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Pourquoi nous quittons l’Unef

Publie le mardi 21 juillet 2009 par Open-Publishing
9 commentaires

Lettre ouverte des étudiants quittant le syndicat UNEF de Nantes

Alors que l’Université de Nantes rejoint la ronde des 33 universités autonomes,
nous nous sommes retrouvés dans l’obligation de quitter le premier syndicat étudiant de
France, l’Unef. Décision délicate à prendre, surtout en ces temps où les étudiants ont plus
que jamais besoin d’être protégés contre les politiques du gouvernement. Mais si nous
quittons l’Unef, nous le faisons par conviction. Notre engagement au sein de cette
organisation a été entier et sincère. Beaucoup d’entre nous se sont battus et se sont
investis sans compter pour ce syndicat. Le départ n’en est que plus amer. Néanmoins,
nous ne pouvons que constater que la rupture est consommée entre une équipe militante
locale forte d’un bilan d’activité bien rempli, et une direction nationale toujours plus
ambiguë quant à son orientation.

L’Unef, première organisation étudiante de France,
victorieuse durant la bataille contre le CPE paie aujourd’hui des choix stratégiques qui la
coupe toujours un peu plus de la majorité des étudiants. Soutien timide lors de la
mobilisation contre la LRU en 2007 et absence totale de prise de position sur les
questions étudiantes lors du mouvement de 2009 font que beaucoup d’étudiants doutent
de l’utilité de l’action collective au sein de cette organisation. Personne ne leur jettera la
pierre, surtout lorsque le président de cette dernière assène cette phrase
terrible : « Personne à l’Unef n’est contre la LRU ! Ni à Nantes, ni ailleurs ! »

Alors, pourquoi se bat l’Unef aujourd’hui ? Quelle vocation a à exister un syndicat
majoritaire lorsque ses prises de position vont à l’encontre des aspirations des étudiants ?

Les victoires symboliques qu’a pu obtenir ce syndicat ne sont plus que des lointains
souvenirs. Pour preuve, l’allocation d’étude obtenue par l’Unef en 1999 permettait aux
étudiants indépendants fiscalement de leurs parents de bénéficier d’une aide mensuelle
pour étudier. Ce système a été supprimé en 2008 au profit d’un nouveau, beaucoup plus
contraignant pour les étudiants, et dont l’esprit change radicalement.

Alors qu’en 1999, le
Gouvernement entendait aider les étudiants dans l’obligation de se salarier à baisser leur
nombre d’heures en les accompagnant financièrement, le nouveau texte met les étudiants
indépendants dans l’obligation de se salarier davantage. Or, l’Unef n’a pas protesté lors de
la mise en place de ce nouveau dispositif. Cet exemple est frappant, car l’allocation
d’étude est la dernière chose qu’a gagné l’Unef nationalement pour les étudiants. Lors de
sa suppression, aucune campagne n’a été lancée pour le maintien de ce système.

D’autre part, lors du débat autour des « masters enseignements », l’Unef a appelé à
les approuver au sein des conseils d’administrations, allant à l’encontre de la stratégie qui
se dessinait dans de nombreuses villes. C’est pourtant la stratégie développée localement
qui est sortie victorieuse et qui a permis que de nouvelles négociations aient lieu.

Mais si nous partons, ce n’est pas uniquement pour des questions d’orientation et
de stratégie syndicale.

Notre engagement à l’Unef dépassait la « simple » défense des droits des
étudiants. Nous pensions également pouvoir défendre au sein de notre organisation des
valeurs auxquelles nous croyons. Démocratie, égalité, solidarité, autant de valeurs qui
devraient être défendues au sein de l’Unef. Une organisation se voulant être le fer de
lance de l’émancipation intellectuelle de la jeunesse ne peut s’abaisser à des pratiques
que nous avons du mal à qualifier tant elles sont révoltantes. Le temps n’est pas venu de
détailler toutes les pratiques détestables du syndicat, ce qui à coup sûr aurait des impacts
importants sur le taux de syndicalisation et sur les étudiants eux-mêmes. Nous souhaitons
simplement alerter l’ensemble de nos camarades pour que tous ensemble nous nous
remettions sur les rails du syndicalisme, pour que tous ensemble nous lancions une
réflexion profonde sur ce que doit être l’Unef aujourd’hui. Le débat autour de l’allocation
d’autonomie, du financement des universités est devenu stérile dans l’Unef, d’autant plus
que celui qui ne suit pas la ligne se voit aussitôt marginalisé. La direction actuelle du
syndicat ne permet pas que ce débat ait lieu, et c’est pourquoi nous décidons de couper
les ponts. Rester dans l’incompréhension face à la stratégie que suit notre syndicat ne
nous mènera à rien. Au contraire, cela ne ferait qu’entraver notre démarche syndicale. À
force de combats internes, le risque était d’en oublier les réelles batailles syndicales.

