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Prison ferme pour les responsables d’une société qui recrutait des sans-papiers
Publie le mercredi 17 septembre 2008 par Open-PublishingLa filière pakistanaise
Sud-ouest:17.09.2008
« Un réseau très organisé », affirme le procureur, Anne-Cécile Dumonteil. Avec ses donneurs d’ordre, ses recruteurs, ses hommes de main. Et ses victimes. Le 14 juillet 2006, un sans-papiers indien était découvert sur un chantier de Bordeaux, les poignets brisés et le visage en sang. Il racontait avoir été tabassé par quatre hommes parce qu’il voulait être payé.
Son témoignage allait permettre de démanteler ce que l’accusation présente comme une véritable filière de travail clandestin, recourant principalement à des étrangers en situation irrégulière de nationalités indienne et pakistanaise. Les hommes étaient recrutés à Paris, puis envoyés en Gironde pour travailler sur des chantiers en sous-traitance pour de grands groupes du bâtiment.
Un « homme de main ». Deux ans plus tard, ils sont six, tous Pakistanais, devant la 4e chambre correctionnelle du tribunal de Bordeaux, présidée par Christian Coste. Le personnage central s’appelle Iqbal Muhammad, 35 ans. C’est lui qui réceptionnait les clandestins à la gare Saint-Jean, leur fournissait de faux titres de séjour, les logeait à six dans deux petits studios loués à Bordeaux et Pessac et les emmenait au travail chaque matin. C’est lui aussi qui est accusé, avec trois autres prévenus, d’avoir rossé le sans-papiers indien. Ce qu’ils nient, évoquant… un « accident du travail ».
Homme de main, Iqbal, mais pas plus. Les patrons, dit-il, sont deux Parisiens, Muhammad Afzal, 41 ans, et Hayat Sikander, 42 ans. Ils tiennent un commerce de peinture en gros à l’enseigne Peintures d’Europe et sont également associés au sein de la société FDB qui emploie les clandestins. Les deux hommes nient eux aussi tout en bloc. Iqbal les charge pour mieux se dédouaner, disent-ils, ils le connaissent à peine, il doit s’agir d’une homonymie : « Des Afzal, il y en a beaucoup, Monsieur le président ».
Des dénégations qui n’ont pas convaincu le tribunal. Il a condamné Afzal à 9 mois de prison avec sursis et 6 000 euros d’amende ; Sikander à 6 mois ferme, 10 000 euros d’amende et d’une interdiction professionnelle dans le bâtiment pendant 5 ans ; et Iqbal Muhammad à 6 mois ferme et 2 000 euros d’amende. Tous trois devront également verser 1 500 euros à l’Urssaf de la Gironde.
Le tribunal, en revanche, n’a pas retenu les violences aggravées reprochées à quatre des six prévenus. Sans doute l’absence de la victime, qui ne s’est pas constituée partie civile, explique en partie cette relaxe