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Pour une meilleure évaluation du risque toxique

Publie le jeudi 25 octobre 2007 par Open-Publishing

Un dossier demandant d’inclure la toxicogénomique parmi les tests requis préalablement à la mise sur le marché de toute substance chimique vient d’être déposé auprès du CEVMA et de l’OCDE, deux organisations jouant un rôle majeur dans la définition de ces tests.

Le dossier, élaboré par Antidote Europe, a été transmis selon la procédure réglementaire, c’est-à-dire via un coordinateur national du programme de lignes directrices pour les tests de toxicologie de l’OCDE, dépendant de l’Agence de protection de la santé de cet organisme. Cette procédure est rarissime, à tel point que le coordinateur national a dû prendre des renseignements avant de se charger du dossier ! Cette méconnaissance des procédures par les autorités elles-mêmes pourrait-elle expliquer pourquoi il faut si longtemps avant qu’une avancée scientifique ne soit intégrée aux lois censées protéger notre santé ?

Mise au point au début des années 1990, la toxicogénomique est une méthode qui permet d’évaluer la toxicité d’une substance chimique en mesurant les variations de l’expression de certains gènes au sein de cellules humaines cultivées en présence de la substance. La connaissance du rôle des gènes affectés permet de comprendre quel type de toxicité la substance pourra avoir (cancérogénicité, neurotoxicité, toxicité pour la reproduction, etc.) et par quels mécanismes moléculaires. Le test d’une substance par la toxicogénomique est bien plus rapide et moins cher que les tests actuellement employés, basés sur l’expérimentation animale, qualifiés de "tout simplement de la mauvaise science" par le directeur du CEVMA, le professeur Thomas Hartung. Cette méthode moderne figure au premier rang de celles que le Conseil national de la recherche (NRC) états-unien propose pour remplacer les tests sur des animaux dans sont récent rapport : "La toxicologie du XXIe siècle : une vision et une stratégie."

Il est très urgent d’intégrer les méthodes de toxicologie modernes aux réglementations telles que REACH qui, après avoir identifié plus de 100.000 substances chimiques manufacturées en Europe, s’est donné pour louable objectif d’en évaluer la toxicité. Encore faudrait-il qu’elle s’en donne les moyens, ce qui n’est pas le cas avec les tests actuellement exigés. Il est enfin bien admis que la plupart des maladies graves (cancer, maladies neurologiques, stérilité, etc.), dites "maladies de civilisation" ont pour principales causes des facteur présents dans notre mode de vie, facteurs incluant une exposition permanente à des milliers de substances chimiques. Une prévention efficace est donc possible en identifiant les substances les plus dangereuses et en les retirant du marché.

Antidote Europe est une association a but non lucratif, créée par des chercheurs issus du CNRS, oeuvrant pour une meilleure prévention en matière de santé humaine. Après de multiples tentatives d’alerter les autorités sur les failles des tests utilisant des animaux et les multiples avantages de la toxicogénomique, elle espère que ce dossier donnera un coup d’accélérateur à la validation d’une méthode déjà massivement utilisée aux Etats-Unis et au Japon, encouragée par les autorités -y compris européennes, comme l’EMEA - mais pas encore intégrée aux réglementations sur les substances chimiques. Ce manque d’exigence légale des résultats de tests de toxicogénomique prive tous les citoyens d’un outil efficace dans la prévention de millions de décès prématurés chaque année en Europe et d’innombrables cas de maladies douloureuses ou invalidantes.