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Un article lu sur rue89.
– http://www.rue89.com/2008/05/29/pre.... _ A diffuser largement
Pressions sur une directrice d’école interviewée sur Rue89
Par CHLOÉ LEPRINCE | Rue89 | 29/05/2008 | 00H41
L’inspecteur d’académie à Paris a-t-il menacé de démettre une directice d’école de ses fonctions parce qu’elle avait parlé à Rue89 ? Mercredi soir, Edouard Rosselet démentait. Or c’est pourtant ce que rapportent plusieurs témoins d’un entretien qui s’est déroulé mardi après-midi dans les bureaux du représentant du ministère dans la capitale.
Syndicalistes enseignants ou parents d’élèves, sept personnes était en effet étaient reçues ce jour-là en délégation par l’inspecteur d’académie pour se plaindre, justement, des pressions rapportées par plusieurs enseignants parisiens, et notamment des directeurs d’école.
Un manquement à quel devoir de réserve ?
Ces témoins affirment donc que l’inspecteur d’académie de Paris a accusé, mardi, Danièle de Chambrun d’avoir "manqué à son devoir de réserve" en critiquant, face caméra sur Rue89, la réforme Darcos. Pour eux, cette histoire est emblématique des menaces de leur hiérarchie qui pèsent de plus en plus sur les enseignants.
Cet interview, réalisé vendredi à l’école Binet A, dans le nord de Paris, trouvait sa place dans la couverture que Rue89 fait du mouvement enseignant : le primaire a en effet emboîté le pas au secondaire depuis une quinzaine de jours. A Paris, une dizaine d’écoles participent à un mouvement de grève tournant, pour protester contre les réformes des programmes, la suppression du samedi matin ou encore les stages de rattrapage annoncés par Xavier Darcos.
La directrice d’école, marquée par son échange téléphonique avec Edouard Rosselet sur son portable lundi après-midi, ne souhaite plus parler à la presse. Enseignante depuis 1982 et syndiquée depuis trente ans, elle a toutefois aussitôt contacté les syndicats, dans la journée de lundi. Notamment le SNUIPP, auquel elle adhère.
Depuis lors, les syndicats se sont emparés de l’affaire et croisent le fer avec Edouard Rosselet. Nicolas Wallet, représentant SNUIPP pour Paris, affirme ainsi :
"L’inspecteur d’académie lui a explicitement reproché d’avoir manqué à son devoir de réserve. Edouard Rosselet lui a bien signifié que c’est lui qui avait pouvoir de nommination… et de démission pour ce qui est des fonctions de direction d’école. Danièle de Chambrun a été très choquée car elle tient à rester directrice."
Une version validée par les parents d’élèves qui participaient à la réunion qui s’est tenue mardi, dans les bureaux d’Edouard Rosselet. Bernard Dubois, vice-président FCPE pour Paris, enfonce ainsi le clou :
"C’est en début de réunion que l’inspecteur d’académie à mentionné ce cas, en précisant effectivement qu’elle avait manqué à son devoir de réserve parce qu’elle avait répondu à des journalistes."
Or, ce que les responsables syndicaux dans la capitale rappellent depuis que l’affaire s’est ébruitée, c’est qu’il n’existe pas de devoir de réserve en tant que tel pour les enseignants. Une réalité méconnue du grand public, mais aussi de certains profs eux-mêmes, qui sont nombreux à craindre des sanctions. C’est d’ailleurs ce qu’on constate à la lecture de nombreuses réactions sur Rue89 de la part de riverains enseignants.
Pourtant, les syndicats sont formels : un prof gréviste qui s’exprime devant la presse, comme Danièle de Chambrun l’a fait sur Rue89 vendredi dernier, ne franchit aucune ligne jaune. Au SNUIPP, Nicolas Wallet estime qu’en invoquant une violation d’un devoir de réserve qui n’existe pas, l’inspecteur d’académie a trouvé un nouveau moyen de pression, en particulier sur les directeurs d’école :
"Il n’y a pas de devoir de réserve pour les enseignants, qu’ils soient directeurs ou enseignants de base, dans la mesure où un directeur d’école primaire, contrairement à ce qui existe dans le secondaire, ne change pas de statut.