Parce que nous voulons continuer à défendre les étudiants, et le faire dans des
circonstances appropriées, nous devons quitter l’Unef.

Il ne faut néanmoins pas nous contenter d’un simple départ. Notre démarche doit
s’inscrire dans un élan rassembleur et doit donner un cadre aux étudiants qui souhaitent
s’organiser afin de défendre leurs droits. Nous poursuivrons notre travail de réflexion et de
terrain avec l’ensemble des organisations et des institutions qui souhaiteront le faire à nos
côtés. Pour ce faire, une nouvelle structure verra le jour à la rentrée universitaire. Elle se
créera dans la recherche de l’unité la plus forte possible, sans exclusive et sans
conditions. L’Unef n’est plus en capacité d’être le syndicat étudiant au service des intérêts
matériels et moraux des étudiants. Nous appelons tous ceux qui le souhaitent à nous
rejoindre afin de créer ensemble un tel outil sur Nantes !

Messages

  • chers camarades .... vous vivez ce que vivent nombre de militants syndicaux et politiques face à " une gauche socialiste" qui ne devrait même plus s’autoriser à utiliser le nom de GAUCHE !!!! qui se fourvoie avec les gouvernants droitiers.... qui se laisse bercer par les sirènes du libéralisme ..... qui n’ose plus porter les valeurs humanistes de l’idéal socialiste .....
    c’est terrible pour le peuple ....

    alors courage et résistons avec vous !!!

  • La question qui me taraude est :

    Que diable faisiez vous donc a l’UNEF ? ? ? ? ? ?

    • Bonne question...d’autant plus que ça fait bien longtemps que l’UNEF a été vidée de ses militants les plus intéressants...et je dois dire que niveau syndicalisme étudiant, y’a quand même mieux, et depuis longtemps également (FSE, SUD, CNT...).

    • SUD et la FSE deux syndicats de luttes se posent la question de l’UNITE et de la refondation d’un syndicalisme étudiant de classe.
      Rejoignez le processus de fusion.

      Le mouvement contre la LRU en 2007 a montré le rôle primordial que peuvent jouer les syndicats de lutte. C’est grâce à l’unité à la base qu’ils ont pu faire émerger ce mouvement de contestation. C’est donc de la même manière, à la base, que l’unité des syndicats de lutte doit avancer notamment par le biais d’un travail local de rapprochement des deux structures, notamment par l’impulsion de comités pour un syndicat étudiant de lutte au niveau local, visant à poser la question de la fusion.

      L’unification du syndicalisme de lutte serait très positive, mais elle ne peut avoir pour seul but une croissance quantitative. Cette unification ne trouve son sens qu’en phase avec les luttes sociales. Or, depuis de nombreuses années, Sud et la FSE se rejoignent tant sur le plan de l’auto-organisation des mouvements que sur la plupart des revendications.

      Une unification permettrait dans un second temps l’élargissement du champ d’action des syndicats, aujourd’hui limité aux campus, mais qui pourrait s’étendre à la jeunesse en formation en dehors de l’Université, voire à la jeunesse déscolarisée, aux jeunes travailleuses et travailleurs.

    • Aurélien Chauvet, Nicolas Ribeiro, Xavier Bouron, Julie Broussaudier et Hégis Hémon ont choisi de quitter « par conviction » les rangs de l’Unef. Ils seraient, au total, une trentaine à partir.

      http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_-Des-militants-de-l-Unef-entrent-en-dissidence-_40835-1006400------44109-ard_actu.Htm

      Des militants de la section nantaise de l’Unef quittent le syndicat étudiant. En désaccord avec les orientations nationales, ils créent leur propre structure.

