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Pour les directions syndicales, un seul choix : collaborer ou résister
Publie le mardi 11 décembre 2007 par Open-Publishing2 commentaires
Pour les travailleurs, pas d’autre solution que de s’organiser depuis la base
Des luttes importantes se développent depuis le mois d’octobre contre les innombrables mauvais coups que le grand patronat, son gouvernement et son « Europe anti-sociale » cherchent à imposer aux travailleurs (casse des retraites et des régimes spéciaux ; fusion ANPE-UNEDIC ; casse de l’emploi, des salaires et des statuts de la Fonction publique ; autonomie-privatisation des universités ; démantèlement de la justice de proximité ; compression du pouvoir d’achat…). Leur ampleur (18 octobre, 20 novembre…) témoigne d’un haut niveau de combativité populaire. Il faut en particulier saluer les cheminots et les agents RATP pour leur détermination à lutter contre la casse de leurs régimes de retraite et du service public de transport.
Mais dans ce contexte de forte mobilisation contre la destruction des acquis sociaux et démocratiques, les questionnements se multiplient sur les moyens et les outils dont disposent les travailleurs afin d’imposer leurs revendications légitimes. Pour le dire tout net, beaucoup de travailleurs s’interrogent sur l’attitude des directions syndicales.
Concernant certaines, l’affaire est entendue. Chérèque appuyant la casse des régimes spéciaux puis appelant à la fin de la grève des cheminots à peine celle-ci commencée ou Julliard de l’UNEF faisant son possible pour sauver la loi LRU apparaissent de plus en plus clairement pour ce qu’ils sont : des dirigeants jaunes, complices du gouvernement et du MEDEF, qui ne se lancent dans une lutte que dans le but de la trahir et de la diviser à la première occasion.
Cependant, après les fâcheux précédents du traité constitutionnel européen ou du manque de soutien à la SNCM et aux traminots marseillais en 2005, les questionnements concernent désormais aussi la Confédération CGT, alors que les syndicats et militants de base CGT, attachés à l’héritage de la grande CGT, sont souvent au cœur de la résistance populaire.
Beaucoup de cheminots et agents RATP n’ont ainsi pas compris que Bernard Thibault contourne leurs revendications (1) et affaiblisse leur mouvement en appelant, au début même de leur grève reconductible, à des négociations par entreprise sur la base d’un projet gouvernemental pourtant unanimement rejeté par la base !
Plus généralement, comment s’expliquer l’attitude de Thibault se précipitant il y a quelques mois chez un Sarkozy fraîchement élu (ne faisant aucun mystère de ses liens avec le MEDEF et de sa volonté de suivre l’exemple de Thatcher) et sortant de l’Elysée en se déclarant "rassuré », désireux de "ne pas faire de procès d’intention" car il faudra « juger sur pièces » ?
C’est d’ailleurs bien cette ligne de conduite attentiste que la direction CGT a scrupuleusement suivie depuis. Elle s’est bien gardée d’expliquer que Sarkozy étant l’homme du Medef, on ne pouvait en attendre que la régression sociale tous azimuts et que cela s’appelle la lutte des classes. Elle s’est bien gardée d’écouter sa base et de marteler que face à ce pouvoir déterminé à « défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance », il serait très difficile de gagner autrement que « tous ensemble ». Elle s’est bien gardée de mettre en oeuvre ce que toute l’histoire de la CGT et de ses grandes victoires enseigne : le rôle de la confédération est de préparer la résistance, de travailler à la convergence des luttes, de coordonner les différents secteurs du monde du travail afin de créer un rapport de force favorable contre le pouvoir du capital. Il n’est que de comparer les textes et pratiques des secrétaires généraux de la CGT tels Frachon ou Séguy à ceux des Thibault et Le Duigou actuels pour se convaincre non seulement de la médiocrité de ces derniers mais aussi de leurs reniements et de leur changement de camp.