"Ce qui ne va pas, on n’en parle pas chez le commerçant du coin…"
Joint mercredi soir par Rue89, Edouard Rousselet a accepté de nous répondre. Cependant, il balaye maintenant la question du devoir de réserve, soutenant en dépit de tous les témoignages, n’en avoir "jamais parlé" :
Visiblement agacé par cette médiatisation, il continue toutefois à reprocher à la directrice de l’école Binet A de s’être adressée à la caméra :
"Quand quelque chose ne va pas dans une administration, hé bien on n’en parle pas chez le commerçant du coin…"
Un peu plus loin dans la conversation, Edouard Rosselet en appelle ensuite au "devoir de discrétion". Cet impératif de discrétion existe bel et bien pour les enseignants. Toutefois, les syndicats en font une toute autre lecture, comme l’explique Nicolas Wallet, au SNUIPP :
"Il y a une obligation de discrétion, mais elle concerne tout à fait autre chose, c’est à dire l’interdiction de rendre publiques des informations confidentielles relevant de la sphère privée, comme les résultats d’un élève, ou sa situation familiale, par exemple. En aucun cas une prise de position politique sur une réforme en beau milieu d’un mouvement de grève ne tombe sous le coup de l’obligation de discrétion."
Retour vers Edouard Rosselet, l’inspecteur d’académie, qui livre la même définition de l’impératif de discrétion… mais pour mieux se l’appliquer à lui-même :
"Madame, excusez-moi, mais je ne vais pas mettre sur la place publique le fonctionnement interne de l’Education nationale et je ne vais sûrement pas jeter en pâture au public des questions concernant un fonctionnaire de l’Education nationale, un fonctionnaire d’Etat, qui ont à se régler à l’interne de l’Education nationale."
Puisqu’Edouard Rosselet assure ne plus mettre en cause un quelconque "devoir de réserve", Danièle de Chambrun a-t-elle bafoué ce devoir de discrétion professionnelle, argument que l’inspecteur d’académie invoquait quelques secondes plus tôt ?
Dans l’article qui a suscité la colère de l’inspecteur d’académie, Rue89 précisait bien, en outre, que Danièle de Chambrun est affiliée au SNUIPP. Or, pour plusieurs syndicats enseignants contactés depuis le début de l’affaire, "cette protection coupe court à toutes les menaces dans la mesure où cette enseignante s’exprimait dans le cadre de son activité syndicale". C’est ce que précise aussi Bernard Lempereur, pour le SNUDI-FO :
"Effectivement, en tant qu’inspecteur d’académie, il a le pouvoir de lui retirer ses fonctions de direction mais il va avoir du mal à lui chercher des poux car l’intersyndicale est mobilisée et elle s’exprime en tant que syndiquée gréviste."
D’autres enseignants qui s’expriment publiquement rappelés à l’ordre
Mercredi soir, Edouard Rousselet annonçait à Rue89 qu’il en "prenait acte" et reconnaissait que Danièle de Chambrun pouvait bien s’exprimer en qualité de représentante SNUIPP. Pourtant, les syndicats soulignent que les pressions ressenties par les enseignants, et notamment les directeurs d’école, dépassent, de loin, le cas de Danièle de Chambrun et son école Binet A.
Par exemple les rappels à l’ordre pour les enseignants qui se sont exprimés publiquement sur le traitement des enfants de sans-papiers. Valérie Boukobza, directrice de l’école Rampal, avait ainsi écopé d’un sévère rappel à l’ordre après sa garde à vue pour s’être opposée à l’arrestation à Belleville du grand-père chinois, affaire devenue très médiatique.
Plus récemment, des directeurs d’école se plaignent aussi de pressions du rectorat dans le cadre des dernières grèves, pour lesquelles l’inspecteur d’académie leur a demandé de faire remonter le nom des non grévistes. Sollicité mercredi par Rue89, le cabinet de Xavier Darcos n’a pas souhaité prendre position, renvoyant sur les services d’Edouard Rosselet, "le représentant du ministère à Paris".
Les documents audio sont disponibles sur le site de rue 89
Messages
1. Pressions sur une directrice d’école , 29 mai 2008, 10:29
Darcos, des fois, il voudrait pas créer aussi un "Ordre des enseignants" ???? comme la tentative pour les infirmières ????
C’est Rosselet qui devrait être démis de ses fonctions pour mensonge. Un coup il affirme que..., un coup il dément ! C’est une "faute grave" qui mérite une sanction !
2. Pressions sur une directrice d’école , 29 mai 2008, 10:32, par lap
On peut écrire à ce Monsieur pour lui dire notre manière de penser et lui rappeler que le droit de penser prévaut sur le pseudo droit de réserve !
