de perdre 40 000 adhérents comme cela a été le cas à la CFDT en 2003.

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