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Pourquoi il est indispensable d’utiliser l’élan post-référendaire...

Publie le mercredi 1er juin 2005 par Open-Publishing
4 commentaires

Pourquoi il est indispensable d’utiliser l’élan post-référendaire pour construire d’urgence un vrai pôle de gauche

de Hélène, citoyenne de base

1) Le mariage de la carpe socialiste et du lapin centriste
A entendre, le soir du référendum, les interventions télévisées de F .Hollande et de F. Bayrou, il se confirme ce que l’on pressentait déjà, c’est-à-dire qu’il se profile à gauche (mais est-ce vraiment à gauche ?!) une recomposition importante pour les semaines et mois à venir.

On a pu entendre, en effet, ces deux partisans du oui condamnant d’une même voix le gouvernement UMP et sa politique pour expliquer la défaite du oui ; tous deux parlaient d’innovation à venir dans les moeurs politiques ; les « barons » de F.Hollande (D.Strauss-Kahn, J.Lang) enfonçaient le clou en tapant à bras raccourcis sur l’extrême-gauche et ceux de F. Bayrou (G.de Robien) sur la droite classique...

L’annonce prochaine de fiançailles ne devrait donc pas nous surprendre : le calcul est en effet politiquement habile. Quel est l’état des lieux ? la droite classique (J. Chirac et ses séides Raffarin, Juppé, de Villepin) n’est plus crédible : elle va prochainement être remplacée par une droite plus musclée (N.Sarkozy) affichant sans complexes son ultra-libéralisme et son atlantisme, et que les électeurs modérés hésiteront à installer au pouvoir ; les socialistes viennent objectivement de se scinder en deux camps, les sociaux-démocrates "réformateurs" acceptant et accompagnant le capitalisme (il y avait déjà quelque temps d’ailleurs que les socialistes avaient annoncé que « leur projet n’était plus socialiste » (L. Jospin), d’une part, et les socialistes sur la ligne historique du PS, partisans du non à ce référendum, d’autre part. La position de L. Fabius est atypique : on peut penser que ce politique, étant donné la contradiction entre son passé et ses positions actuelles, ne « roule » que pour lui-même.

Par ailleurs, on peut s’attendre à ce que les « bien-pensants » du oui vert (D. Voynet, L. Mamère) tiennent la chandelle à ce mariage au centre (puisque la France se gouverne au centre, parait-il) et qu’ils en attendent quelques prébendes.

Dans ce calcul dont l’on peut soupçonner les états-majors de l’UDF (voir ci-dessous) et du PS (la situation ne devrait pas tarder à se clarifier), l’extrême-droite et l’extrême-gauche, inconciliables et que l’on s’emploiera à déconsidérer totalement, ne pèseront d’aucun poids ; les socialistes « historiques » seront marginalisés, comme l’a été J.P.Chevènement en son temps.

Et nous aurions dans deux ans en France le gouvernement "blairiste" nécessaire à la poursuite des affaires et à la construction de l’Europe libérale que ces deux courants appellent de leurs voeux.
Joli tour de passe-passe, non ?

Il reste que l’ampleur du non de gauche et la re-politisation des Français ont surpris ces « machiavels au petit pied » et ne rentrent pas dans leurs calculs. Là est peut-être la chance du peuple de gauche d’échapper aux tenailles préparées pour le saisir. Encore faudra-t’il la saisir rapidement : deux ans, c’est bien court...
(le 29/05/05)

2) « Pourquoi M. Bayrou dit « non » à son entrée dans le gouvernement » Le Monde (31/05/05)

« Le vote des Français représente tout de même un échec pour M. Bayrou, qui s’était fortement impliqué dans la campagne en faveur du oui. "Tout le monde est sanctionné, convient-il, mais je suis le premier à avoir défendu la Constitution. On s’est battu jusqu’au bout." Cette défaite lui permet malgré tout de rêver à ce grand pôle social-démocrate qu’il a toujours appelé de ses voeux. Pariant sur une éventuelle implosion du PS, M. Bayrou aimerait récupérer les lambeaux d’un parti qui s’est déchiré pendant la campagne du référendum, pour créer un grand mouvement "allant de Delors à Balladur . Avec, à sa tête, François Bayrou. »

3) La bourgeoisie a toujours plusieurs fers au chaud
Et voyez comme les choses sont bien faites, dans « le meilleur des mondes » capitalistes possibles, les Français qui ont voté massivement NON, en 2005, à une constitution européenne ultra-libérale, auraient le choix en 2007 entre l’ultra-libéral Sarkozy, représentant la droite dure, et un représentant du regroupement social-démocrate UDF /droite du PS (Bayrou/Hollande/Strauss-Kahn, Aubry, au choix), rééditant le même coup politique que J.Chirac en 2002 : agiter la marionnette du méchant loup (Sarkozy, cette fois-ci), pour que les suffrages des gens de gauche se réfugient sur le social-démocrate présenté.