Les Inspecteurs d’Académie, Directeurs des Services Départementaux de l’Education Nationale, sont nommés par le ministre. Ils agissent sous l’autorité du Recteur et du Directeur.
Parmi les attributions de l’inspecteur d’académie chargé du premier degré figurent la répartition des emplois d’instituteurs, la gestion des maîtres, le contrôle général des écoles… Il est assisté
dans sa mission par un adjoint.
Inspecteur d’académie chargé du premier degré
Edouard ROSSELET
Tél : 01 44 62 40 25
Fax : 01 44 62 40 38
Mél : ce.ia1@ac-paris.fr
94, avenue Gambetta – 75020 Paris
Inspecteur d’académie Adjointe
Josette QUENARDEL
Tél : 01 44 62 40 26
Fax : 01 44 62 40 38
Mél : ce.iccadjia1@ac-paris.fr
94, avenue Gambetta – 75020 Paris
1. Pressions sur une directrice d’école , 29 mai 2008, 10:40, par anouchka
Je viens de lui envoyer un petit mail
je vous enjoins à faire de même !
Monsieur l’inspecteur d’Académie
Une nouvelle parvient, selon laquelle vous intimideriez les agents du service public de l’éducation nationale.
(article paru dans "rue89")
Pouvez-vous démentir cette fâcheuse accusation ?
Ne croyez vous pas que le droit de penser est plus fort que le pseudo droit de réserve dont vous auriez parlé devant témoin ?
Le libre arbitre n’est il pas ce qui nous différencie des animaux ?
Veuillez agréer, Monsieur l’Inspecteur, l’expression de mes sentiments respectueux.
3. Pressions sur une directrice d’école , 29 mai 2008, 13:18, par enzo77
une personne en grève a son contrat suspendue et a le droit de s’exprimer "publiquement" sur une décision rendue "publique" par l’éducation national.
il n’y a pas de devoir de réserve qui entre en jeu dans ce cas.
repression quand tu nous tiens !
4. Pressions sur une directrice d’école , 29 mai 2008, 14:13, par LE BRIS RENE
L’ETAT N’EST PAS NEUTRE !
Les enseignants sont sans doute depuis 20 ans les derniers à
connaître les "réformes" qui visent à démanteler tous les services
publics pour s’inscrire dans une logique de privatisation.
Nous à la Poste, cela allait commencer avec le rapport PREVOST.
Puis QUILES allait transformer totalement ce qui était la plus grande
entreprise publique d’Europe, avec une multitude de métiers, avec
des fonctionnaires motivés et disponibles pour les usagers !
Mais nous aussi, on a connu les CRS et les gardes mobiles !
Un Chef de centre ( de tri de Caen, Mr BLANCHET ) a été muté car
il refusait des consignes anti-grèves de sa direction dont les principaux
responsables étaient très amis avec le ministre MEXANDEAU !
Donc quand L’ETAT CAPITALISTE, quelques soient leurs gestionnaires,
décident de mettre ses services en ordre de marche capitaliste, tous les
moyens sont utilisés. Ils n’ont peut-être pas des caisses noires comme
le MEDEF mais manient très bien les carottes pour faire les mêmes
syndicalistes friands du stylo, et quand cela va pas ce sont les matraques
et la justice de classe, la répression syndicale !
Et là, difficultés à rester dans un cadre local.
C’est dire si le rapport de forces au niveau national est important !
Alors courage aux enseignants en lutte ! nous sommes avec vous !
1. Pressions sur une directrice d’école , 29 mai 2008, 23:26, par Ti Parisien
Aux dernières nouvelles la sanction est la suivante :
suppression d’une classe d’élémentaire et création d’une petite section de maternelle ; suppression du poste PVP Education Physique et Sportive (en raison de la classe d’elementaire en moins, les maternelles n’ayant pas de PVP EPS).
5. Pressions sur une directrice d’école , 29 mai 2008, 23:16, par louise michel
Peut-être que ce Monsieur qui doit sa nomination au Ministre se sent son obligé
Il faudrait lui rappeler que nous ne sommes plus sous Pétain et que depuis quelques années nous fonctionnaires sommes aussi des citoyens, et surtout pas des sujets même si l’Inspecteur d’Académie et son adjointe se sentent sujets et pas citoyens !
1. Pressions sur une directrice d’école , 30 mai 2008, 09:39
un "devoir de reserve" ?
mais il confond l’école avec l’armée ?!