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Pour notre mémoire et contre la barbarie : Sabiha AHMINE revient sur le Procès Barbie
Publie le mardi 24 juillet 2007 par Open-Publishing1 commentaire

Pour notre mémoire et contre la barbarie : Sabiha AHMINE revient sur le Procès Barbie. A l’occasion, elle nous rappelle l’hommage qu’elle avait rendu, en 2002, à Janusz Korczak, au CHRD de Lyon.
Le 3 juillet 2007, avec Gérard Collomb, j’ai participé à la commémoration du 20e anniversaire du Procès Barbie à Lyon. C’était un moment fort de notre mémoire commune. Avec les acteurs du procès, avec Robert Badinter, Pierre Truche et tous les autres militants des droits sur notre ville et ailleurs dans le monde, cette cérémonie est un souvenir du premier procès historique, le premier en France après celui de Nuremberg, intenté pour Crime contre l’Humanité. En tant qu’adjointe au maire, je me suis engagé ainsi, depuis 2001, à faire en sorte que la Ville de Lyon puisse ainsi prendre activement toute sa place dans ce combat pour la réhabilitation de notre mémoire républicaine. Contre la barbarie et contre le racisme, 20 ans après, ce procès m’incite aujourd’hui à vous parler de certaines actions que j’ai mené au CHRD ou avec la Chaire lyonnaise des Droits de l’Homme, pour aider notre jeunesse à rejoindre notre de voir de mémoire et à découvrir le vrai visage de la barbarie.
Que ce soit à la maison d’IZIEU, que ce soit à AUSCHWITZ ou au CHRD, notre objectif commun s’inscrit dans le prolongement du combat de nos anciens contre la barbarie nazie, pour la défense des valeurs de la République et le souvenir de la Shoah. Je vous invite ainsi à découvrir le livre « Des croquis pour l’histoire » consacré à l’Exposition du procès Barbie, que nous avons organisé le 27 mai 2005, au CHRD, avec l’auteur, René Diaz (éd. Ville de Lyon, CHRD). L’exposition Janusz Korczak, que j’avais organisé en 2002 au C.H.R.D de LYON ,s’inscrit également dans cette démarche et nous rappel le sens du combat pour le respect des droits.
Voici l’intervention de Sabiha AHMINE, Maire adjointe de Lyon à l’intégration et au droit des citoyens
Au nom de Monsieur Gérard Collomb, Sénateur Maire de Lyon, je tiens à remercier tous les présents aujourd’hui avec nous ce soir au CHRD, en ce rempart contre l’oubli et contre la barbarie. Le CHRD que nous voulons d’abord comme un centre de sauvegarde de l’Histoire, de la Mémoire de la Résistance et de la Déportation, mais aussi comme un lieu d’éducation et de formation à la citoyenneté, au service des enfants et des générations futures.
Avant de dire un mot sur la portée de cette exposition, une exposition riche de sens qui nous permet de découvrir le parcours de Janusz Korczak, ce pédagogue juif polonais hors du commun. Je tiens à remercier en particulier les présents avec nous : Monsieur Jabin, vice président de l’Association Française Janusz Korczak, qui a organisé cette exposition ; Madame Catherine Zoldan et la Compagnie Michel Véricel ;Monsieur Pierre Sigaud, Directeur régional adjoint des affaires culturelles ; Monsieur Dominique Sénore, Directeur de cabinet de Monsieur Philippe Meirieu, spécialiste des questions pédagogiques à l’échelle nationale ; sans oublier tous les participants présents ici avec nous :
Cette exposition, que nous propose le CHRD dans le cadre du soixantième anniversaire de la mort de Janusz Korczak, retrace la vie de cette personnalité très célèbre dans son domaine d’activité qui est la pédagogie, mais qui fut aussi et à la fois médecin, écrivain et éducateur, malheureusement méconnu du grand public, et pourtant d’une importance capitale pour nous aujourd’hui. Tout en évoquant l’histoire de la Pologne et plus particulièrement l’histoire douloureuse de la Shoah, cette exposition nous rappelle combien chaque enfant est unique et doit être respecté en tant que tel, quelque soit son lieu de naissance, de résidence, sa religion, sa langue ou sa culture… C’est cela le deuxième message qu’a voulu nous transmettre Janusz Korczak dans sa pensée à travers ses divers écrits, ses précieux témoignages, et ses travaux qui sont étudiés de nos jours dans les grandes écoles et instituts à travers le monde. En effet, la pensée de Janusz Korczak n’est pas seulement à l’origine de la Convention des droits de l’enfant.