On peut imaginer, bien sûr, une triangulaire avec un représentant de la vraie gauche au premier tour, mais quel personnage pourrait réunir tous les suffrages populaires de gauche sur son nom, et aurait-il suffisamment de voix pour être présent au deuxième tour ?
Au cas où tout marcherait selon les vœux des sociaux-démocrates, ils seraient en place en 2006, au moment où la question de l’adoption du TCE par l’Union Européenne se posera définitivement, pour faire passer (cette fois-ci au Parlement) le texte (à peine relooké, en accord avec leurs compères européens).

Messages

  • L’analyse de Bayrou est que Chirac va à nouveau se planter, et qu’il (Bayrou) offrira en 2007 la seule alternative crédible à droite, avec en face une gauche probablement encore fracturée et convalescente.

  • Salut Hélène,

    Ton analyse est intelligente. Je ne sais pas si cela se passera effectivement comme tu dis, mais ce ne serait pas étonnant.

    Pour nous, je pense que la meilleure solution serait que les diverses grèves qui allaient en s’amplifiant avant le référendum continuent à s’amplifier pour finir par se transformer en grève générale sauvage totale et illimitée de tous les secteurs publics et privés.

    Une grève qui serait auto-organisée selon le principe de la coordination :

    http://mai68.org/textes/coordination.htm

    Tout est possible en effet :

    Grâce à notre NON, nous savons que nous ne sommes pas cons et nous savons que chacun de nous le sait ! C’est ce qui s’appelle une prise de conscience collective. Et comme ce sont les pauvres qui ont voté NON (et les quelques riches qui, n’étant pas des salauds, sont dans leur camp), cette prise de conscience collective s’appelle par conséquent :

    LA CONSCIENCE DE CLASSE

    Quand se réveille la conscience de classe, la lutte de classe ne tarde pas à suivre !

    Toutes et tous, nous avons donc une possibilité historique : profiter de la vague du NON, et du réveil de la conscience de classe qu’elle signale, pour déclencher la grève générale. Et il faut agir immédiatement en ce sens car l’histoire ne repasse pas les plats ! Il faut agir et agir vite !

    L’idéal serait que chacun-e d’entre nous devienne un agitateur !

    Que chacun mette son école ou sa fac ou son lieu de travail en grève. Faisons appel aux chômeurs pour participer à nos Assemblées Générales et à nos piquets de grève qui devront être durs.

    A+

    do

    http://mai68.org

    • Je pense aussi que l’analyse d’Hélène est pertinente et qu’il y a des précédents dans l’histoire de notre pays, au moins au niveau des tentatives... On l’a même vécu à Charléty en 1968 avec certains slogans ultra-gauche mêlés à ceux des partisans de l’extrême-centre ...
      Pourtant, je crois qu’une mobilisation maintenue des forces du NON de gauche - toutes et sans exclusion d’aucune sorte (je dis çà parce qu’on voit sur ce site des positions de lynchage qui n’ont qu’un effet, celui d’affaiblir notre front) et la participation renforcée et élargie au mouvement social sont les moyens d’empêcher ce mauvais coup que certains stratèges ont certainement en réserve...
      On a 2 préoccupations pour les temps immédiats à venir :
       > garder le cap sur l’exigence d’une Europe sociale en sachant que ce ne sont pas les pouvoirs actuels qui la feront - çà n’empêche pas de la faire avancer ;
       > tout faire pour que s’exprime le puissant mouvement social porté par le refus du chômage et de la mise en pièce de nos acquis sociaux...

      Il faut que la dynamique du NON de gauche soit maintenue, alimentée par l’action ensemble.

      La photo - sur ce site où l’on voit tous les leaders du NON de gauche - est un vrai bonheur et il faut que çà reste.

      Jean-Jacques POIGNANT, ancien de mai 68.

    • Je suis d’accord avec toi : ce sont les peuples qui font l’Histoire ! n’en déplaise aux appareils politiques pourris...
      Et maintenant, au boulot !
      Hélène