      Ça couvait depuis plusieurs mois. Des militants de l’Unef Nantes ont décidé de quitter le syndicat étudiant. Parmi eux, Régis Hémon, président durant cette année universitaire, Xavier Bourdon, élu au Crous, Julie Broussaudier, élue au Cevu (Conseil des études et de la vie universitaire), Nicolas Ribeiro, Aurélien Chauvet... Au total, ils sont une trentaine de militants à partir. Tous, très investis. Et tous, déçus. « On a pris cette décision suite au congrès local. Nous n’étions pas d’accord avec les orientations de la direction nationale. Il y a eu de grosses tensions. » Dès lors, l’équipe nantaise a pris ses distances. Aujourd’hui, elle coupe les ponts.
      « Le syndicat est en décalage par rapport aux attentes des étudiants », estiment les Nantais. Ils reprochent « un soutien timide lors de la mobilisation contre la LRU en 2007 et une absence de prise de décision sur les questions étudiantes lors du mouvement de 2009. » Pas de bataille non plus lors de la suppression de l’allocation étudiante, ni contre les masters d’enseignements... Dénoncés aussi, le manque de démocratie, les combats internes, l’absence de renouvellement des idées...
      Bref, les militants nantais ne s’y retrouvent plus. Pas question pour autant d’abandonner la défense des droits étudiants. Les « dissidents » continuent de mener « le programme sur lequel nous avons été élus, sous l’étiquette Unef. » Ils restent en effet dans les différents conseils universitaires jusqu’aux prochaines élections, en mars. Et dès la rentrée, ils vont constituer une nouvelle structure. « Pas une Unef bis, précise Xavier Bourdon. Mais quelque chose de plus large, dans la recherche de l’unité la plus forte possible. »
      Côté Unef nationale, le président Jean-Baptiste Prévost, dit ne pas avoir été informé de cette rupture. « La section nantaise est très dynamique. Si des militants partent, je le regrette ». Quant au reproche de manque de démocratie interne : « L’Unef est un syndicat qui fait cohabiter des étudiants aux opinions très divergentes, répond-il. On est efficace dans la défence des étudiants. Et ils nous témoignent toujours leur confiance. Les derniers résultats électoraux nous le montrent. »

  • A Grenoble, les ex-tuud + des non encartés ont remonté la FSE...

    • Ces dernières années, les étudiants se sont battus à plusieurs reprises contre les « réformes » gouvernementales : contre le CPE au printemps 2006, contre la loi LRU fin 2007, contre les décrets Pécresse et la LRU depuis le 2 février 2009… Au-delà de leur force inégale, ces mouvements ont des points communs qui ont forgé une véritable génération militante à l’Université :

      Forte auto-organisation, reposant sur des AG souveraines et les Coordinations nationales hebdomadaires de leurs délégués élus, mandatés et révocables ; cela a conduit systématiquement au retrait, voire à la marginalisation de l’UNEF, organisation conciliatrice, voire collaboratrice ;
      Plate-forme revendicative large, intégrant la dimension interprofessionnelle, due à la conscience du caractère cohérent des différentes réformes gouvernementales dictées par le patronat ;
      Grève reconductible et blocage des universités, s’accompagnant de manifestations, d’occupations et d’un foisonnement d’actions inventives et radicales ;
      Tentatives de jonction avec les travailleurs en lutte, en vue de la convergence, voire de la grève générale ;
      Appropriation collective des questions politiques, réflexion sur des projets alternatifs au système capitaliste déshumanisant, apprentissage de la solidarité active et de nouvelles formes de vie en commun au cœur de la lutte.
      Quel que soit le résultat revendicatif immédiat du mouvement en cours, il est crucial pour l’avenir que ces acquis ne se perdent pas, qu’ils ne soient pas dévorés par la routine et la logique atomisante du système. C’est pourquoi nous appelons toutes et tous les étudiants qui ont participé à la lutte à rester groupés, en construisant maintenant une organisation nationale vivante et démocratique, un grand syndicat étudiant de lutte.