Jusqu’à la veille de sa mort dans le camp d’extermination de Treblinka, il a refusé d’abandonner les orphelins dont il s’occupait dans le ghetto de Varsovie, des enfants victimes comme lui des mesures nazies anti-juives. L’histoire, la pensée et tous les apports de Janusz Korczak peuvent nous inspirer aujourd’hui pour tracer une véritable politique de l’enfance, de la citoyenneté et de l’intégration. Une politique qui coupe cours avec le déterminisme biologique, génétique ou toute autre thèse qui réduit les enfants à des objets, des marchandises, ou à des êtres non sociables.
Comme le disait Albert Jacquard « Tous les enfants sont des doués ». C’est à nous de s’en saisir pour faire de la socialisation un processus d’humanisation. C’est pour atteindre cet idéal humaniste et de socialisation, un objectif qui n’a pas de prix économique ou financier, que notre équipe municipale, moi-même et mes autres collègues, nous avons doublé le budget de la petite enfance, multiplié les places de crèche dans notre ville, et nous comptons encore aller plus loin dans l’avenir, grâce à vous tous. Car on ne fait jamais assez pour les enfants. Notre objectif n’est pas seulement de garantir l’application de la convention internationale des droits de l’enfant et de faire de Lyon une référence en la matière. Nous allons renforcer le travail avec le réseau associatif et les autres acteurs pour permettre aux enfants une véritable égalité des chances. Il s’agit d’un véritable apprentissage à la citoyenneté, une lutte efficace contre la pauvreté, contre l’exclusion enfantine, contre le rejet de l’autre, pour le respect. Ceci passe impérativement par l’information sur les droits des enfants et l’implication de tous les acteurs. À ce propos, je rappelle quelques axes de mes propositions d’action : Ce qui veut dire, renforcer la place de l’enfant dans la cité, améliorer la coordination entre les acteurs et développer les associations d’enfants ; Mieux informer sur les droits de l’enfant ; Améliorer la place des enfants dans la société de l’information ; Améliorer la situation des enfants dans l’école par des actions citoyennes volontaristes ; Favoriser l’émergence de l’apprentissage à la citoyenneté ; Créer une cellule de lutte contre les discriminations à l’école ; « Nous proposant surtout à l’Etat de d’améliorer » et moderniser le système de santé scolaire ;
Je termine en rappelant que la pensée de Janusz Korczak est un hymne pour la solidarité et contre les souffrances intérieures et extérieures de tous les enfants dans le monde, qui connaissent la misère, la guerre, la violence, l’occupation de leur territoire et ceux aussi victimes de l’intégrisme.
Mme Sabiha AHMINE,
Maire adjointe de Lyon à l’intégration
et au droit des citoyens,
C.H.R.D., Lyon, le 16 janvier 2002.
Retour à l’exposition Janusz Korczak
Messages
1. Pour notre mémoire et contre la barbarie : Sabiha AHMINE revient sur le Procès Barbie , 26 juillet 2007, 10:00
Ce n’est pas au coeur de Berlin, mais pour l’Allemagne toute entière. 50.000 survivants sur 600.000 recensés. Les "survivants" étaient pour la quasi-totalité des "demi-juifs", mariés à un(e) aryen(ne), ou enfant de couple mixte. Sur la seule ville de Dresde, au jour du bombardement par les forces aériennes alliées, il ne restait que 167 demi-juifs , tous regroupés pour leur départ vers les camps....tous morts sous les bombes sauf..... Victor Klemperer , je vous recommande vivement la lecture de son journal pour comprendre ce qu’a été la vie d’un Juif Allemand durant la période 1933-1945.
En ce qui concerne Janusz Korczak - de son vrai nom Henrik Goldszmit - éminent pédagogue du XX° siècle, merci à S.AHMINE d’en rappeler le souvenir. Pédiatre et écrivain pour enfants, il a consacré toute sa vie à la défense de l’enfant, et avant tout de l’enfant pauvre ou orphelin. Le cinéaste Wajda lui avait rendu hommage il y a de nombreuses années. La fin poétique de ce film (les enfants descendant du train et s’égaillant dans la campagne) ne doit pas faire oublier que J.KORSZAK a refusé tout passe-droit qui lui aurait permis de ne pas être enfermé au Ghetto, puis de ne pas être immédiatement déporté car il était médecin , et a accompagné SES enfants de l’orphelinat le 12 Août 1942 dans les chambres à gaz de Tréblinka. "..... puis la caravane d’enfants s’ébranle et part pour l’inconnu. Un voyage - nombre d’entre eux le sentent bien - d’où l’on ne revient jamais. Ces jeunes plantes en bouton, qui viennent seulement de fleurir, ces âmes innocentes qui contiennent en elles qui sait combien de forces vitales, de potentiel, de talents (et peut-être même de génie,oui, qui le sait ?) toute cette humanité en puissance se met calmement en marche, de manière ordonnée, en route vers une mort prématurée."(Du fond de l’abîme - Journal du Ghetto - H.Seidman)