En réalité, les principales directions syndicales refusent désormais toute idée de changement de société. Acceptant le pouvoir et la légitimité du Capital, elles ne peuvent que l’accompagner (en le suppliant bien sûr d’être « social ») dans sa course au profit maximum et aux contre-réformes. Incapables d’obtenir une quelconque avancée pour les travailleurs, elles en sont réduites à négocier les régressions sociales, quand elles ne les favorisent pas ouvertement. Ce syndicalisme d’accompagnement, qui contourne les revendications réelles, refuse les convergences, multiplie les journées d’action isolées et les mots d’ordre sectoriels acceptables par le patronat, soumet les travailleurs aux intérêts du MEDEF. Les directions qui le portent, regroupées au sein d’internationales jaunes (CES financée par l’UE, CSI) sont de moins en moins indépendantes du Patronat et des institutions ; jouant de plus en plus ouvertement le rôle « d’agent de la bourgeoisie au sein du mouvement ouvrier », elles constituent un danger mortel pour les travailleurs.
C’est ainsi que doivent s’entendre les remerciements de Sarkozy aux « organisations syndicales qui ont fait preuve d’une grande responsabilité » et spécialement à « celle dont [il] est théoriquement le plus éloigné ». Décidé à « ne pas les laisser exsangues » pour la suite des contre-réformes, il annonce « une conférence sur l’agenda social de 2008 » afin de préparer les "grandes réformes" sociales de 2008, en premier lieu la casse du CDI et puis celle des retraites. Comme le dit Sarkozy, « les négociations et la fermeté, ça n’a pas si mal marché avec les régimes spéciaux, la loi sur l’autonomie des universités et la fusion ANPE-UNEDIC. Et bien on va continuer ». Les directions syndicales vont-elles accepter de participer à cette mascarade de négociation alors que le gouvernement affirme qu’il ne transigera « ni sur les objectifs ni sur les principes » ? Il serait grave (mais malheureusement guère surprenant) qu’elles cautionnent ce jeu de dupes au lieu de chercher à isoler un Sarkozy et un Medef qui s’attaquent à l’immense majorité de la population.
On ne peut mieux dire l’urgence, pour les travailleurs et les syndicats de base, de combattre la collaboration et les capitulations du syndicalisme d’accompagnement qui affaiblit terriblement le mouvement populaire face à un pouvoir déterminé à imposer une régression sociale sans précédent. Il faut en particulier soutenir les initiatives et regroupements des militants de classe à l’intérieur de leurs syndicats. A partir des luttes qui se développent sur le pouvoir d’achat et les salaires, travaillons à l’élargissement et à l’unification des revendications (2), renouons avec les principes gagnants du syndicalisme de classe et de masse de la grande CGT de Sémard, Timbaud, Frachon et Séguy, en partant des syndicats et collectifs de lutte, depuis la base jusqu’au niveau national, pour mettre sur la défensive le pouvoir du grand capital, son gouvernement et son UE supranationale.
le 6 décembre 2007
(1) Non à la casse des régimes spéciaux, oui à la construction d’une convergence des luttes.
(2) Augmentation des salaires, non au vol du salaire différé : défense de la sécu et des retraites, non à la casse des services publics, aux privatisations et aux augmentations de tarifs, pour la nationalisation des monopoles privés qui étranglent le peuple (Total, compagnies bancaires…)
Messages
1. Pour les directions syndicales, un seul choix : collaborer ou résister , 11 décembre 2007, 18:28
ca fait DEUX choix ça !!
2. Pour les directions syndicales, un seul choix : collaborer ou résister , 11 décembre 2007, 18:57
S’il n’y avait que pour les syndicats ?!
Depuis le 6 mai 2007 chacun dans ce pays doit se poser la question : résister ou collaborer. Résister beaucoup, collaborer un petit peu ; résister peu, collaborer beaucoup... Faire ce qu’on peut selon sa vie, son entourage, ses forces, ses moyens. Mais se poser la question c’est déjà ENORME !