      Celui-ci serait utile aux prochains mouvements dans les universités comme aux besoins et aux combats quotidiens des étudiants, il apporterait un soutien actif aux luttes en cours et à venir des travailleurs et il aiderait plus généralement à l’émergence d’une alternative à la logique capitaliste. Sa première base pourrait aisément être les revendications des Coordinations nationales, le soutien intégral à la méthode de la grève reconductible et du blocage, la convergence des luttes, ainsi que tous autres revendications et projets qui naîtraient de la discussion au sein de la nouvelle organisation.

      Il existe certes déjà des organisations qui ont joué (quelles que soient par ailleurs leurs différences et leurs limites) un rôle particulièrement utile au cours de la lutte actuelle comme des précédentes — prouvant à leur petite échelle l’importance de syndicats étudiants de lutte : SUD-Étudiant, FSE, CNT, structures locales de lutte, ainsi que certains militants combatifs de l’UNEF… Mais leur incapacité à se construire de façon significative à l’issue des mouvements précédents prouve qu’elles manquent toutes d’attractivité, en raison même de leur faiblesse : après un mouvement (et cela risque d’être encore plus vrai si nous subissons aujourd’hui une seconde défaite, après celle de fin 2007), la plupart des étudiants mobilisés se découragent en constatant qu’il n’y a que de petites organisations divisées, voire sectaires, en tout cas globalement impuissantes.

      C’est d’ailleurs pour cela que SUD-Étudiant et la FSE ont eux-mêmes ressenti à plusieurs reprises le besoin d’ouvrir des discussions en vue de leur fusion, même si cela n’a pas abouti jusqu’à présent, car chacune a exagéré les différences et cru pouvoir se construire toute seule — en vain. Le projet d’une grande organisation nationale de lutte qui naîtrait du mouvement inclurait de façon décisive la fusion entre tous les actuels syndicats de lutte (et avec les militants combatifs qui décideraient de rompre avec l’UNEF). Nous les appelons à s’engager résolument dans cette voie en repoussant toute logique de chapelle et en dépassant leurs différences, qui ne sont certes pas négligeables, mais secondaires eu égard aux besoins de notre avenir commun dans la lutte.

      Concrètement, nous proposons immédiatement :

      La discussion et la reprise de la présente motion dans les AG (dans des réunions d’étudiants mobilisés là où il n’y a plus d’AG) et dans les syndicats de lutte, de la base au sommet ;
      L’adoption de ces propositions par une Coordination nationale réunissant les délégués mandatés par les AG ; selon l’évolution du mouvement et le rythme des discussions en AG, il pourra s’agir d’un point particulier de l’ordre du jour d’une Coordination nationale étudiante habituelle, d’une Coordination nationale étudiante organisée à la fin d’une Coordination nationale universitaire ou d’une CNE spéciale ;
      Des rencontres rapides à tous les niveaux entre les syndicats étudiants de lutte, à commencer par SUD-Étudiant et la FSE, pour reprendre et faire aboutir la discussion sur les conditions de la fusion. La meilleure méthode semble être de recenser l’ensemble des points qui font réellement divergence (notamment la discussion sur l’état actuel du mouvement syndical des salariés et la façon de se lier à lui) et de reporter leur discussion au premier congrès ordinaire de la future organisation, qui sera préparé de façon intégralement démocratique et pourra trancher.

    • Cher "sudiste de base" (puisque je suppose que c’est toi qui a envoyé les dernier message au vu des autres post qui trainent et du numéro IP), je ne pense pas que ce soit en "dégainant" un texte tout fait que l’on convaincra un certain nombre de militants syndicalistes sincères qui s’interrogent sur la pertinence de leur militantisme à l’Unef de s’investir dans la construction d’une alternative syndicale.

      Ce n’est pas un ralliement inconditionnel qui doit leur être demandé, mais plutôt leur donner les moyens d’être partie prenante, au même titre que d’autres. Ce qui implique de sortir de l’Unef, d’un côté, il est vrai ; mais aussi, de la part des acteurs actuels du processus d’unification du "syndicalisme de lutte", de sortir d’une logique de tête-à-tête stérile entre deux organisations...

  • Texte ancien, mais qui peut rejoindre les bonnes volontés d’aujourd’hui :

    Appel pour l’unité syndicale